Fondation Abbé Pierre

Mal-logement à La Réunion : "aucune amélioration"

  • Publié le 23 février 2016 à 04:30

L'agence réunionnaise de la Fondation Abbé Pierre a présenté ce lundi 22 février son 21ème rapport sur l'état du mal-logement en France et en particulier à La Réunion. Thierry Hergault, directeur de l'agence régionale, souligne le fort taux de pauvreté sur l'île : 42%. Un chiffre qui complique l'accès au logement, ce qui peut avoir une incidence sur la santé des personnes concernées (Photo d'illustation)

Quel est l’état du mal-logement à la Réunion?

Thierry Hergault : Année après année, le mal-logement ne s’améliore pas du tout. Les chiffres restent difficiles à évaluer mais on estime qu’au moins 70 000 personnes sont concernées de près ou de loin à La Réunion contre 3,8 millions au niveau national.

Quelles sont les difficultés rencontrées?

Avec l'agence régionale de la Fondation, on se penche sur les questions de santé en lien avec l'hébergement. Le problème, c'est lorsque le logement rend malade. Je parle de l’habitat indigne. A La Réunion, 20 à 25 000 cases sont toujours indignes, soit à peu près 60 000 personnes concernées. Il faut traiter le problème de l’humidité. Cela cause des maladies respiratoires, des pathologies liées à l’asthme, aux allergies qui se développent. Les cas d’asthme sont trois fois plus nombreux qu’au niveau national à la Réunion, surtout pour les enfants. Dès qu’on réhabilite une case, il faut pouvoir prendre en compte tout ce qui va être amélioration du confort thermique : les problèmes d’isolation, de toiture, de façade, la ventilation.

A un second niveau, on s’aperçoit qu’à la rue, beaucoup de gens souffrent de problèmes de santé. Il n'est pas évident d’accéder aux soins. Plus le temps passe et plus se cumulent différentes problématiques, à la fois les troubles psychiques et les addictions. En plus, les gens sont dans le déni, ont un peu honte de voir un médecin, de se soigner. Avec la Fondation Abbé Pierre, on travaille avec le développement des permanences d’accès au soin.

Il s'agit du 21ème rapport, comment expliquer que la situation soit toujours aussi alarmante?

C’est de plus en plus complexe, de nombreux acteurs ne sont encore pas mobilisés à fond. Même si on essaie de fonctionner de façon coordonnée, ce n’est pas toujours le cas sur l’île. On aimerait que les moyens financiers des différents acteurs s’additionnent pour pouvoir répondre ensemble sur les mêmes problematiques. C’est l’engagement qui manque.

La précarité s’enlise à la Réunion. On est sur des taux de pauvreté bien supérieur au niveau national : 42%. On a un territoire très inégalitaire. Quand on est à la rue, quand on est dans un logement indigne, ce qui est important c’est de pouvoir vivre et la santé arrive loin derrière. 

Demain, vous allez présenter ce rapport au Cinépalmes de Sainte-Marie, expliquez-nous...

Ca va être l'occasion de vraiment réunir et mélanger des acteurs qui ne se rencontrent pas habituellement. A la fois des acteurs du logement, mais aussi des acteurs de la santé, du médico-social, du sanitaire. On va essayer de travailler via des tables rondes sur l’émergence de nouvelles pratiques, des idées un peu inovantes pour essayer de travailler mieux ensemble, de façon mieux coordonée. C’est l’apprentissage du travailler ensemble pour une meilleure vie ensemble.

www.ipreunion.com

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