Logements sociaux à Saint-Denis

L'immeuble des Diplômés d'Anjou s'ajoute à la liste des logements "de la honte"

  • Publié le 4 juin 2016 à 14:46

C'est un autre chapitre qui s'ouvre dans l'affaire des logements indécents de La Réunion. Le parc locatif de la SIDR compte encore un immeuble dit " de la honte". Au moins 9 de ses 31 appartements sont touchés par d'importantes infiltrations d'eau. Les locataires, en présence d'Erick Fontaine, administrateur de la Confédération nationale du logement (CNL), ont témoigné du délabrement de leur habitation. L'immeuble des Diplômés d'Anjou, vieux de 4 ans, situé au Moufia à Saint-Denis, fait l'objet d'une attention particulière de la CNL, qui a prévenu l'agence régionale de santé.

Après les Quatre-Epices et les Lataniers, c'est l'immeuble des Dîplomés d'Anjou qui se place dans le collimateur de la CNL. Le bâtiment vieux de 4 ans, appartient au parc locatif de la SIDR. Malgré plusieurs appels des locataires subissant infiltrations et moisissures, le bailleur social reste muet et les habitants désemparés.

Laure, 82 ans, a emménagé aux Diplômés d'Anjou en 2012. Auparavant locataire d'une appartement de la SIDR qu'elle a occupé pendant plus de 30 ans aux Camélias, l'octogénaire regrette aujourd'hui d'avoir déménagé. "Le téléphone fixe ne fonctionne pas à cause des infiltrations, alors je viens la voir tout les jours pour voir si tout va bien. Si elle a besoin d'appeler au secours, ce n'est pas possible. L'ascenseur ne fonctionne pas toujours, c'est également difficile pour elle à son âge. L'eau chaude se coupe parfois et les prises électriques se trouvent juste en dessous des fuites d'eau, c'est très dangereux" témoigne sa fille Marie, qui n'habite pas très loin de chez sa maman. Les murs sont couverts d'auréoles de moisissures tandis que l'eau se déverse derrière les meubles aux moindres intempéries.

La dame âgée n'a d'autre choix que de rester dans l'immeuble, tandis que sa fille espère vivement que le bailleur entame les travaux au plus vite. Par ailleurs, des photographes sont venus prendre des clichés de l'appartement, "peut-être pour faire une exposition photo de ces logements indignes" ironise Erick Fontaine.

Une procédure auprès du tribunal d'instance sera donc lancée pour faire reconnaître l'état des habitations et suspendre la totalité des loyers dans les appartements concernés. L'administrateur de la CNL, qui confie "avoir vu de tout" dans le parc locatif social réunionnais, n'arrêtera pas le combat pour ses locataires bafoués. "Il faut que l'on pose le problème sur la table" lance t-il. Selon l'Insee, 20 000 logements indécents sont dénombrés à La Réunion. Erick Fontaine en estime "plus du double" concernés par ces malfaçons.

"C'est inadmissible de voir aujourd'hui que l'on continue de louer des logements sociaux qui sont de véritables taudis, des bidonvilles modernes et qu'on ose encore toucher des loyers de presque 900 euros" continue Erick Fontaine, avant d'ajouter que "le bailleur social ne peut pas ignorer ces problèmes. Il faut qu'il assume ses responsabilités. Comment on peut défiscaliser des bidons villes à La Réunion ?" questionne l'administrateur.

Pour l'heure, certains locataires cherchent d'ores et déjà à déménager, tandis que la majorité espère que les travaux de réhabilitation seront réalisés prochainement par la SIDR. Le bâtiment des Diplômés d'Anjou s'ajoute à la liste des immeubles "de la honte" après ceux des Lataniers au Butor, celui des Quatre-Epices ou encore l'immeuble Herbert Spencer du Port, condamné à la démolition.

www.ipreunion.com

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