Enquête Insee sur les déplacements domicile-travail

Transports et environnement : le grand défi de La Réunion

  • Publié le 16 décembre 2014 à 11:43

Des Réunionnais habitant de plus en plus loin de leur lieu de travail, des transports en commun très peu utilisés car peu adaptés, un réseau routier engorgé aux heures de pointe... L'enquête de l'Insee consacrée aux déplacements domicile-travail sur l'île, publiée ce mardi 16 décembre 2014, dresse un constat sans appel : "l'allongement des trajets et l'augmentation du nombre d'actifs occupés représentent un défi majeur pour le développement durable des transports à La Réunion". À l'heure de la mise en route du pré-chantier de la nouvelle route du Littoral et de la mise en place du nouveau réseau Cars jaunes, l'Insee souligne que les déplacements domicile-travail génèrent l'émission d'une tonne de CO2 par personne et par an.

Au 1er janvier 2011, 240 000 personnes travaillaient à La Réunion, soit 94 000 personnes de plus qu’en 1990 et 4 500 personnes supplémentaires à emprunter chaque année le réseau routier, relève l’Insee, souignant également que les Réunionnais se déplacent de plus en plus loin pour aller travailler.

Des transports en commun désertés

Seulement 5 % des Réunionnais empruntent les transports en commun pour aller au travail. Cette part reste stable depuis 1999 mais est trois fois plus faible qu’en métropole (15 %). Néanmoins le nombre de personnes utilisant les transports en commun progresse chaque année (+ 300 personnes) mais beaucoup moins que le nombre d’automobilistes (+ 5 600). La part de l’automobile augmente ainsi entre 1999 et 2011, passant de 72 % à 78 %.

Malgré le développement des réseaux, les transports en commun ne semblent pas répondre aux exigences de fréquence, de régularité ou de correspondances, notamment pour les personnes qui travaillent loin de leur domicile.

Quatre bassins d’emploi

Parmi les 240 000 travailleurs de La Réunion en 2011, 70 % travaillent dans quatre bassins d’emplois : 30 % à Saint-Denis/Sainte-Marie, 18 % à Saint-Pierre/Saint-Louis, 11 % à Saint-Paul et 11 % au Port/La Possession. La part des travailleurs qui résident à l’extérieur de leur bassin d’emploi a fortement augmenté au cours des vingt dernières années, variant de 26 % à 47 % selon les bassins. Cet allongement des distances parcourues entre le domicile et le lieu de travail résulte de la périurbanisation et du développement au cours du temps du réseau routier.

La Rivière des Galets, passage le plus fréquenté

Les déplacements entre le domicile et le travail sont concentrés sur des plages horaires limitées et contribuent à l’engorgement du réseau routier. Le trafic est particulièrement intense entre Saint-Paul et Sainte-Suzanne.

Le secteur le plus fréquenté est le passage de la Rivière des Galets dans le sens Saint-Paul - Le Port (14 200 automobilistes quotidiens dans ce sens le matin). Les entrées de Saint-Denis sont également des points névralgiques du réseau routier. L’entrée Est de Saint-Denis est le deuxième secteur routier traversé par le plus grand nombre de travailleurs en voiture chaque jour (13 000 automobilistes). Il dépasse désormais les flux provenant de l’Ouest (9 500 automobilistes).

25 km parcourus chaque jour en moyenne

Les travailleurs qui se déplacent en voiture, transports en commun ou deux-roues parcourent en moyenne 25,3 km chaque jour pour leur trajet domicile-travail. En cumulant ces distances, 5 100 000 km, soit 127 fois le tour de la Terre, sont parcourus chaque jour à La Réunion. Ces véhicules rejettent environ 860 tonnes de CO2 dans l’atmosphère pour ces déplacements, sur la base d’une émission moyenne de 170 grammes par kilomètre.

Chaque personne se rendant au travail avec un véhicule motorisé émet en moyenne une tonne de CO2 par an. C’est plus que la moyenne des autres régions françaises hors île de France (0,7 tonne). En effet, la distance moyenne parcourue par personne est plus longue à La Réunion (25 km contre 20 km en France métropolitaine hors Île-de-France) et l’utilisation des transports en commun est moins fréquente.

Un parc automobile vieillissant

Au 1er janvier 2014, le parc de véhicules particuliers de moins de 15 ans est évalué à 336 000 automobiles à La Réunion. Il est stable depuis 2010, mais il vieillit. En 2014, les véhicules récents, de moins de 6 ans, réputés moins polluants ne représentent plus que 31 % du parc contre 36 % en 2010. Parallèlement, les véhicules sont un peu plus puissants. Le nombre de véhicules diesel augmente de 4,2 % entre 2010. L’évolution du parc automobile est ainsi défavorable au regard des objectifs de durabilité, en matière de consommation et de pollution. Néanmoins les voitures hybrides apparaissent progressivement dans le paysage automobile réunionnais.

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4 Commentaires
Run59
Run59
9 ans

Il est temps qu'on en parle.
Trop de voiture à La Réunion, en générale, 2 par famille.
Les transports en commun doit être développés et adaptés, si on ne veut pas que l'ile ressemble à certaines agglomérations de la Métropole.
Créer des routes ne résoudra le problème.

Express
Express
9 ans

Et que penser du système ATER de tunnel ferroviaire en Anneau pour un Transport Express Régional... Pérenne, sûr, stable, distribué... un projet centennial de structuration des transports dans notre île.

Rio
Rio
9 ans

Ce rapport montre que les réunionnais utilisent peu les transports en commun car peu adaptés. A quand la reprise du débat sur d'autres modes de déplacements (Tram-train ?). Un changement profond des habitudes doit aussi être opéré.

Ru DO
Ru DO
9 ans

Je vous félicite pour ce papier, il était temps qu'un organe de presse s'attarde sur ce problème épineux. il serait interessant d'écrire un papier détaillé sur les projets d'infrasctrutures routières réalisées et à réaliser, qui a eu les marchés, quels ont été les problemes rencontrés ? les sommes ? quelles sont les contraites de construction concernant les infrastrutures routières à la Réunion.... etc, etc... Pourquoi ne pas faire appel à des groupes de construction internationaux pour des propositions ?