Le Premier ministre arrive ce jeudi à La Réunion

Ce qu'ils attendent de Manuel Valls

  • Publié le 11 juin 2015 à 05:00

Manuel Valls arrive à La Réunion ce jeudi 11 juin 2015. Le Premier ministre - accompagné de la ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem (qui arrivera vendredi), du ministre de la Ville, de la jeunesse et des sports, Patrick Kanner, et de la ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin - passera deux jours dans le département. Au programme : environnement, jeunesse, emploi, éducation, formation, logement, tourisme... Des thèmes qui seront particulièrement suivis par les acteurs concernés. Ils expliquent ce qu'ils attendent du chef du gouvernement.

Ibrahim Patel, président de la chambre de commerce et d'industrie :

J'attends - comme toute personnalité du gouvernement qui vient à La Réunion - des bonnes nouvelles. Je voudrais dire au premier ministre que La Réunion est dans une crise économique sans précédent. Les réformes qui ont été faites, malheureusement, ne vont pas dans le sens du pouvoir d'achat ou de l'économie. La chambre de commerce a été ponctionnée de 3,2 millions d'euros, les collectivités ont également été touchées. Je sais qu'il faut participer à un effort national, mais La Réunion est touchée par un taux de chômage de 30 %, l'un des plus importants de France. Aujourd'hui, nous attendons du concret concernant l'emploi et l'activité économique. Il faut faire des chefs d'entreprise un partenaire et non pas un ennemi. Donnons-nous les conditions pour créer de l'activité, notamment en baissant les charges sociales.

Jean-Bernard Gonthier, président de la chambre d'agriculture :

Nous attendons une confirmation sur la filière canne. Nous voulons un pérenisation de la canne à sucre à La Réunion à travers une convention et une revalorisation de la recette bagasse. Nous demandons le maintien de la Lodeom (ndlr : Loi pour le développement économique des outre-mer qui arrive à terme en 2017) et des aides reçues par le monde agricole à La Réunion. La canne est la culture d'avenir. Quand on regarde notre économie agricole, nous voyons que la marge pour produire autre chose est très petite puisque nous avons encore 25 000 hectares de canne à sucre et 6 000 hectares de friches. Il nous manque 4 000 hectares pour arriver à l'autosuffisance alimentaire. Donc la canne est encore notre pilier et doit le rester. Et je suis plutôt optimiste. La canne à sucre va rester la première économie de l'île.

Max Banon, secrétaire général de la CGTR Sud :

Ce qu'on attend, c'est d'être reçus. On prendrait mal qu'il vienne à La Réunion sans recevoir les syndicats. S'il vient, ce n'est pas la peine de dire qu'il prenne le pouls. La situation de l'île est connue de tous. Le problème numéro 1 de La Réunion, c'est : l'emploi, le salaire, le pouvoir d'achat. M. Hollande, aux Antilles, a mis en avant le principe de l'égalité réelle. On attend de Manuel Valls qu'il nous dise ce qu'il entend par l'égalité réelle. Par exemple, dans les services publics, cela se traduirait par un rattrapage des effectifs. On attend de lui du concret. Il faut arrêter de dire qu'on fait le point, qu'on crée un groupe de travail ou qu'on organise une conférence. Le système économique et social de La Réunion arrive à bout de souffle. Il faut remettre tout ça à plat et redessiner un projet réunionnais.

Patrick Serveaux, président de l'Île de La Réunion Tourisme :


Le secteur du tourisme est porté par le privé. Nous attendons par exemple que les professionnels du secteur des loisins soient éligibles aux zones franches. Ils devraient bénéficier d'exonérations de charges sociales patronales dans le cadre de la Lodeom. Concernant le foncier stratégique, nous sommes sur une petite île avec peu de surfaces en bord de mer accessibles. Nous demandons à l'Etat de libérer certaines de ses propriétés pour que le secteur puisse bénéficier d'une dizaine d'hectares dits "stratégiques." Concernant les visas, on a fait un grand pas avec les touristes chinois, sud-africains et indiens. On aimerait aller plus loin dans l'application de ces mesures. Un touriste qui arrive à Paris n'a pas besoin de fournir un certificat de réservation d'hôtel. Mais c'est encore obligatoire localement. Il faut continuer d'assouplir ces mesures-là. En matière de défiscalisation, il faut faire en sorte que les dossiers soient traités localement. Puis, nous demandons une plus grande ouverture du ciel à La Réunion. Faut-il se priver d'un hub comme celui de Dubaï ? Il faut certes protéger le pavillon français, mais cela ne nous empêche pas de travailler avec Dubaï qui traite 70 millions de passagers par an. Nous devons nous ouvrir au monde.

Bernard Picardo, président de la chambre des métiers et de l'artisanat :

Nos attentes sont très importantes, notamment sur les charges qui pèsent sur l'ensemble des entreprises de La Réunion. Nous proposons de revoir le modèle économique, afin d'avoir moins de charges pour nos entreprises. Aujourd'hui, on taxe beaucoup le travail. Plus une entreprise se développe, plus elle a de contraintes. Nous demandons un allègement de ces charges, d'autant plus que la priorité du gouvernement est de créer de l'emploi. D'autre part, nous demandons une simplification règlementaires. De plus en plus de dispositifs pèsent sur nos entreprises et ne facilitent pas le management. On n'a pas le temps de mettre un dispositif en place qu'un autre arrive. C'est pas évident pour les chefs d'entreprises qui ont comme priorité l'activité.

Dominique Vienne, président de la confédération générale des PME :

Je forme le voeu que le premier ministre arrive avec une compréhension des enjeux de La Réunion qui sont tout à fait différents des régions métropolitaines. Autour de nous, nous avons de l'eau, et non pas des régions. Nous sommes dans un environnement international. Manuel Valls doit comprendre que notre insularité et notre situation géographique nous donnent des atouts qui sortent de l'ordinaire avec une jeunesse assez importante. J'attends du premier ministre qu'il donne des mesures spécifiques pour notre territoire. Par exemple, il est nécessaire que le gouvernement réponde de manière géographique à la réforme de la formation professionnelle.

www.ipreunion.com avec RTL Réunion

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