Le quartier dionysien fête ses 50 ans les 24, 25 et 26 octobre

Saint-Denis - "La Source, c'était comme une famille"

  • Publié le 23 octobre 2014 à 05:00

À partir de ce vendredi 24 et jusqu'à ce dimanche 26 octobre 2014, le quartier de la Source, à Saint-Denis, célèbre ses 50 ans. Un demi-siècle ayant totalement bouleversé le paysage urbain mais aussi le mode de vie de la population, immeubles et maisons ayant remplacé au fil des ans bidonvilles et cases en tôle. Pour les habitants, ces journées de fête seront notamment l'occasion de se souvenir, parfois avec nostalgie, de la vie lontan. À l'image de Gilda, 60 ans, pour qui " la Source, c'était comme une famille..." De nombreuses animations seront organisées autour de l'avenue Hubert-Delisle, où des stands et un podium seront installés. (En photo, la construction du quartier de la Source en 1963 - Photo Jean Colbe)

C’était les années 1960. Michel Debré était élu député pour la première fois, on construisait le barrage de Takamaka, les premiers enfants réunionnais allaient être envoyés en métropole pour "repeupler" la Creuse. L’île comptait un peu plus de 350 000 habitants et entrait dans une phase d’urbanisation rapide.

Dans les faubourgs du chef-lieu dionysien, comme dans le quartier de la Source, on a vu pousser les grues et défiler les camions, avant de voir fleurir les immeubles. Des habitations en dur accompagnées de l’eau courante et de l’électricité qui allaient révolutionner la vie des habitants. Ces 24, 25 et 26 octobre 2014, autour des stands installés pour fêter les 50 ans du quartier, ils seront quelques-uns à témoigner auprès des plus jeunes générations de cette naissance d’un nouvel ensemble urbain et des bouleversements qu’elle a entraînés.

"Avant, il y avait une petite source, qui a donné son nom au quartier. Il y avait une petite ravine, avec une petite rivière dans laquelle les enfants se baignaient. Il n’y avait que des cases en tôles, des bidonvilles", se souvient Gilda, qui a grandi et passé toute sa vie ici. "Et puis tout ça a disparu. Il y a eu beaucoup de constructions, des immeubles partout", témoigne-t-elle.

"Les gens ont oublié la vie lontan..."

Avec le nouvel habitat urbain, c’est la modernité qui a envahi le quartier de la Source. "On n’avait pas d’eau courante, pas d’électricité, pas de toilettes. Il y avait des cabinets au fond de la cour, que les détenus venaient vider. Quand on a quitté les bidonvilles pour habiter dans une maison en dur, on a eu des toilettes avec une chaîne pour tirer la chasse d’eau !", raconte Gilda, qui a découvert la baignoire – "avant on se baignait dans une cuvette d’eau" –, mais surtout la lumière : "On passait des heures à jouer avec l’interrupteur : tic-tac, tic-tac..."

Pour la sexagénaire, c’était une "révolution", mais aussi la disparition d’un certain mode de vie traditionnel. "On mangeait le risofé au petit déjeuner, on avait de la graisse saindoux sur du pain rassis. Quand j’étais petite, je ne connaissais pas les pommes, les oranges, le raisin, ni même les yaourts !", confie-t-elle. Malgré le confort du monde moderne, la nostalgie n’est pas très loin. "La Source, c’était comme une famille. Tout le monde habitait dans les bidonvilles, il y avait une façon de vivre. S’il vous manquait une ou deux tomates, ou un peu d’huile, vous alliez chez le voisin. On s’échangeait des bols de kari. Aujourd’hui c’est fini, les gens ont changé, ils ont oublié la vie lontan...", glisse Gilda avec une pointe de regret.

La "famille" de la Source s’est peu à peu dissolue dans le monde moderne, mais l’esprit de quartier n’a pas totalement disparu. Avec l’urbanisation est venue l’individualisation, mais aussi la construction de nouveaux équipements collectifs, de davantage d’écoles. C’est toute cette évolution qui sera retracée ce week-end lors d’expositions, d’animations culturelles, de rencontres et d’échanges. Il ne s’agira pas uniquement de garder les yeux tournés vers le passé, puisque le thème de ces trois jours de fête est : "la Source, lontan, zordi ek domin". L’objectif sera bel et bien de "tisser, renforcer les liens entre les habitants en commémorant le passé, en célébrant le présent et en se projetant vers l’avenir..."

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