Géraldine poignardée par son ex conjoint sur le parking de Jumbo Score de Sainte-Marie

Thérèse Baillif : ces violences sont "un problème de société"

  • Publié le 22 janvier 2016 à 19:00

Géraldine a été poignardée par son ex-conjoint sur le parking du Jumbo Score de Sainte-Marie ce vendredi 22 janvier 2016. Un nouveau drame une dizaine de jours seulement après le meurtre à côté de Lyon d'Ingrid Gonfo, 22 ans, tuée de 120 coups de couteau par son compagnon. Des événements terribles qui rappellent que la lutte contre les violences faites aux femmes doit être un combat quotidien. Depuis hier soir, sur Radio Freedom, hommes et femmes frappés par leur conjoint(e) sortent de l'ombre pour témoigner de leur détresse et de leur sentiment d'abandon. Pour Thérèse Baillif, présidente du collectif pour l'élimination des violences intrafamiliales, il ne s'agit pas de fait divers mais d'"un problème de société".

Quelle est votre réaction vis-à-vis du drame qui s'est déroulé à Sainte-Marie?

Thérèse Baillif : Je ressens de l'hébétement. Je suis vraiment attristée, ahurie. L’année dernière, nous avions été relativement préservés de ces drames horribles, ce début 2016 m’inquiète. Cela nous rappelle que rien n’est jamais acquis, il faut toujours travailler sur le terrain, prévenir, éduquer, toujours faire un travail de vigilance...

C’est atroce. Attenter à la vie de quelqu’un simplement parce que cette personne vous a quittée… De notre côté, nous continuons à réfléchir, nous essayons de comprendre les tenants et les aboutissants. Comment en arrive-t-on, lorsqu'on est un jeune couple (de 30/40 ans) à détester l’autre au point de lui supprimer la vie? Mais je ne suis pas persuadée qu’il y ait de la détestation, il y a une frustration, un manque terrible.

Ces événements ne sont pas acceptables, pas tolérables. Il faut que nous, associations, soyons encore plus vigilantes, encore plus déterminées.

La femme aurait été percutée en voiture, frappée, poignardée. L'altercation a été d’une rare violence et s'est déroulée dans l’espace pulic, c’est assez rare...

C’est déjà arrivé, des personnes tuées dans la rue, à Saint-Benoît par exemple il y a quelques années. C'est encore plus terrible parce que toutes ces personnes qui ont assisté au drame sont traumatisées.

Souvent, ça se passe dans l’intimité, mais dans le cas présent, ça n'était pas possible puisque la personne n’était plus à portée de l’autre. Alors elle surveille ses sorties etc. L’agresseur entre dans une espèce de folie qui fait qu’il ne réfléchit plus à rien du tout. C'est extrêmement préoccupant parce que personne n’est à l’abri.

Selon vous, pourquoi de tels événements continuent d'alimenter les colonnes des faits-divers?

On ne peut plus utiliser ce terme de fait divers quand arrive un drame de ce genre. Ca va beaucoup plus loin. C’est un fait de société. C’est à force de banaliser justement ces actes qu’il y a ce genre de répétitions. Institutions, médias, associations, citoyens... Nous devons faire attention aux termes que nous employons parce que ça a un impact important.

Une femme assassinée en public par la personne avec qui elle a vécu plusieurs années, avec qui elle a eu des enfants, qu’elle a aimée etc, c’est un problème de société qui est grave, un problème d’éducation, c’est un problème de prévention, de culture, de culte, qui va dans tous les recoins de notre vie. Nous essayons de décortiquer les mécanismes de ce genre de comportements. Mais ce n’est pas un fait divers, c’est un drame.

www.ipreunion.com

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1 Commentaires
Filou
Filou
8 ans

Condoléance à la famille de la victime.
Mme Baillif à raison, c'est un problème d'éducation, tant qu'on laissera nos enfants s'insulter entre eux sans leurs faire comprendre qu'il faut se respecter, accepter les différences de point de vus, de pensée,la différence physique etc., ce genre de drame continuera, car il s’agit bien du non respect de l'autre, du refus d'admettre que l'autre à une vision différente de la notre et qu'elle en a le droit et que nous devons la respecter.
Force est de constater que "l'éducation" à La Réunion se fait encore, beaucoup, dans la violence des cris et des mots, ce schéma se reproduit de génération en génération, comment alors, arriver à ne pas avoir lors d'un conflit une attitude agressive et violente ?