Les restrictions sanitaires ne passent pas

Discothèques : une réouverture en demi-teinte

  • Publié le 5 octobre 2021 à 07:01
  • Actualisé le 5 octobre 2021 à 07:24

Depuis ce lundi 4 octobre 2021, les boîtes de nuit réunionnaises peuvent rouvrir leurs portes grâce à la levée du couvre-feu. Un soulagement alors qu'elles étaient fermées depuis mars 2020. Mais la nouvelle est ternie par de lourdes restrictions sanitaires. A la présentation du pass sanitaire s'ajoute le port du masque obligatoire sur la piste de danse, et les établissements ne peuvent recevoir que 50% de leur clientèle habituelle. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

C'est un véritable ascenseur émotionnel pour la plupart des gérant.e.s de discothèques. Après presque 19 mois de fermeture, les boîtes de nuit peuvent reprendre leur activité depuis ce lundi, mais les conditions d'entrée sont jugées trop strictes.

L'accès aux clubs se fait uniquement sur présentation du pass sanitaire, à savoir une attestation de vaccination, un test PCR (ou antigénique) négatif, ou bien un certificatif de rétablissement Covid de moins de six mois. Une condition à laquelle s'attendaient les boîtes de nuit.

Mais deux autres restrictions viennent s'y ajouter. Le masque est obligatoire, alors qu'il était simplement recommandé en Métropole au moment de la réouverture des discothèques. Il doit être "maintenu en intérieur et lors des activités de danse qu’elles aient lieu en intérieur ou en extérieur" précise la préfecture dans son communiqué du 1er octobre. Seconde décision : les clubs ne peuvent accueillir du public que "dans la limite d’une jauge correspondant à 50% de la capacité d’accueil maximale". En Métropole, cette jauge était de 75%.

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- "Une décision politique" -

"C'est la douche froide" avoue Christine Rémy, gérante du Pinkananas à Saint-Gilles et vice-présidente de l'UMIH (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie) Nuit. "Notre joie de rouvrir est gâchée par ces conditions. Jauge, masque, pass sanitaire… ça fait beaucoup. On veut être traités comme la Métropole."

A l'heure actuelle, de nombreux clubs sont encore en pourparlers pour se mettre d'accord sur une réouverture commune. A Saint-Gilles, c'est le cas du Titty Twister, du Loft ou encore du Beach Club, nous indique Christine Rémy. "Chacun fera ce qu'il veut et peut. Si une majorité décide de rouvrir ce week-end, nous serons compréhensifs et solidaires. Mais je ne veux pas d'une ouverture 'en douceur' moi. Après 19 mois de fermeture je veux une réouverture explosive !"

Le monde de la nuit digère mal le fait de ne pas avoir été convié aux discussions en préfecture. "C'est une décision politique, unilatérale. On aurait estimé logique d'être réunis à la préfecture avec l'ARS, pour réfléchir ensemble au protocole à mettre en place" s'agace Olivier Blondet, gérant du Honey à Saint-Denis.

Christine Rémy, elle, affirme avoir interpellé le préfet dès le 1er octobre. "On a appris la réouverture par communiqué de presse, en même temps que tout le monde. Aujourd'hui on a besoin de travailler pleinement, on ne doit pas subir des décisions venues de gens qui n'y connaissent rien et nous condamnent."

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Patrick Serveaux, président de l'UMIH, avoue lui aussi "avoir du mal à comprendre ce redémarrage sous restrictions". "Soit on a confiance dans le pass sanitaire, soit on ne l'a pas. Nous avions discuté du protocole avec le préfet mais il n'a jamais été question de mettre en place le masque obligatoire" s'étonne-t-il, alors que les chiffres du Covid ont chuté à La Réunion. "Aujourd'hui une porte a été entrouverte mais il faut négocier pour repartir dans les meilleures conditions possibles, tout en plaçant la santé des gens au centre bien entendu."

- "On va encore jouer aux gendarmes" -

Ces conditions de réouverture impliquent une surveillance accrue sur la piste de danse, irréalisable selon de nombreux gérant.e.s. "C'est tout simplement impossible" estime Olivier Blondet, qui décide de garder son établissement fermé. "Environ 90% des clubs ont une partie extérieure conséquente, à ciel ouvert. C'est le principe d'être sur une île !" Raison de plus selon lui de supprimer l'obligation du port du masque.

Dans un contexte dansant, festif, où l'alcool est aussi omniprésent, les gérant.e.s redoutent des interventions musclées en cas de refus. "En début de soirée ça va encore… mais en fin de soirée ça va être beaucoup plus compliqué" craint Emmanuelle Balafé, directrice du Villa Club à Saint-Gilles.

Face aux réfractaires, il faudra être solide. "Les refus en boîte de nuit sont déjà suffisamment délicats, alors avec le pass sanitaire… Et pour surveiller le port du masque, il y aura un vrai flicage à faire. Ça va être sport" appréhende Eric Baya, gérant du Shamrock à Saint-Pierre.

- Dans les starting blocks malgré tout -

Dans ce bar dansant du sud de l'île, il a fallu prendre une décision rapidement. "Nous avons eu envie de ne pas rouvrir à cause des conditions imposées, mais on a quand même besoin de travailler" raconte le gérant. Tout est prêt pour la soirée de reprise, ce vendredi 8 octobre, prévue de 21h à 4h du matin. "Nous avons fait des petits travaux, lavé les frigos… C'est quand même un grand soulagement."

Au Villa Club de Saint-Gilles, les équipes sont "dans les starting blocks" nous raconte Emmanuelle Balafé. "Nous allons reprendre du jeudi au dimanche de 22h à 5h. On est en pleins travaux pour rafraîchir le club et nous avons une toute nouvelle carte pour les clients." Pour la directrice, "c'est une joie de retrouver le public, de renouer le contact avec la clientèle", malgré la déception du masque obligatoire.

Résultat : dans les clubs ouverts les réservations vont bon train. Si bien qu'à cause des jauges imposées, le Shamrock de son côté ne pourra accueillir que celles et ceux qui ont réservé avant de venir. "On ne recevra donc que 150 personnes environ au lieu des 300 habituelles... on a déjà eu beaucoup d'appels" explique-t-il. Les clients s'annoncent nombreux pour la soirée d'ouverture.

mm/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Elodie1950 , depuis son mobile
Elodie1950 , depuis son mobile
2 ans

Je comprends la frustration des patrons de discothèques, elle est en partie justifiée.Par contre, "on veut être comme la métropole" oui pourquoi pas ' Mais n'oublions pas que la métropole a connu des restrictions extrêmement dures, beaucoup plus dures qu'à La Réunion. h