Le président de la fédération française de surf est de passage sur l'île

Jean-Luc Arassus : "Il serait inconcevable d'interdire le surf à La Réunion"

  • Publié le 14 avril 2015 à 16:40

Le président de la fédération française de surf, Jean-Luc Arassus, est arrivé sur l'île ce mardi 14 avril 2015 pour un séjour de quatre jours, afin d'apporter son soutien à la famille et aux proches du jeune Elio, membre du pôle espoirs et mortellement attaqué par un requin ce dimanche aux Aigrettes. Prônant la mise en place rapide de dispositifs de sécurisation, il entend également faire passer un message aux autorités locales, à savoir qu'il serait "inconcevable d'interdire le surf à La Réunion".

Deux jours après le drame ayant coûté la vie au jeune Elio, quel est le sens de votre venue La Réunion ?

"Je suis d’abord venu pour présenter mes condoléances émues à la famille d’Elio et à ses proches. Je suis profondément touché, tout comme l’ensemble de la communauté des surfeurs français. Je suis là pour manifester tout notre soutien, mais aussi notre volonté de voir la mise en œuvre de dispositifs de sécurisation. Le temps de la tempérance doit être terminé."

Quel message allez-vous adresser au préfet et aux institutionnels de l’île ?

"Le message de fond que je souhaiterais délivrer, c’est que le surf réunionnais doit être préservé. Il serait inconcevable d’interdire le surf à La Réunion, comme il est inconcevable d’interdire à un îlien de mettre un pied dans l’eau. On doit tomber sur un consensus qui doit nous permettre de garder l’espoir et de faire en sorte que la pratique puisse reprendre. Je pense que la situation d’interdiction ne génère pas de la sécurité, bien au contraire."

"J'aimerais qu'un effort de pêche conséquent soit réalisé"

Et quel message adressez-vous aux pratiquants ?

"Un enfant de 14 ans, quand on lui interdit quelque chose, il a plutôt tendance à essayer de le faire en cachette. Je caricature, mais c’est un peu ça. Il faut revenir sur des messages de fond, en présentant le risque qui est évident et qui est très important, et souligner qu’aller surfer sans dispositifs de sécurisation, c’est prendre énormément de risques. Si je suis parent et que j’ai enfant de 14 ans, j’ai deux solutions : ou je déménage et je quitte La Réunion parce que mon fils est passionné, et un passionné on sait ce que ça veut dire, ou alors comme j’aime La Réunion et que je veux vivre ici, je compte sur les autorités pour trouver des solutions pour permettre à mon fils d’assouvir sa passion et je serai très vigilant dans la conduite de mes enfants en persévérant sur la conformité à l’interdiction."

À quels dispositifs pensez-vous pour sécuriser les spots de surf ?

"Il faut arriver à mettre en place très rapidement des solutions qui ont déjà fonctionné, comme les vigies requin renforcées. Et j’aimerais que dans le cadre des expérimentations Cap Requins, un effort de pêche conséquent soit réalisé, tout en gardant à l’esprit que le surfeur est un acteur citoyen. Il n’a pas besoin de leçons de morale sur son engagement pour soutenir la cause du requin au niveau mondial. On connaît très bien la situation, les surfeurs sont très engagés pour aider toutes les associations qui œuvrent dans ce sens-là."

Selon vous, l’État français a-t-il perdu du temps dans la gestion de la crise requin ?

"Oui, mais le fonctionnement de l’État est démocratique. Donc même dans l’urgence, on écoute l’ensemble des experts, des citoyens, il y a des procédures d’appel d’offres, des procédures d’analyse, des enquêtes... Ce qui est très complexe dans cette affaire, c’est que beaucoup d’experts, ou considérés comme experts, sont trop loin du terrain. Je pense qu’on n’attache pas encore assez d’importance à des gens qui vivent la mer, l’océan tous les jours. Allons parler aux pêcheurs, posons leur des questions, faisons appel à des surfeurs qui sont tous les jours dans l’eau. Et puis après faisons confiance aux autorités locales. Comme on l’a vu, les communes se sont engagées, le conseil régional s’est fortement engagé, donc ça veut dire que les politiques réunionnais croient dans l’avenir du surf."

"Les surfeurs sont des citoyens engagés"

Les surfeurs ont-ils été trop longtemps pointés du doigt ?

"Je pense sincèrement qu’on a fait une erreur d’analyse. Après la première attaque, la deuxième attaque, la troisième attaque, on a toujours mis en avant l’inconsistance du surfeur, son imprudence... Et ce jusqu’au jour où c’est un baigneur qui a eu droit à une sanction mortelle. Là effectivement, le débat change, parce que ce n’est plus un surfeur. La responsabilité, là elle change."

Que pensez-vous des études scientifiques qui ont été menées ?

"C’est difficile pour le président de la fédération française de surf d’être soutien d’expériences où les petites souris ce sont les surfeurs... Il faut arrêter. La tempérance, ça suffit ! Là, il faut des solutions."

Et des positions de certaines associations environnementales opposées à la pêche des requins ?

"Les surfeurs sont déjà des citoyens engagés : engagés dans le respect de l’environnement, engagés dans la dynamique et toutes les problématiques de l’océan. Ce sont des passionnés de l’océan, ce ne sont pas des passionnés des vagues pour faire des virages. À ce titre-là, ils ont une vision globale et citoyenne de l’océan. On n’a pas besoin que d’autres personnes qui auraient le monopole de la connaissance et de la sauvegarde de l’océan viennent nous donner des leçons. Nous, ça fait longtemps qu’on est engagé là-dedans."

"Il est hors de question d'arrêter le pôle espoirs"

Quel est l’avenir du pôle Espoirs de surf de La Réunion ?

"C’est complètement inconcevable d’arrêter le pôle espoirs à La Réunion. C’est hors de question stratégiquement pour la fédération. La Réunion est une terre de formation, créative en terme de méthodologie d’entraînement, créatrice de nombreux athlètes de très haut niveau. Et surtout, vu la qualité des vagues qu’il y a ici, c’est un territoire de surf. On peut le partager avec le requin."

Quels sont les moyens financiers alloués par la fédération au pôle Espoirs de La Réunion pour aider les jeunes à s’entraîner ou à partir en compétition ?

"Malheureusement très peu. Ça fait déjà de nombreuses années que venir surfer en métropole ça coûte énormément d’argent pour la ligue de La Réunion. On a essayé de trouver des solutions, parce que le surf réunionnais pour nous est incontournable. Mais on n’est pas à la hauteur de ce qu’on devrait donner. Il y a eu une demande du président de la ligue de La Réunion pour les prochains championnats de France, on va étudier une réponse, mais malheureusement pour nous, on n’est pas dans une situation facile, on n’est pas une fédération olympique et on n’a pas 740 millions d’euros de droits télé..."

www.ipreunion.com

guest
9 Commentaires
tibi
tibi
8 ans

Effectivement, une partie des surfeurs est pro environnement, et surtout tres raisonnable. Ce sont tous ceux en metropole ou ailleurs qui disent que malheureusement, pour le moment, il n’y a plus la pace pour le surf a la reunion. Parler d’inaction alors qu’un arrete prefectoral interdit la baignade, je trouve ca fort. Critiquer ce systeme ne fera qu’encourager les jeunes a retourner a l’eau, bravo! Le snorkelling est ma passion, et nous sommes bien plus nombreux que les surfeurs, cependant aucun d’entre nous ne crient au scandale...

Gros Zourite
Gros Zourite
9 ans

Oui vu à la TV, il se disait émue du drame mais il avait l'air plutôt amusé.
Allez baigne dans bord la mer don.

popol
popol
9 ans

Bravo "Maria" de nous rappeler que les marchands du temples n'ont rien à faire içi et surtout maintenant ! C'est une honte absolu d'entendre et voir ce déballage de la part du N°1 de la ligue de surf qui vient défendre les intérêts de son bizness en disant tout et son contraire !! Je suis surfeur, père de famille, électeur et Réunionnais depuis 15 ans, et les valeurs du vivre ensemble à la RUN n'ont jamais compté le surf ! L'argent des Réunionnais ne doit pas finir en filet et autre conneries pour gosse de riche ou autre BOBO qui ont le temps de "SURFER" ou pire "FAIRE DU SUP" ! Allez dire aux gens qui galèrent à pôle emploi que le fric qu'ils n'ont pas en formation à été alloué aux filets ou vigies SURF ! Allez dire les montants réclamés aux gens d'îlet à cordes à cilaos, aux mafatais et à tous ceux des hauts qui peine à avoir des infrastructures de qualité par manque de moyens !! Tout ca pour défendre les affaires de quelques vendeurs-loueurs de planches, écoles de surf et autres moniteurs : c'est lamentable ! Heureusement qu'il y a "L'argent des autres pour mon loisir" - "Ancien prof" - "Martine" et vous avez raison car je suis d'accord avec vos propos qui sont pleins de bon sens: ET JE SUIS SURFEUR DEPUIS 15 ANS !

ancien prof
ancien prof
9 ans

Merci, M. 1tienvomieuq2tulora, pour vos intéressantes remarques. Bien d’accord avec vous : dans le drame où nous sommes, il ne s’agit pas de jouer avec les mots. Mais, voyez-vous, ils gardent toujours leur sens. S’il nous faut nous débarrasser de la « tempérance » au sens de retenue et de mesure, que nous reste-t-il si ce n’est la démesure, c’est-à-dire l’hybris des Grecs, la célébration de la passion violente ? Hélas ! Je crois bien que nous en sommes là. Nous y sommes dans les affaires, nous y sommes dans la politique, et maintenant nous y sommes dans le sport. Et là, c’est grave, car l’éducation des jeunes ne doit pas être confiée à des managers qui renoncent, par leur démesure, à toute hiérarchie des valeurs. Voyez ce que disait là-dessus le philosophe chrétien Jacques Maritain. Soumettre une activité à la logique d’une volonté de puissance, c’est avoir un comportement animal, c’est renoncer à ce qui fait l’essence de l’humain. Ce n’est pas pour rien que le langage populaire dit des hommes d’affaires qu’ils sont des requins... Cordialement à vous.

Martine
Martine
9 ans

Peut-on faire plus creux et plus immorale?
Ainsi , pour fabriquer du champion et satisfaire à ses intérêts, la fédération française est prête à sacrifier quelques vies pourvu que globalement on arrête pas le surf!
Parce que de solution, il n en propose aucune si ce n'est pêcher- mais ou quand combien? - mais critique tout le monde sauf les surfeurs qu il faut écouter.....jusqu à l écœurement?

1tienvomieuq2tulora
1tienvomieuq2tulora
9 ans

Monsieur le professeur,
en effet tempérance signifie : une des quatre vertus morales, dites vertus cardinales, qui discipline les désirs et les passions humaines et a pour synonyme : “retenue” et “mesure”.
Il est donc exact de l'employer pour signifier qu'il est temps d'arrêter l'immobilisme ambiant régnant depuis le début de ce problème qui dure depuis plusieurs années et que la retenue et la mesure n'ont plus lieu d'être. Il est grand temps d'entrer dans l'action puisque les scientifiques n'ont apporté aucune solution concrète et que leur couteuse réflexion ne mène à rien de probant.
Et plutôt que de tergiverser en parlant de vocabulaire, allez-vous laisser encore longtemps la Réunion s'enfoncer dans une crise, et des femmes, hommes, enfants payer de leur vie une inaction et une non prise de décision ? Utilisez votre plume pour sauver des vies plutôt que d'attiser les rancoeurs existantes.
Merci monsieur le professeur

Maria
Maria
9 ans

Décidément ces gens-là ne pensent vraiment pas comme nous autres. Ils ne prennent même pas le temps d'attendre la cérémonie d'adieu à ce pauvre petit garçon pour défendre leur boutique, leur fédération, leur surf. Dans notre pays, le dernier hommage est très respecté. Nous nous recueillons, nous prions, nous pensons très fort à la famille, et les affaires sont laissées de coté. Bouclez-là s'il-vous-plaît.

ancien prof
ancien prof
9 ans

De l’interview du président Arassus, il ressort :
1. Qu’il ne maîtrise pas la langue française et que son ignorance risque d’entraîner de très fâcheuses conséquences pour les jeunes qui l’entendraient discourir. Que veut-il dire quand il proclame que « Le temps de la tempérance doit être terminé » ou que « La tempérance, ça suffit ! » ? Invite-t-il la jeunesse réunionnaise à sombrer dans toutes les passions et notamment dans l’alcoolisme ? Mais non ! M. le Président surfeur a seulement besoin de réviser son français : par ici, s’il n’a pas d’autres professeurs à sa disposition, on peut très bien le lui enseigner. La tempérance, M. Arassus, c’est la vertu par laquelle on modère ses passions, et notamment son goût trop vif pour le pinard ou le rhum. Vous confondez sans doute tempérance avec atermoiement ou tergiversation. Un petit stage pour le langage.
2. Que ce petit stage sur le langage doit être accompagné d’un grand stage sur la pédagogie. Car si les parents d’un jeune surfeur indiscipliné n’ont le choix qu’entre faire leurs bagages pour la Corrèze ou assiéger les autorités pour leur imposer leur point de vue, qu’en est-il des parents d’un jeune alcoolique, précisément ? Doivent-ils choisir entre l’émigration au Sahara et la prohibition à la Réunion ? Les fautes de français font rire, cette fausse de pensée fait pleurer. Insupportable.
3. Insupportable, ignorant, donc arrogant. Les surfeurs ayant une « vision globale et citoyenne de l’océan », les scientifiques, ces farceurs, peuvent aller se rhabiller ! « On n’a pas besoin que d’autres personnes qui auraient le monopole de la connaissance et de la sauvegarde de l’océan viennent nous donner des leçons. » OK Président ! Pas besoin de spécialistes de la faune, du climat, de la mer. Tout est dans le crâne des surfeurs ! Et dans le vôtre !
4. Conclusion du manager Arassus : « C’est complètement inconcevable d’arrêter le pôle espoirs à La Réunion. C’est hors de question stratégiquement pour la fédération. »
Eh bien, Président Arassus, voici :
Chez nous, on respecte la langue française comme la langue créole. Chez nous, on croit à l’éducation. Chez nous, on ne prend pas la science pour de la merde. Quant aux intérêts stratégiques de votre fédération, je vous laisse imaginer...
Bon retour. Et à plus tard.

l\'argent des autrespour mon loisir
l\'argent des autrespour mon loisir
9 ans

la suffisance et l'arrogance de ce monsieur :.alors que le France souffre d'une crise sans precedent , que les réunionnais se privent pour bouffer , ce monsieur estime que le monde doit tourner autour du loisir de quelques oisifs nantis , que personne d'autre que les surfers n'ont leur mot à dire et qu'il faut flinguer du requin . , tout celà ,au frais du contribuable ;