Pour la fin de la clause de conscience pour les praticiens

Interruption volontaire de grossesse : un droit fondamental à protéger et améliorer

  • Publié le 2 décembre 2021 à 08:51

Ce mercredi 1er décembre 2021, les député.e.s ont approuvé une nouvelle fois l'allongement du délai d'interruption volontaire de grossesse (IVG) à 14 semaines au lieu de 12 actuellement. Une avancée nécessaire, qui reste pour l'heure toujours incertaine alors que le Sénat avait rejeté le texte en 2021. Pire encore, la suppression de la clause de conscience a été rejetée par l'Assemblée, permettant ainsi aux gynécologues-obstétriciens de refuser de pratiquer des IVG...bien que cette procédure fasse partie de leurs compétences (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

S'il est vrai que la France est bien mieux lotie en matière de droits des femmes en comparaison à d'autres pays, même dans l'Union européenne, cela ne veut pas dire que nous pouvons nous reposer sur nos lauriers. Preuve en est que certains militent toujours pour une abrogation du droit à l'IVG en 2021.

Actuellement, c'est le délai légal qui est en discussion, et on ne peut pas dire que le débat se fasse de manière sereine. Même du côté de la présidence, qui se targue régulièrement de protéger les femmes, la pilule a du mal à passer. Tout récemment encore, Emmanuel Macron assurait que ces "délais supplémentaires ne sont pas neutres sur le traumatisme d’une femme". On ignorait que le Président était un spécialiste de la psychologie féminine, ou qu'il possédait un utérus lui permettant d'avoir un avis éclairé sur la question.

Cette réflexion est par ailleurs, comme souvent, déconnectée de la réalité. Car si en France le délai est de 12 semaines, ce n'est pas le cas chez nos voisins hollandais, espagnols ou encore anglais. Résultat : entre 3.000 et 5.000 femmes vont avorter chaque année à l'étranger, surtout en Espagne, où la législation est plus souple.

Mais ces voyages ont un coût économique comme psychologique. Frais de déplacement, de logement, d'intervention chirurgicale, mais aussi charge mentale pour préparer le voyage dans l'urgence – tout ça n'a rien d'une partie de plaisir, et pourrait être éviter pour nombre de femmes si le délai était allongé en France. Finalement, le "traumatisme supplémentaire" craint par M. Macron semble plutôt venir de notre législation actuelle que l'inverse.

- Clause de conscience -

Parlons aussi de la clause de conscience des gynécologues : celle-ci permet aux médecins de refuser de pratiquer des IVG, si cela va à l'encontre de leurs valeurs et leurs croyances. Un dispositif curieux, alors que le gouvernement ne cesse de répéter que "nul n'est au-dessus des lois de la République". Si l'accès à l'avortement est un droit fondamental, et que le France est un pays laïc, comment expliquer que certains médecins refusent de pratiquer un acte médical au nom de leurs croyances ?

Il convient aussi de mentionner que le président du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens, Bertrand de Rochambeau, est un anti-IVG notoir et qu'il considère l'avortement comme un meurtre. Rien de bien étonnant alors que cette clause soit toujours en vigueur, ce dernier n'étant probablement pas le seul à être de cet avis. Mais finalement, si réaliser son devoir le rebute à ce point, ne devrait-il pas tout simplement changer de profession ?

Garder cette clause, c'est risquer de finir comme nos voisins : en Italie, c'est environ 70% des médecins qui sont "objecteurs de conscience". Dans certaines régions, ce taux atteint les 90%. Pour les Italiennes, l'avortement est donc parfois synonyme de parcours du combattant(e), alors que l'IVG y est techniquement légal. Souhaitons-nous vraiment atteindre ce point ?

Alors que de nombreux pays régressent fortement en matière d'accès à l'IVG, que ce soit aux Etats-Unis où la Cour suprême commence à débattre de la garantie du droit à l’avortement, ou en Pologne où l'IVG est désormais interdite sauf en cas de viol ou d’inceste ou lorsque la vie de la mère est en danger depuis 2020, la lutte pour un accès garanti et sûr à cette procédure ne doit surtout pas s'essouffler.

as/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
Pierrot974
Pierrot974
2 ans

Sujet difficile à aborder, surtout pour les couples qui ont eu beaucoup de mal à procréer, ce qui fut notre cas. Quand on nous a fait écouter le c'ur de notre bébé de 23 jours, j'ai failli pleurer d'émotion. Et que de bonheurs depuis presque 5 ans aujourd'hui ! Ceci dit, une femme reste propriétaire de son corps et libre d'accepter, ou pas, la petite vie qui vient à s'y développer. C'est un choix, pas toujours de confort, qu'elle doit faire face à sa conscience. Mais ce n'est pas à un tiers de décider pour elle.

bill
bill
2 ans

Pensez vous cher Monsieur que le métier de Gyneco obstétricien consiste uniquement à enlever la vie de foetus en parfaite santé 'Vous proposez que ceux qui sont objecteurs de conscience changent de métierce jugement lapidaire , simpliste , laisse supposer que tout le reste de leur activité centré sur le soin , parfois sur le sauvetage de vies est secondaire Qu'est qu'une société qui tue des enfants en parfaite santé par millions ( 56 millions par an selon l'OMS dans le monde )Figurez vous qu'il existe aussi la possibilité d'accoucher sous X