[EN DIRECT] Interruption des lignes de bus ce jeudi

Alternéo : les conducteurs alertent la population sur la banalisation des violences

  • Publié le 4 août 2022 à 14:00

Ce jeudi 4 août 2022, tous les conducteurs des bus Alternéo ont interrompu le fonctionnement des lignes de bus sur les communes de Saint-Pierre, Saint-Louis, Cilaos, Les Avirons, l'Etang-Salé et Petite Ile, de 11h à 14h. L'objectif : exercer leur devoir d'alerte face au nombre croissant de caillassages et d'agressions physiques, devenus "le quotidien des agents du réseau de transport en commun" selon la Semittel (Photo d'illustration)

  • C'est la fin de ce live, merci de nous avoir suivi.

  • Reprise du réseau

    14 heures, fin de la mobilisation et de l'opération de sensibilisation de la part des agents du réseau Alternéo. Le fonctionnement des lignes reprend.

     

  • La présence des forces de l'ordre sera renforcée

    Pour assurer la sécurité des conducteurs, la Semittel annonce plusieurs plans d'action :

    - renforcement de la présence des forces de l'ordre dans les bus par la signature d'une convention entre le Réseau Alternéo, les six villes de la CIVIS et la sous-préfecture de St Pierre pour donner libre accès aux lignes de bus aux personnels en uniforme ;

    - mise en place d'un plan de communication sur les opérations de lutte contre la fraude en présence des forces de l'ordre qui se déroulent à raison de 4 par semaine ;

    - plan de sensibilisation des jeunes, notamment les collégiens, en favorisant l'accueil des stagiaires de 3ème dans les entreprises exploitant le réseau Alternéo ;

  • "À un moment donné il faut dire stop."

    Jean-David, conducteur de bus chez Moullan s'occupe de la ligne 60 entre Cilaos et Saint-Louis. "Aujourd'hui je pense que dans notre secteur il commence à y avoir des soucis avec la délinquance, les caillassages de bus". Même s'il est fier de se lever le matin pour aller au travail et accompagner ses usagers, il le sait "quand on tombe sur des phénomènes on essaye de faire au mieux pour les calmer". David l'explique, quand il y a le désordre, il appelle les gendarmes pour mettre l'ordre.

    Concernant les agressions, chaque conducteur doit remplir un document pour expliquer l'agression et après, s'il le souhaite, il peut porter plainte à la gendarmerie. Et si cela recommence, les services de sécurité et de contrôle viennent dans les bus.

  • Un sentiment d'insécurité règne

    "Moi-même j'ai des enfants qui prennent le bus et ce n'est pas sécurisant, on a peur pour nos enfants. Il faut pallier à cette insécurité qui règne", explique une mère de famille.

  • "Le personnel travaille la boule au ventre"

    "On attend une prise de conscience de certains clients qui empruntent nos lignes et qui ne respectent pas les gens et le personnel de conduite. C'est un service public, il faut un minimum de respect, que le personnel puisse prendre son travail sans avoir la boule au ventre", explique un agent de la Semittel. "Des efforts ont été faits. On a des agents de sécurité mais malgré tout on subit encore", ajoute-t-il.

  • Les agressions, un problème récurrent

    "Le côté difficile c'était la conduite où j'ai eu pas mal d'agressions, ce qui m'a poussé à changer de métier", explique Hilaric Ludovic, ancien chauffeur de bus reconverti. "J'ai eu beaucoup de répercutions psychologiques et la Semittel m'a bien accompagné." Pour lui, ce soucis "est récurrent". "C'est sur l'ensemble du territoire de la Civis."

    C'est pourquoi, l'objectif de ce jour, est de sensibiliser la population.

  • "Le métier devient de plus en plus difficile"

    "Cela fait plusieurs fois et plusieurs mois que nos bus se font caillasser régulièrement, donc cette action a pour but de marquer le coup", explique l'un des contrôleur. Agression, caillassage, il explique son quotidien. "Au départ on était plus ou moins respecté mais maintenant il n'y a plus trop de repères, le métier devient difficile", ajoute-t-il. "C'est pour ça que ça devient difficile, surtout avec les jeunes, avec ce public virulent." "Il y a des fois si on a pas le nombre d'agent qu'il faut on se fait marcher dessus", précise le contrôleur de bus.

  • "Nous souhaitons sensibiliser la population"

    "Depuis l'année dernière il y a eu un certain nombre de caillassage et là aujourd'hui on veut faire en sorte de sensibiliser la population et faire en sorte que ces agressions cessent", explique Mathieu Turpin, directeur d'exploitation du transport Moullan. "On est là pour discuter avec les gens et faire en sorte que ce service public ne soit pas détérioré."

    Les conducteurs discutent avec la population pour expliquer leur mobilisation. "On essaye de sensibiliser les parents car souvent se sont des jeunes qui causent ces dommages là".

     

  • Alternéo exerce son devoir d'alerte

    "Les conducteurs ont fait valoir leur devoir d'alerte", explique Mathieu Chichéry de la Semittel. "Leur objectif étant de sensibiliser et alerter l'ensemble du public. Se faire caillasser est un risque et une menace pour la continuité du service plublic", ajoute-t-il. Alternéo représente 500 collaborateurs et plusieurs milliers de passagers par jour.

    Après, comme il le précise, "les gens comprennent notre mobilisation. Si la situation se dégrade c'est notre réseau qui s'en voit menacé".

  • Les agents du réseau Alternéo mobilisés à Saint-Louis

    Alors que le débrayage commence, les conducteurs de bus et contrôleurs se sont tous mobilisés à la garde routière de Saint-Louis. Ils sont actuellement une centaine de tous les sites de la Civis.

  • Le réseau à l'arrêt

    Comme annoncé par Alternéo, depuis 11 heures, les bus ne circulent plus sur les communes de Saint-Pierre, Saint-Louis, Cilaos, Les Avirons, l'Etang-Salé et Petite Ile. L'objectif : exercer leur devoir d'alerte face au nombre croissant de caillassages et d'agressions physiques, devenus le quotidien des agents.

     

  • Bonjour à tous et merci de nous retrouver en direct pour suivre le débrayage sur le réseau Alternéo

À propos

"Le débrayage a été demandé par les conducteurs de bus eux-même", indique Mathieu Chichery, directeur général délégué à la Semittel.  "Ils veulent manifester leur exaspération, leur crainte à exercer leur métier mais aussi sensibiliser la population", confie-t-il. C'est tout l'objectif du débrayage envisagé ce jeudi.

Il rappelle que "les chauffeurs de bus sont les premiers concernés par les agressions autant physiques que verbales mais aussi par les caillassages". "La population doit comprendre que les conditions des travailleurs se sont dégradées", insiste-t-il. "A terme, certains quartiers pourraient ne plus être desservis ou alors on pourrait faire face à un manque de chauffeur. Ce n'est cependant pas l'objectif des transports publics qui se doivent d'assurer le droit à la mobilité", tient à rassurer Mathieu Chichery.

Lire aussi - Agressions et caillassages : les conducteurs du réseau Alternéo interrompent leur activité ce jeudi

Pour pallier cette "banalisation des violences", le groupe de transport en commun envisage un "travail de fond" autour de la prévention et de la sensibilisation autour de deux axes.

C'est dans ce sens que des partenariats avec des établissements scolaires sont envisagés. "Des jeunes sont souvent à l'origine des caillassages. Ils ne sont pas toujours conscients de ce qu'ils font", explique-t-il. "Mettre en place des partenariats avec des établissements scolaires, notamment lors des stages de troisième, permettrait de sensibiliser les jeunes aux métiers encadrant les transports en commun", fait-il savoir.

La sensibilisation ne s'arrête pas à là. "Nous souhaiterions aussi permettre aux jeunes de s'approprier le réseau de bus en leur proposant par le biais d'un jeu concours de décorer des bus à l'image de leur quartier, par exemple", ajoute le directeur général délégué de la Semittel. Ainsi donc, c'est toute une collaboration avec des associations de quartier du territoire de la Civis qui se mettra en place.

En ce qui concerne l'action prévue ce jeudi, Mathieu Chichery l'affirme, les chauffeurs de bus ont tout le soutien de la direction dans cette manifestation.

- Un accompagnement des chauffeurs de bus –

Quel que soit le type de violence subi sur ses lignes de transport, la Semittel accompagne son personnel. "Nous collaborons avec Fichter, un centre de santé agréé qui intervient dès que le salarié en fait la demande", souligne Mathieu Chichery. "Il leur est proposé trois séances pour aider à baisser la pression. Dans certains cas graves, ce n'est pas suffisant. Il faut des thérapies. Certains professionnels ont des arrêts de plus d'un an, d'autres deviennent inaptes au poste et la médecine du travail demande un reclassement", détaille Monsieur Chichery. "On envisage alors, lorsque c'est possible de les reclasser à un autre poste", ajoute-t-il

- Le phénomène ne sévit pas que dans le sud  -

Ce phénomène ne touche pas uniquement le réseau Alternéo : il y a environ un an en juillet 2021, trois agents du réseau Citalis de Saint-Denis ont été blessés dans une agression à l'arme blanche. Un contrôleur blessé à la main, a dû subir une opération. Un second agent a lui été légèrement blessé à la main tandis que le troisième a été touché au torse.

Lire aussi - Citalis : trois agents blessés dans une agression à l'arme blanche

Le réseau Carsud aussi a déjà rencontré ce phénomène de caillassage. Dans la matinée du 30 mars 2022, un véhicule du transport Alternéo, desservant la gare routière de la ville du Tampon, se fait caillasser lors de sa traversée au niveau du quartier la Zac la Chatoire. Bien qu'il n'y ait pas eu de blessés au cour de cet acte de vandalisme, la sécurité des usagers et celle des professionnels des transports en commun reste mise en danger.

Si l'aspect humain est la préoccupation première des groupes de transports publics, l'aspect financier l'est tout autant. Les dégâts matériels sont coûteux.

Autre incident. Fin mai 2022, un bus du réseau Alternéo de la ligne 1 à Saint-Pierre se fait caillasser, des vitres sont brisées. Si l'acte de vandalisme est gratuit, le préjudice lui est estimé à 3.000 euros par vitre.

En juin dernier sur la ville de Saint-Pierre, une bande de jeunes a pris à partie les agents de sécurité affectés à la sécurisation du réseau Alternéo. Résultat : l’agent de sécurité directement pris à partie ainsi que ses deux collaborateurs de la Semittel se sont vus obtenir 2 jours d’Incapacité temporaire totale (ITT).

Le dernier incident à Saint-Louis en date du 25 juillet n'a pas fait de blessé, mais il illustre une banalisation des faits de caillassage de bus mais aussi de violences que dénonce depuis plusieurs mois la direction du réseau Alternéo et qui mettent en jeu la sécurité des personnels mais aussi des 20.000 clients transportés tous les jours.

- Les incidents ont diminué de 7% en 2021  -

Créé en 2013, le syndicat mixte de transport salarié travaille en partenariat avec la Région et les cinq communautés d'agglomérations du territoire. Le syndicat a pour compétence l'animation de l'observatoire de la sécurité des transports publics réunionnais. Pour y parvenir, le comité technique recense chaque trimestre les incidents survenus sur le réseau de transport public local.

"En 2019, nous étions à 1.252 incidents annuels ; en 2021 ce chiffre est de 1.165. Soit une diminution de 7%", indique Omar Issop Banian, directeur général des services du Syndicat mixte des transports de La Réunion. "Néanmoins, en ce qui concerne le caillassage de véhicules, le réseau Alternéo est particulièrement concerné depuis trois ans environ", affirme-t-il.

"On ne sait pas exactement qui sont les jeunes à l'origine de ce vandalisme, les plaintes des différents services de transport n'ont pas abouti", ajoute le directeur général des services. "Pour faire face à cela, nous savons que la prévention est nécessaire, précise-t-il. Le syndicat réalise des séances de prévention sécurité et d'informations dans une dizaine d'établissements scolaires de l'île. Nous sommes prêts à intervenir davantage sur les établissements de la région Sud".

Si la sensibilisation et la prévention sont de rigueur dans cet énième appel des chauffeurs de bus, ce débrayage sera accompagné dès 16h d'une opération de contrôle des forces de l'ordre du côté de la ville de Saint-Pierre et de Saint-Louis mais aussi d'une rencontre entre les villes concernées, la Civis, les forces de l'ordre et le réseau Alternéo pour renforcer la sécurité dans les bus.

mp/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com


 

 

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