
Sur les images vidéo tournées sur les lieux de l'accident mortel à Saint-Philippe, on voit un homme de dos qui semble discuter avec un gendarme. Ce dernier et deux de ses collègues finissent par s'approcher de lui. Les choses s'accélèrent ensuite. Deux des gendarmes ceinturent l'homme pour le maîtriser et le troisième lui assène un coup de pied dans les jambes sous les cris de protestation et les huées des personnes présentes. On voit plusieurs témoins filmer la scène. Selon certains d'entre eux, l'homme interpellé ne portait pas de masque et c'est à la suite d'un échange entre lui et les gendarmes à ce propos que son interpellation musclée aurait eu lieu. La gendarmerie n'a pas fait déclaration à ce stade.
La vidéo a provoqué une vague d'indignation sur les réseaux sociaux. "En ma qualité de député (...) dès mon arrivée (le député est actuellement à l'Assemblée nationale - ndlr), je demanderai audience au patron des gendarmes de La Réunion dans les locaux de Saint Phillipe" a commenté lundi soir Jean Hugues Ratenon. "Nul n'est censé ignorer la loi et personne ne doit l’appliquer de son propre chef."
Cette affaire arrive alors qu'en Métropole quatre policiers ont été mis en examen - dont deux placés en détention provisoire - à la suite du violent tabassage à Paris du producteur noir Michel Zecler dans la nuit de dimanche à lundi.
Tabassage de Michel Zecler : les quatre policiers mis en examen, deux écroués
Parmi ces quatre policiers mis en examen par un juge d'instruction, trois l'ont été pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique (PDAP)" et "faux en écriture publique", conformément aux réquisitions du parquet de Paris annoncées par le procureur de la République Rémy Heitz dimanche après-midi. Ce sont les trois policiers au coeur de la vidéo de Loopsider dévoilée jeudi qui a fait scandale et provoqué la "honte" du chef de l'Etat Emmanuel Macron, alors que l'Élysée a appelé M. Zecler samedi.
Cette affaire a soulevé un torrent d'indignation dans toute la France.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a promis jeudi la "la révocation" des policiers qui ont "sali l'uniforme de la République", "dès que les faits seront établis par la justice". Selon le procureur, "aucun incident particulier" n'avait jusqu'ici émaillé la carrière des quatre hommes, un brigadier et trois gardiens de la paix. Cette affaire, mise au jour grâce à la diffusion de vidéos, a semblé doper les opposants à la proposition de loi "sécurité globale", dont la mesure phare prévoit de restreindre la possibilité de filmer les forces de l'ordre.
Plus de 130.000 personnes ont manifesté samedi, selon le ministère de l'Intérieur, 500.000 selon les organisateurs, dans une ambiance globalement bon enfant. Des affrontements parfois violents ont toutefois émaillé certaines manifestations, notamment à Paris.
La majorité va proposer "une nouvelle écriture complète" du contesté article 24 de la proposition de loi sur la "sécurité globale", a annoncé lundi le patron du groupe LREM Christophe Castaner.
"Ce n'est ni un retrait ni une suspension mais une réécriture totale du texte" a martelé M. Castaner, en parlant d'"une proposition que nous allons faire au gouvernement". Cette nouvelle rédaction "sera conduite dans le cadre d'un travail collectif aux trois groupes de la majorité" (LREM, Agir et MoDem), a-t-il ajouté.
Emmanuel Macron avait déjà réuni lundi midi à l'Elysée le Premier ministre Jean Castex, des ministres et les chefs des groupes parlementaires de la majorité autour des sujets régaliens, police et sécurité.
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