Hommage

Saint-Paul : le Cimetière des esclaves oubliés mis en lumière

  • Publié le 13 mai 2019 à 02:57
  • Actualisé le 13 mai 2019 à 06:59

À l'heure des hommages des 170 ans de l'abolition de l'esclavage et à la date même symbolique du 10 mai, journée nationale des Mémoires de la Traite, de l'Esclavage et de leurs Abolitions, Saint-Paul i oubli pas. La commune a inauguré, pour l'occasion, le " Cimetière des Esclaves Oubliés", ce vendredi 10 mai au Cimetière marin. Cela démontre une réelle volonté de voir ce cimetière comme le symbole d'un lieu de mémoire et de recueillement à tous ceux qui ont permis de construire notre avenir librement.

Prosper Eve, le collectif Eli, le maire de Fort-Dauphin et sa délégation, le sous-préfet de Saint-Paul et une centaine de personnes étaient présents pour assister à cette mise en lumière de cet espace encore bien méconnu. 

Après le dévoilement de la stèle des révoltés de Saint-leu, l’inauguration du Jardin de la Liberté, l’hommage rendu à Delphine Hélod, une esclave affranchie, le parcours du métissage culturel dans le centre ville… Ce vendredi 10 mai a été inauguré le Cimetière des Esclaves Oubliés, la Ville de Saint-Paul continue son ambition à vouloir valoriser ses connaissances et de mettre en lumière son patrimoine immatériel. Cette concrétisation est la réalisation d’un travail de collaboration avec l’État, le département, la région, les services de la commune, les associations, les chercheurs, les historiens et les habitants.
C’est ensemble que nous avons pu mettre en commun un patrimoine riche et emblématique afin de pouvoir le transmettre à nos générations futures.

Le cimetière marin est aujourd’hui le troisième de la commune de Saint-Paul.
C’est en 1788 que l’on mentionne pour la toute première fois lors d’’une requête rejetée, la volonté de réserver un espace exclusivement aux esclaves. Son histoire peut être retracée grâce aux recherches de Sudel Fuma, à partir des travaux de Prosper Ève.

Rappel historique : Le passage du cyclone Gamède, en 2007, à La Réunion a marqué bien des esprits non seulement pour toutes les conséquences qu’un cyclone peut laisser sur son passage en perte matérielle et humaine, mais il a révélé des trésors jusqu’à maintenant bien enfouis, comme une promesse de n’être jamais dévoilée. Mais ce que l’Homme a voulu dissimuler au reste du monde, la Nature, avec toutes ses forces, a déterré un pan de notre histoire à jamais inscrit dans notre patrimoine. Une partie du cimetière marin a été révélée par le météore voilà maintenant plus de dix ans. Que nous a t-il dévoilé réellement?

La moitié de cet espace a été emportée par ce cyclone et dans la coupe creusée par la tempête, des ossements humains sont apparus. Des morphologies crâniennes découverts, semblables à celles des individus exhumés des populations africaines. La découverte remarquable d’un squelette d’une jeune femme présentant des dents taillées en forme de pointe, signe d’une mutilation dentaire pratiqué dans les différentes populations d’Afrique de l’Est et de l’Ouest. Ces vestiges ont provoqué une grande émotion à La Réunion. C’est tout un héritage culturel qui nous est offert. Ces recherches archéologiques ont non seulement fait progresser la connaissance de l’histoire de l’île, mais restituées un lieu de mémoire de l’esclavage.

Sous terre, prés de 4 000 corps ont été découverts. Ces découvertes placent le cimetière de Saint-Paul avec les îles de la Guadeloupe, de Saint-Martin, de la Barbade, et de Manhattan comme l’un des rares sites de fouilles dans le monde où cet héritage culturel – l’esclavage- a été retrouvé.

Un temps solennel a été marqué pour le dévoilement de la plaque où chaque passant pourra lire un poème dédié à cet endroit en signe de respect, de reconnaissance et d’humilité. " Savoir d’ou l’on vient pour avancer ", souligne le premier adjoint Yoland Velleyen.

Vient ensuite, la mise en terre par les personnes présentes d’un arbre symbole de la volonté de ne pas oublier et de toujours œuvrer pour notre culture, notre patrimoine et notre Histoire. Et enfin, Fernand Payet, kristoff Langrom et l’école municipale de musique se sont exprimés en poésie et en chant pour que les mots, les sons, aussi légers qu’une plume, puissent retentir en nous comme la vague que l’on entend, venant s’échouer sur le rivage de notre baie de Saint-Paul, berceau du peuplement.

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