Restrictions anti Covid-19

Demi-jauge : une épreuve de plus pour les lycéens

  • Publié le 26 avril 2021 à 12:49
  • Actualisé le 26 avril 2021 à 16:09

La mise en place de la demi-jauge semble causer bien des problèmes aux élèves comme aux enseignants dans les classes de La Réunion. Si le rectorat affirme que le dispositif est bien rodé, pour éviter un trop grand brassage d'élèves en raison du Covid-19, les lycéens se disent parfois perdus. Certains ont cours la moitié de la semaine, d'autres une semaine sur deux ou encore en demi-classe. En distanciel, certains ont peu d'exercices à faire, tandis que d'autres doivent suivre des cours en visio avec leurs professeurs. La crainte étant, notamment pour les classes à examen, de ne pas être préparés de façon suffisamment égalitaire d'un établissement à un autre. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

La mesure est en place depuis le 19 avril 2021 : pour limiter les risques de contaminations dans les établissements, les lycées pratiquent la "demi-jauge". Ainsi seule la moitié des élèves se rendent en cours, l'autre est en distanciel. La rectrice Chantal Manès-Bonnisseau avait annoncé la mise en place de cette mesure dès le 2 avril, et le 8 avril, trois premiers établissements ont testé la demi-jauge : Jean Hinglo, Moulin Joli et Léon de Lepervenche.

- Du mal à s'y retrouver -

Une semaine plus tard, le dispositif divise. Du côté des élèves, certains se disent un peu perdus. "On est divisés en deux groupes. J'ai cours trois jours par semaine" explique Julie*, 18ans, en classe de Terminale au Lycée Bellepierre (Saint-Denis). Celle-ci comprend mal pourquoi "aucun prof ne fait des visios. En général, ils mettent le cours sur ProNote, et on doit recopier. Ils nous donnent aussi des exercices à faire, des devoirs. C'est le seul moyen qu'on a pour garder contact avec les professeurs" admet-elle.

Pour la lycéenne, il s'agit surtout d'un "manque de moyens" dans l'établissement. Heureusement pour elle, la fracture numérique est limitée, avec l'attribution d'un ordinateur à chaque élève (plan ordinateur portable aussi appelé POP). Mais le manque de cours quand elle est chez elle la fait angoisser, alors que le bac arrive. "Je me sens plutôt en vacances" nous dit-elle.

En classe de Première au lycée Jean-Joly (La Rivière Saint-Louis), Tom*, 17 ans n'applique pas la demi-jauge de la même façon. Dans son établissement à lui, les lycéens ont cours une semaine sur deux. Mais il remarque que "il n'y a que la moitié des profs qui mettent les devoirs en ligne". Lui non plus n'a pas eu de cours en visio. Sa crainte : accumuler des retards sur le programme de français. "Au niveau du groupe de la classe on en parle beaucoup, et on est vraiment stressés parce qu'on a le bac de Français et on n'a pas fini les textes" s'inquiète-t-il.

Du côté de Sainte-Suzanne, Mélodie, 18 ans, est scolarisée au lycée de Bel Air. Elle déplore un manque d'informations et d'organisation des épreuves du bac à cause de la crise sanitaire, qui n'arrange rien à la demi-jauge mise en place actuellement. "Par exemple pour le grand oral on nous a informé à la dernière minute de ce qu'il faut faire, de combien de temps on doit parler. C'est dur avec les cours à distance, surtout s'il y a des choses qu'on ne comprend pas". La jeune fille avoue "déboussolée".

- "Manque d'organisation" -

De leur côté les syndicats remarquent un effort de la part du rectorat mais déplorent un manque d'organisation de cette demi-jauge. "Chaque établissement s'organise comme il l'entend" indique Corinne Peyré, du syndicat SNES-FSU. "Le problème pour nous c'est le risque que les classes à examen n'étudient pas dans des conditions identiques."

Pour elle, les enseignants font ce qu'ils peuvent et il est important de leur laisser une liberté pédagogique nécessaire à la préparation de leurs cours. "ProNote permet effectivement de garder le lien avec les élèves. La visio n'est pas obligatoire, et ça pousse à passer du temps devant l'écran, ce qui n'est pas toujours bon." Pour elle "le numérique ne fait pas tout", mais l'organisation même de la demi-jauge aurait dû bénéficier de concertations avec le corps enseignant et être "mieux calée".

Guillaume Aribaud, à la FSU, déplore un manque de moyens techniques. "Déjà nous ne sommes pas en télé-travail, nous sommes en cours à distance, donc on ne nous donne pas de matériel." La mesure n'est pas mauvaise mais les moyens ne sont pas suffisants selon lui. "Dans un lycée vous avez deux ou trois salles disponibles peut-être, pour permettre à l'enseignant de faire ses cours en distanciel. Les autres doivent se débrouiller, en espérant avoir une bonne connexion chez eux…"

- Apprendre des erreurs de 2020 -

Pour Guillaume Aribaud, rien n'a changé depuis le confinement de 2020. "Nous n'avons eu aucune formation supplémentaire sur les cours à distance, aucun développement des outils numériques."

Pour le rectorat pourtant, "les élèves ne sont pas abandonnés" et les retours des élèves sont plutôt positifs, contrairement à l'an dernier. "Autant pendant le confinement il y avait des difficultés, autant cette année c'est bien organisé" nous dit-on.

Laisser une marge de liberté aux établissements était justement une volonté de simplifier la mise en place de la demi-jauge, en fonction des moyens techniques et humains de chacun. "Le rectorat s'est déplacé dans plusieurs établissements la semaine passée, nous n'avons eu que des retours positifs." En fonction des lycées, salles et matériel sont disponibles pour les cours à distance et les emplois du temps ne sont quasiment pas modifiés. "Les chefs d'établissements savent comment faire" nous dit le rectorat.

Quant aux élèves qui s'estiment "en vacances", il ne faut pas confondre l'absence de visio et l'absence de cours. Les visios ne sont pas automatiques, ce sont aux professeurs de décider" nous dit-on. Ainsi, aucune obligation d'avoir des cours via la webcam. D'autant que selon le rectorat, les ressources pédagogiques en ligne ne manquent pas.

Bien que la préfecture de La Réunion se dirige plutôt vers un assouplissement progressif des mesures, le rectorat se prépare malgré tout à étendre la demi-jauge aux collèges, si la situation sanitaire le demande.

mm/mmo / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
tatafisso
tatafisso
2 ans

Je suis prof. Je n'ai eu que 4h de cours en distanciel depuis le début avec mes secondes. Ils ont du boulot à faire, je les revois la semaine suivante. On corrige et on avance. Les profs qui le peuvent font des classes virtuelles ( ce qui n'est pas la panacée : les élèves se connectent et ne sont pas tout le temps attentifs au cours sur écran puisqu'on ne les voit pas. ) Je pense aussi que les élèves s'affolent parce que.. c'est toujours l'époque de l'année où ils s'affolent. Les profs, eux, ne peuvent pas se dédoubler ni les informer quand ils n'ont pas les informations non plus. Mais sans prêcher pour ma paroisse, la majorité des profs sont au taquet pour compenser ces cours à distance.