Appel à voter Emmanuel Macron (actualisé)

Jean Castex : "je n'exclus pas de donner un coup de fil à mon amie Huguette"

  • Publié le 15 avril 2022 à 14:49

Au cours d'un échange informel avec la presse locale, Jean Castex est revenu sur sa visite express à La Réunion, dans le cadre de la campagne électorale d'Emmanuel Macron. Derniers mots avant de sauter dans l'avion qui le ramène à Paris, pour appeler une nouvelle fois à éviter le "danger" du RN au second tour. Pour ça, Jean Castex compte beaucoup sur l'influence de la présidente de Région Huguette Bello, qu'il voudrait voir appeler à voter Emmanuel Macron un peu plus clairement. L'occasion aussi de revenir sur les points forts du programme de son candidat... et admettre quelques erreurs ou faiblesses à corriger. (Photo rb/www.ipreunion.com)

• Convaincre de voter Macron : un exercice difficile

Jean Castex salue "un accueil chaleureux et sympathique" durant cette visite de 24 heures, dans "un contexte qui n'est pourtant pas simple" reconnaît-il, alors qu'Emmanuel Macron n'a réalisé que 18% des voix et arrive en 3ème position au premier tour de la présidentielle à La Réunion. Une visite "un peu impressionniste" qui a permis d'échanger de façon plus ou moins aléatoire avec les habitants, "au hasard des rencontres", que ce soit durant sa déambulation à Saint-Denis ou à l'Ehpad des Tournesols à Saint-Pierre. "C'est ça faire campagne. C'était conforme à ce que je souhaitais faire" assure Jean Castex à la presse locale. Si les thématiques étaient "déjà fixées", les échanges avec la population étaient capitaux pour tenter jusqu'au bout de faire revenir les électeurs réunionnais dans le camp Macron.

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Mais le pari est loin d'être gagné sur un territoire qui a placé la candidate du Rassemblement national (RN) bien devant le Président sortant au premier tour. Le résultat selon Jean Castex "d'une contestation que je peux comprendre". Et ce malgré les sommes importantes engagées par l'Etat pour La Réunion, que ce soit pour la construction de la Nouvelle route du littoral (420 millions d'euros) ou encore la recentralisation du RSA. Les résultats du vote du 10 avril laissent pourtant penser, au regret de Jean Castex, "qu'on a laissé tombé La Réunion".  "Quelque chose n'a pas marché, peut-être l'argent n'a-t-il pas été investi sur les bons leviers."

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• "Excellent contact" avec Huguette Bello

Cette période de l'entre-deux tours est bien sûr destinée à glaner de nouvelles voix et Jean Castex ne l'oublie pas. Convaincre de ne pas voter Marine Le Pen, c'est convaincre de ne pas s'abstenir, de ne pas voter blanc, et donc de voter Emmanuel Macron. Pour ça, il compte beaucoup sur la présidente de Région Huguette Bello.

"Nous avons un excellent contact, je ne sais pas si c'est chimique ou quoi. Il y a des analyses que je partage avec elle, nous avons de toute façon la même analyse de fond. C'est une interlocutrice crédible" souligne Jean Castex. Au terme de l'échange qu'il a pu avoir avec elle ce jeudi, il affirme que la présidente "souhaite continuer à travailler" avec l'équipe au pouvoir. "Il reste une marge à franchir, que je l'incite à franchir" affirme Jean Castex qui aimerait, il ne le cache pas, une position plus claire de Huguette Bello appelant à voter Emmanuel Macron au second tour. "Il faut éviter le grand danger pour la démocratie" qu'est Marine Le Pen selon lui.

Jean Castex ne cache pas sa stupéfaction en voyant la candidate du RN derrière Jean-Luc Mélenchon dans les votes du premier tour à La Réunion, avant Emmanuel Macron. La participation de Huguette Bello dans cette campagne peut être capitale selon lui. "Je n'exclus pas de donner un coup de fil à mon amie Huguette" d'ici le 24 avril, ajoute-t-il, sourire aux lèvres.

• "Une grande faiblesse de communication et de pédagogie"

Le Président sortant n'a pas convaincu les électeurs réunionnais au premier tour et selon son porte-parole, deux raisons à cet échec. "Les sytèmes d'information d'abord. Il n'y a pas encore de vraie filière d'Etat sur le plan de la numérisation" affirme celui qui voudrait un vrai développement du numérique, dans une ère où l'on défend les nouveaux outils, pour communiquer comme pour mettre en place des idées. La seconde raison de cet échec, "une grande faiblesse de communication et de pédagogie" admet Jean Castex. Et dans les Outre-mer plus particulièrement. "Ici la gestion passe par les préfets, mais les préfets parlent, il faut le dire, avant tout à la presse", au détriment de la population. "Les gens ont besoin d'un public." Une absence de proximité qui relève de la politique plus générale et "dépasse le parti au pouvoir" ajoute Jean Castex, nuançant son mea culpa.

Un exemple concret avec le dispositif "France Relance" : "les gens se demandent : mais qu'est-ce que c'est ? Le chèque énergie, l'inflation… ils se demandent : concrètement, qu'est-ce qui a changé dans ma vie ?". Simplification des termes et des idées, davantage de concret… c'est ce à quoi semble aspirer le porte-parole du candidat Emmanuel Macron.

• Emmanuel Macron, "pas hautain"

Interrogé sur la posture parfois méprisante et hautaine d'Emmanuel Macron ayant fâché beaucoup de Français et de Réunionnais, Jean Castex défend son candidat. Le mandat du Président sortant a en effet été marqué par plusieurs tollés, lorsqu'il s'agissait de "traverser la rue" pour trouver un emploi, lorsqu'il a comparé "la base et le sommet" (peuple contre dirigeants), lorsqu'il a dit vouloir "emmerder les non-vaccinés"… A ça s'ajoute la violence observée notamment pendant la crise des gilets jaunes à La Réunion.

"Quand les gens connaissent un problème, ils en font une opinion" lâche Jean Castex, reconnaissant que certains épisodes sont difficiles à rattraper dans l'esprit des électeurs. "Quand je suis arrivé au gouvernement, je ne connaissais pas beaucoup Emmanuel Macron. Mais l'homme tel que je le connais aujourd'hui, je ne le trouve pas du tout hautain, méprisant ou distant" défend Jean Castex. Il reconnaît cependant une "proximité" essentielle auprès de la population. Une piste à suivre lors d'un éventuel second mandat peut-être.

• Cohérence et long terme

Jean Castex tire un autre enseignement de cette campagne et de ce qu'il a observé à La Réunion. "Les actions, insuffisamment valorisées, devraient être mises en ordre politique. Il faut donner de la cohérence aux actions." Un sujet à prendre en compte pour un deuxième potentiel quinquennat. "A La Réunion par exemple il y a un potentiel très fort, que l'Etat doit accompagner."

Pour Jean Castex il existe un "problème de coordination" entre les différentes institutions qu'il faut résoudre. "Nous sommes une République décentralisée, c'est aux acteurs locaux de mener des actions, et si je le fais à leur place on me traiterait de colonialiste." Les actions locales sont donc selon lui "d'abord l'affaire de La Réunion, mais elle a besoin de l'Etat, de la République" ajoute-t-il.

Une participation de l'Etat nécessaire dans le cadre de la recentralisation du RSA par exemple, des sujets "auxquels on s'attaque de façon sérieuse". Il faut "permettre le retour à l'emploi, ce n'est pas une fatalité" ajoute Jean Castex, alors qu'Emmanuel Macron propose dans son programme de conditionner le RSA à une activité effective, soit 15 à 20 heures par semaine, pour "permettre l’insertion". A La Réunion, le RSA concerne plus d'un habitant sur quatre.

"Ce qu'il faut retenir c'est qu'un gouvernement est là pour des objectifs de long terme" appuie Jean Castex, tordant le coup aux idées de Marine Le Pen, qui propose par exemple la suppression de la TVA sur une centaine de produits. Une idée qui pourrait coûter cher à terme et dont l'efficacité est remise en cause.

• Retraite à 65 ans : une volonté assumée

Appelé à revenir sur la question de la réforme des retraites, l'un des sujets les plus polémiques du mandat qui vient de s'écouler, et fortement rejeté par la population réunionnaise, Jean Castex assume les propositions de son candidat. "Certes on partira plus tard à la retraite mais on pourra les payer. Si on ne fait rien, on ne pourra plus les payer !" Il avoue avoir "fait partie de ceux qui ont conseillé au Président de ne pas reprendre la réforme telle quelle". "Je ne dis pas qu'elle était mauvaise, mais elle n'était pas compréhensible, avec cette histoire de points, d'âge pivot… Aujourd'hui on parle de relèvement progressif à 65 ans, de la fin des régimes spéciaux… On peut être contre mais au moins c'est clair."

A la question de savoir si Emmanuel Macron a bien fait d'ouvrir une porte à l'issue du premier tour – le candidat s'est dit prêt à "bouger" sur l'âge légal de départ – Jean Castex rappelle l'importance "d'ouvrir la discussion". "On aurait pu rester impopulaires, mais ici on ouvre une vraie négociation" ajoute-t-il, rappelant l'effort proposé sur les carrières plus pénibles et longues. "Ne raisonnons pas en outils mais en objectifs. Dire qu'on ne change rien au programme, c'est de la bonne communication peut-être, mais ce n'est pas de la bonne politique."

mm/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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8 Commentaires
zavoca marron
zavoca marron
2 ans

Jean, pourquoi ne suis-je point ton friend, et HB que j'ai mise en place à la région, je n'étais pas tout seul, comme toi lors de ton seul déplacement ici en tant que Pm du gouvernement qui sera remplacé très bientôt, l'est-elle'Je suis très intrigué(e), je voudrais bien savoir ce que vous vous êtes dit et promis...Je crois que l'on a un petit problème en France : cette campagne se résume à vote pou mwin et surtout vote pa pou li, l'autre, pour elle...avec tous les noms d'oiseaux qui va avec son analyse au ras des pâquerettes !Si vous voulez que je vous explique pourquoi les Français, et surtout les Réunionnais et une très large partie des 12 outre-mer ont voté dans ce sens, venez me voir, je ne bouge pas : je vous attendrais sagement et calmement...

Enerjuge
Enerjuge
2 ans

Avant 1981 les chantiers de chômage sévissaient à la Réunion, honte de la République et le candidat Macron veut y revenir avec son idée de modification du RSA.

Ded
Ded
2 ans

"Les actions, insuffisamment valorisées, devraient être mises en ordre politique. Il faut donner de la cohérence aux actions." et aussi "il existe un "problème de coordination" entre les différentes institutions qu'il faut résoudre. "Tout est dit sur "nos institutions régionales dont les têtes sont les mêmes depuis 50 ans ou presque...Et encore "Nous sommes une République décentralisée, c'est aux acteurs locaux de mener des actions, et si je le fais à leur place on me traiterait de colonialiste." Mais c'est ce que nos élus font chaque fois qu'ils ont foiré quelque chose , ou qu'il sont pris la main dans le pot de confiture c'est à dire quasiment tout le temps ...Heureusement que le mot "colonialisme " existe car sinon , comment feraient-ils pour détourner l'attention des gens qui ont , encore et toujours , voté pour eux'Ma parole , pas si bête le Castex , 24h et il a tout pigé!

tris974
tris974
2 ans

Marc Payet ,ta réponse est tellement stupide qu'elle me laisse à penser que ta culture politique est au ras des pâquerettes. Niveau zéro, néant.Bon vote du pire dans 10 jours.Et pas besoin de répondre une autre idiotie.merci.

HULK
HULK
2 ans

Pour 420 millions d'euros, il peut se permettre un coup de filon' Moi,en ce qui me concerne,s'il me les donne, il peut m'appeler quand il veut, je serai toujours disponible. Ah les c..s,mais jusqu'où s'arrêteront-ils'

Marcpayet10
Marcpayet10
2 ans

Contre tris974 votre commentaire et votre vote lfi sont dangereux. L'extrême gauche est une des pires choses qui puisse nous arriver

La vérité si je mens !
La vérité si je mens !
2 ans

Jean Castex : le mouton à cinq pattes ' Mais il ne sera que le collaborateur d'Emmanuel Macron " Une belle jambe à marie antoinette huguette B. , qui se ressemble ça semble.

tris974
tris974
2 ans

J'ai encore le goût de ses lacrymos lors de la dernière visite présidentielle qui avait paralysé l'île.Pis j'veux pas bosser pour le RSA, j'veux un contrat normal.Pis j'ai vu les eborgnés. Pis non vacciné il m'emmerde.Pis je pense aux travailleurs qui ont été foutus anlanrue car refusant votre arn messager .Pis 10millions de pauvres,plus qu'en début de quinquennat ça compte.Pis si je traverse la rue, j'arrive dans une forêt, c'est chouette la forêt ,mais à part y chasser le tang et y planter du zamal... Pis je suis un islamogauchiste nan' Ni Macron ni lepen. Le barrage c'était au premier tour avec jlm.Rdv aux législatives ou quoi qu'il arrive,vous n'aurez plus la majorité dont vous avez joui depuis 5ans.Huguette n'est pas ma maîtresse, elle me tapera pas sur les doigts, elle respecte le jeu démocratique, elle.Ciao pantin.