Forte augmentation des accidents en mer

Huit tortues tuées suite à des collisions avec des bateaux cette année

  • Publié le 16 octobre 2021 à 13:00
  • Actualisé le 16 octobre 2021 à 13:56

Kélonia déplore huit accidents liées à des collisions bateaux - tortues depuis le début de l'année 2021. Un chiffre en forte augmentation alors que le centre de soins dénombrait un ou deux accidents par an en 2018 et 2019. Pour le directeur de Kélonia, Stéphane Ciccione, cette hausse est liée aux nouveaux bateaux sur le plan d'eau, aux techniques les rendant plus silencieux et plus rapides. A nouveau, il appelle les usagers de la mer à réduire leur vitesse, alors que la période de ponte va bientôt démarrer et que seules deux femelles se reproduisent à La Réunion. Entretien. (Photos Kélonia)

Imaz Press : En suivant Kélonia on a l'impression que le nombre d'accidents impactant les tortues se multiplient, le confirmez-vous ?

Stéphane Cicionne : Il y a clairement une augmentation, depuis trois ans environ. En 2018-2019 on comptait un à deux accidents de ce type, liés à des collisions avec des bateaux. En 2021, de janvier à septembre, nous en dénombrons huit. Six sont mortes, les deux autres n'ont pas pu être récupérées par le centre de soins. Des photos de leurs blessures prises en mer nous ont été envoyées, mais elles n'ont pas été retrouvées, sans doute parce qu'elles sont mortes également.

Quelles sont les blessures que vous pouvez observer sur les tortues blessées ?

Le type de blessures aussi a évolué depuis trois ans. Ce ne sont plus des stries nettes observables sur la carapace et liées aux hélices des bateaux. Là on constate des enfoncements de la carapace. A Kélonia nous avons encore deux tortues en cours de soins. L'une d'elles va être relâchée fin novembre, une autre le sera plus tard mais il reste encore des morceaux de carapace à soigner.

A quoi ce changement est-il lié selon vous ?

Les collisions ne sont pas dûes au même type d'engin. Il s'agit dans ce cas de bateaux constituées de dérives très coupantes. Ce mécanisme permet un léger soulèvement du foil (appendices latéraux élevant la coque au-dessus de l'eau, ndlr). C'est très bien pour les bateaux, ça permet d'économiser du carburant mais ce n'est pas bien pour la faune, car les bateaux font moins de bruit et les tortues ne les entendent pas arriver.

Quelles sont les espèces de tortues les plus impactées ?

Il s'agit essentiellement de tortues vertes et après on retrouve tous les âges. Le problème c'est que nous n'avons que deux femelles qui se reproduisent à La Réunion et nous arrivons dans une période sensible, celle de la ponte sur les plages de sable blanc, à Saint-Gilles et l'Hermitage, qui se déroule pendant l'été austral. Il est donc capital de réduire sa vitesse en mer.

Que peut-on faire pour faire diminuer ces accidents ?

La Brigade Quiétude intervient déjà en mer et la majorité des opérateurs sont déjà très renseignés sur le sujet, également par l'intermédiaire de la DMSOI (direction de la mer, ndlr). Pour les particuliers, c'est plus difficile de sensibiliser.

Quelle est la bonne vitesse pour piloter sur le plan d'eau ?

Les choses sont simples : dans la réserve marine, il faut respecter 5 noeuds (entre 9 et 10 km/h, ndlr) dans la zone des 300 mètres, et 10 noeuds au-delà (18,5 km/h, ndlr). Il n'y a pas d'obligation légale cependant mais c'est la bonne vitesse à adopter si on veut avoir le temps de voir les tortues en surface, et pour leur laisser le temps de réagir.

mm/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
Miss tampon
Miss tampon
2 ans

Ceux sont les bateaux de plongée, surtout ceux en eaux troubles...et les semi rigides qui font de la vitesse sur le parvou st gilles trois bassins ! Surveillez les têtes blondes c est une chose ,mais naviguer le long de la barrière à toute vitesse n est pas recommandé .

974
974
2 ans

Pour protéger les tortues des bateaux et notamment des hélices il faudrait une législation imposant une grille de protection au niveau des hélices. Cela protégerait également les êtres humains.