
En 2011, la première attaque semble presque anecdotique. Pas un fait inédit à La Réunion mais rare, très rare à l’époque. Pourtant, ce sera là la débuté d’un cauchemar mais ça, les Réunionnais ne le comprendront que plus tard. Dix personnes y laisseront leur vie. Des commerçants, leur gagne-pain. La Réunion, sa réputation.
Les pouvoirs publics prennent le problème à bras le corps. Le programme CHARC, une étude scientifique sur le comportement des requins tigres et bouledogues est lancé en 2012. Les autorités autorisent la pêche de squales. Mais rien n’y fait, les attaques de requin continuent et s’intensifient. En 2011 et 2012, les requins tuent trois personnes, en mutilent trois autres. Les autorités ne peuvent pas lutter. Ni les études sur le sujet, ni les opérations de pêche préventive n’arrêtent l’escalade mortelle.
Impuissantes face à un problème devenu sociétal, les autorités prennent une décision sans précédent, par mesure de précaution. En août 2012, un premier arrêté préfectoral interdisant temporairement la navigation maritime, la plongée sous-marine, la baignade, les activités nautiques et de pêche dans les eaux maritimes bordant le littoral de La Réunion est promulgué.
En février 2013, l’arrêté préfectoral est resserré, seules la baignade et les activités nautiques sont interdites. Les requins font la loi. L’océan n’est plus la place de l’homme. Depuis 2013, chaque année, au mois de février, l’arrêté est renouvelé. Trois préfets se sont succédés sur cette période, tous ont choisi de ne pas prendre de risque.
Les moyens pour réduire le risque requin sont doublés. Des structures dédiées à la crise sont crées. Les pêches préventives sont intensifiées.
Mais comment demander à des îliens de ne plus profiter de cet océan qu'ils aiment tant ? Les attaques de requin continuent. À un moment, les usagers de la mer bravant l'arrêté sont même verbalisés. Le sujet devient de plus en plus clivant. Les Réunionnais se déchirent. Tout le monde a un avis sur la question. Les calmes discussions d’antan virent au pugilat. Des dérapages xénophobes, racistes. On s’invective, on s’insulte, coups bas, campagne de haine sur les réseaux sociaux. Prendre parti devient presqu’une obligation. La crise requin déchaîne les passions.
Les surfeurs, principale communauté frappée par les attaques de requins sont pointés du doigt " mais pourquoi continuent-ils à se mettre à l’eau ? " s’indignent certains. Mais les certitudes finissent par voler en éclat. Les squales sont imprévisibles, attaquent au large, à moins de cinq mètres du bord, des baigneurs, des surfeurs, des bodyboarders, des pêcheurs… En pleine journée, sur des plages historiques où les Réunionnais se croyaient à l’abri. Boucan-Canot, l’Étang-Salé, les Roches noires deviennent le théâtre de drame. Il n’y a plus de règle. Nul n’est en sécurité. Ces plages où l’on se baignait en famille au coucher du soleil deviennent des tombeaux.
Les Réunionnais finissent par avoir peur de l’océan. Il était pourtant partie prenante de nos vies. Les traditions, les habitudes, les coutumes changent. Les pique-niques familiaux sur la plage au crépuscule sont remplacés par des pique-niques dans les hauts, près des bassins. Le lagon devient un site privilégié, victime de son succès, il suffoque. Les coraux sont piétinés, abîmés, dommages collatéraux de cette crise requin.
Cette crise a changé à jamais le visage de La Réunion et de la société réunionnaise. Mais elle ne trouve pas d’issue. L’attaque de ce mercredi 30 janvier est une tragique piqûre de rappel après dix-neuf mois de répit. Aujourd’hui, les certitudes d’hier ont laissé place à des interrogations qui ne trouvent pas de réponse. Sortira-t-on un jour de la crise ? Difficile de l’envisager après huit ans de tourmente.
fh/www.ipreunion.com
5 Commentaire(s)
La pêche sous DCPÂ"?dispositifs de concentration de poissons?Â" des plateformes flottantes qui servent d'abris aux poissons et avec lesquels les thoniers bretons et espagnols viennent cueillir les thons et autres espèces marines (tortues,requins, espadon etc) et sont remis a la mer la plupart du temps Morts ou abîmés. Il est prouvé l'impact écologique sur les ressources pour les requins notamment qui n'ont plus d'autres choix que de venir se "nourrir " sur les cÃ'tés protégées...
Greenpeace recommande simplement de ne plus consommer de thon en boîte pêchés avec cette méthode désastreuse mais tellement rentable pour l'Europe.
Reunionais vous pouvez changer les choses a votre niveau et cela commence par nos assiettes.
Si l'Union européenne ne fait rien alors commençons par arrêté d'alimenter cette économie qui brise la chaîne alimentaire dans l'océan indien.
on vivrait des grands moment de plongée.
Une nouvelle activité touristique pourrait même se développer.