D'après un rapport de l'Insee de 2018

39 % des Réunionnais vivent sous le seuil de pauvreté

  • Publié le 15 janvier 2021 à 14:27
  • Actualisé le 15 janvier 2021 à 14:36

S'appuyant sur un rapport établi en 2018, l'Insee publie ce vendredi 15 janvier plusieurs données relatives au niveau de vie, au taux de pauvreté et aux inégalités de revenus à La Réunion. Près de 39 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, soit 332.500 personnes. Près de la moitié des Réunionnais disposent par ailleurs de moins de 1.290 euros par mois. Il est également indiqué que la pauvreté culmine dans les quartiers politiques de la ville et des communes rurales tels que Cilaos, Sainte-Rose ou encore Salazie. Nous publions ci-dessous le communiqué de l'Insee. (Photo d'illustration : rb/www.ipreunion.com)

"En 2018, 39 % des réunionnais vivent sous le seuil métropolitain de pauvreté. Après avoir nettement reculé entre 2007 et 2017, de même que les inégalités de revenus, le taux de pauvreté reste stable en 2018. Le marché du travail s’est en effet dégradé. La pauvreté reste beaucoup plus importante qu’en métropole (15 %) et qu’en Martinique (30 %), car le déficit d’emplois demeure important sur l’île. C’est particulièrement le cas dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville et dans de petites communes rurales, où l’emploi est rare : plus d’un habitant sur deux vit sous le seuil de pauvreté dans ces quartiers urbains et à Sainte-Rose, Cilaos et Salazie. Pour autant, avoir un emploi ne suffit pas toujours pour éviter une situation de pauvreté. Les revenus des Réunionnais sont plus faibles et sont fortement dépendants de l’aide sociale, qui permet de réduire la pauvreté et les inégalités de revenus.

En 2018, 39 % des Réunionnais (332 500 personnes) vivent sous le seuil métropolitain de pauvreté monétaire. Ainsi, ce seuil de pauvreté est calculé selon la distribution des revenus de métropole et il s’élève à 1.063 euros par mois et par unité de consommation (UC). Les mineurs sont particulièrement concernés : 113.600 vivent dans un ménage pauvre, soit la moitié d’entre eux. Cette proportion de quatre ménages sur dix sous le seuil de pauvreté monétaire est semblable à celle des ménages qui sont en situation de privation matérielle et sociale.

La pauvreté demeure à un niveau bien plus élevé qu’en métropole (15 %) et qu’en Martinique (30 %). Elle est nettement plus marquée que dans la région métropolitaine la plus concernée, la Corse (19 %). En effet, le déficit d’emplois reste important à La Réunion. En 2018, 46 % des personnes en âge de travailler ont un emploi, contre 66 % en métropole. Pour autant, avoir un emploi ne suffit pas toujours pour éviter une situation de pauvreté. Ainsi, parmi les
ménages dont les revenus d’activité (salaires et revenus des travailleurs indépendants) sont la principale ressource déclarée, 20 % se situent en dessous du seuil de pauvreté en 2018. C’est deux fois plus qu’en métropole.

La pauvreté est particulièrement élevée dans les petites communes rurales : plus d’un habitant sur deux à Cilaos (54 %), Sainte-Rose (55 %) et Salazie (59 %). À l’inverse, La Possession et Les Avirons sont les communes les moins concernées (respectivement 27 % et 29 %). La pauvreté est également très présente en milieu urbain, dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville : 56 % contre 44 % en moyenne dans ces quartiers en métropole. La pauvreté dépasse même les 60 % en 2017 dans 9 de ces quartiers de la politique de la ville : Bel Air-Centre-Ville-Village Desprez à Sainte-Suzanne, Petit-Bazar-Chemin du Centre-Fayard et le Centre-Ville à Saint-André, Le Gol et le Centre-ville à Saint-Louis, La Châtoire et Les Araucarias au Tampon, Rive-droite de Saint-Benoît, Le Bas de la Rivière à Saint-Denis.

Le taux de pauvreté par commune en 2018 :

 

- Pas de baisse du taux de pauvreté en 2018 -

Le taux de pauvreté monétaire avait nettement reculé entre 2007 et 2017 (- 9 points). Cette baisse est enrayée en 2018, où la croissance économique a décroché et le marché du travail s’est dégradé, avec notamment une forte chute du nombre de contrats aidés. Sur un marché de l’emploi morose, les montants de prime d’activité versés se réduisent de 1,8 % en 2018, alors qu’ils avaient augmenté les années précédentes et donc tiré à la hausse le revenu des ménages en emploi les plus modestes. Fin 2018, la prime d’activité concerne 61 300 allocataires.

En 2018, les niveaux de vie restent plus faibles à La Réunion d’un bout à l’autre de l’échelle des revenus. La moitié des Réunionnais vivent avec moins de 1 290 euros par mois et UC, soit 27 % de moins qu’en métropole. Les revenus des plus modestes sont sensiblement plus faibles qu’en métropole : les 10 % des plus modestes disposent d’au plus 690 euros par mois et par UC contre 930 euros en métropole. Quant aux 10 % les plus aisés, ils disposent de revenus plus proches de ceux de leurs homologues métropolitains : au moins 3 010 euros mensuels par UC contre 3 260 euros. Les inégalités restent ainsi importantes à La Réunion : en 2018, l’ensemble des revenus disponibles des 20 % les plus favorisés est 5,5 fois plus important que celui des 20 % les plus modestes. En métropole, cet écart est moindre (4,45 fois). Pour autant, les inégalités de revenus ont diminué fortement sur l’île au cours de la décennie écoulée. En 2007, le rapport entre les revenus des 20 % les plus aisés et ceux des 20 % les plus modestes était de 7.

- La redistribution des revenus réduit la pauvreté et les inégalités -

Le versement des prestations sociales (allocations familiales, prestations logement et minima sociaux) et le prélèvement des impôts directs réduisent fortement les inégalités de revenus et la pauvreté. Le niveau de vie de nombreux Réunionnais dépend fortement des prestations sociales et plus particulièrement des minima sociaux. Le poids des prestations sociales dans le revenu disponible des ménages est trois fois supérieur par rapport à celui de la métropole : 17 % contre 6 %. Il culmine dans les communes du Port et de Salazie (respectivement 28 % et 27 %). Au contraire, les pensions et retraites ont un poids nettement inférieur à La Réunion (16 % contre 28 %). Ceci s’explique par la jeunesse de la population conjuguée à un fort taux de
chômage, le plus élevé de France en 2018 après Mayotte (24 %). Fin 2018, La Réunion compte 166 500 allocataires de minima sociaux."

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