
- Le vent en poupe -
Les derniers sondages le confirment. Marine Le Pen grignote petit à petit son retard avec Emmanuel Macron. Le président de la République sortant flirtait avec les 30% il y a un peu plus d’un mois, boosté par le début de la guerre en Ukraine et le rôle qu’il a essayé de jouer pour tenter de préserver la paix. Depuis, Emmanuel Macron ne cesse de descendre dans les sondages, semaine après semaine.
Selon le dernier sondage en date, celui de Odoxa - l'Obs - Mascaret, la patronne du Rassemblement National conforte sa deuxième place au second tour avec 24% des intentions de vote (+4,5 points en trois semaines), contre 28% pour Emmanuel Macron. Marine Le Pen devance Jean-Luc Melenchon, avec 16% des intentions de vote, Eric Zemmour avec 8% des intentions de vote et Valérie Pécresse avec 7% des intention de vote. En comptant les marges d’erreur, les sondages n’excluent d’ailleurs pas qu’elle termine en tête de ce 1er tour.
A La Réunion, où on vote ces dernières années à contre-courant de la dynamique nationale, Marine Le Pen se maintient aussi en bonne place. Selon un sondage Sagis pour Réunion La 1ère, Jean-Luc Mélenchon arrive en tête des intentions de vote des Réunionnais avec 30,5% des voix, devant Emmanuel Macron (22,5%) qui est talonné par Marine Le Pen (20%).
- Des raisons d’y croire -
Et pour cause, jamais la candidate du RN n’aura eu un tel élan de popularité dans les sondages depuis qu’elle se présente aux élections présidentielles, sa première tentative remontant à 2012 où elle avait terminé en troisième position du premier tour avec 17,9% des voix.
De plus, si on ajoute le score d’Eric Zemmour à ceux de Marine Le Pen, on peut estimer que l’extrême droite pèse 32% des voix dès le premier tour, du jamais vu qui donne très certainement à Marine Le Pen de véritables raisons d’espérer.
C’est pour elle le fruit d’un travail de longue haleine lui permettant de dédiaboliser son parti fortement imprégné de l’image et de l’idéologie de son père, Jean-Marie Le Pen. Ce travail de dédiabolisation débute en 2015 lorsque Jean-Marie Le Pen est déchu de son titre de président d’honneur du Front National. En parallèle, la nouvelle femme fort du parti tâche de lisser le discours, adoucissant les idées sur l’immigration, promouvant davantage d’intervention de l’Etat et répondant aux sujets qui concernant principalement les Français : l’emploi, le pouvoir d’achat ou encore la sécurité.
La seconde étape de cette stratégie est la renomination en 2018 du Front National qui devient Rassemblement National, une manière pour le camp de se refaire une virginité et faire définitivement oublier l’image de Jean-Marie Le Pen et ses postures polémiques.
C’est enfin la stratégie du temps long. Voilà 10 ans maintenant que Marine Le Pen construit sa stature, ses prises de position, et qu’elle attend que ses idées, distillées savamment et doucement, ne fassent plus peur et qu’au contraire, elles rencontre l’adhésion des Français.
A cela s’ajoutent un mandat d’Emmanuel Macron qui a profondément divisé les Français, un contexte socio-économique très fragilisé notamment ces derniers mois avec une inflation importante, et le facteur Eric Zemmour qui a su, par son verbe et sa capacité de conviction, ratisser large un électorat qui, en grande partie, se tournera vers Marine Le Pen dans le cas où elle est qualifiée pour le second tour.
- Plus que jamais aux portes du pouvoir -
Cette tendance n’est pas à prendre à la légère même si les sondages indiquent qu’en cas de second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, c’est le président de la République sortant qui devrait systématiquement l’emporter avec près de 55% des voix. Là encore, ces scores, même si ce ne sont que des prévisions, n’avaient jamais été atteints, démontrant qu’une véritable dynamique existe en sa faveur.
Mais les sondages sont ce qu’ils sont, avec leurs marges d’erreur, avec une photographie à un "instant T", avec des éléments qui ne sont pas forcément pris en compte tels que le taux d’abstention par exemple qui pourrait atteindre des records cette année.
S’ajoute à cela un front républicain particulièrement défaillant pour ce scrutin. Là où en 2002 ou en 2017, les partis et les Français s’étaient rassemblés comme un seul homme pour faire barrage au Front National, la situation semble aujourd’hui bien différente. Selon le sondage Odoxa - l"Obs- Mascaret, les sondés sont aussi nombreux à dire qu’ils iront faire barrage à Le Pen qu’à Macron.
Ainsi, seulement un électeur de Melenchon sur trois et un électeur de Jadot ou Hidalgo affirme qu’il voterait en faveur du président sortant au second tour, les autres s’abstenant ou votant blanc ou nul. 22% des électeurs de Melenchon affirment même qu’ils iront voter pour Marine Le Pen au second tour. A droite, il en est de même avec des voix qui se départagent entre les deux candidats dans l’éventualité où ils se retrouvent au second tour.
Les candidats ont d’ailleurs confirmé cet effritement du front républicain. S’ils ne sont pas qualifiés au second tour, Jean-Luc Melenchon et Valérie Pécresse ont annoncé qu’ils ne donneraient pas de consigne de vote.
Plus que jamais, Marine Le Pen semble donc en mesure de l’emporter, ce qui serait un véritable séisme pour La France. Un risque face auquel les Réunionnais, les Français, peuvent adopter la posture de témoin, ou celle d’acteur. En assumant toutes les responsabités qui découleront de leur choix.
www.ipreunion.com / [email protected]
20 Commentaire(s)
(Imaz Press est un média plutôt à gauche ?? Mon dieu nous ne l'avions jamais remarqué... quel fin observateur vous êtes. Par ailleurs, l'article que vous commentez est un édito. Il n'a donc aucune raison d'être neutre. - WEBMASTER)