Manifestation

Les précaires expulsés du rectorat

  • Publié le 5 décembre 2005 à 00:00

Soutenus par la FSU et par le SGPEN-CGTR, une cinquantaine d'agents de l'Éducation national, employés en contrats précaires (contrats emploi solidarité et contrat emploi consolidés) ont brièvement occupé les locaux du rectorat à Saint-Denis ce lundi 5 décembre 2005. À la demande de l'inspecteur d'Académie, ils ont été délogés sans ménagement par la police. Du coup les syndicats de l'Éducation nationale appellent à la grève pour ce mardi

"En Métropole, ils tapent sur les jeunes des banlieues en disant que ce sont des délinquants. Ici à La Réunion, ils tapent sur des gens qui veulent travailler". Christian Picard, dirigeant de la FSU ne décolère pas. Avec Patrick Corré du SGPEN-CGTR et plusieurs autres manifestants, ils viennent d'être sortis du rectorat de force et sans ménagement par les policiers. Ils demandaient que le renouvellement des CES et les CEC de 558 agents, menacés de perte d'emploi au 31 décembre prochain.

"Solidarité"

"Ils occupaient un bâtiment public. Ils perturbaient le fonctionnement des services. Ils m'ont personnellement dit qu'ils ne quitteraient pas les lieux tant que le préfet ou le ministre de l'agriculture (en visite dans l'île le même jour -ndlr) ne viendraient pas les voir. La préfecture m'a fait savoir que cela ne serait pas possible. Dès lors il fallait évacuer" déclare Daniel Gilly, inspecteur d'Académie. En l'absence du recteur actuellement en métropole, c'est lui qui a négocié avec les syndicalistes avant de demander leur évacuation.
Soutenus par la FSU et par le SGPEN-CGTR, les manifestants, une cinquantaine, étaient arrivés sur place vers 13 heures. Ils s'installaient dans le hall, usant d'un mégaphone, les dirigeants syndicaux appelaient leurs collègues, agents titulaires du rectorat, à venir rejoindre le mouvement. L'appel ne restait pas vain. De nombreux employés sortaient de leurs bureaux. En signe de soutien ou simplement pour observer la scène. L'ambiance est plutôt bon enfant. Elle le restera jusqu'au moment où les policiers sont entrés dans les locaux. Une partie des manifestants s'est laissée pousser dehors. D'autres, protégés par leurs collègues titulaires, ont trouvé refuge ans les bureaux.

"Inadmissible"

Les derniers, parmi eux Christian Picard et Patrick Corré, sont montés dans les étages poursuivis par les policiers. Une fois rattrapés, c'est sans ménagement que ces syndicalistes ont été littéralement jetés dehors. Le tout sous les cris de protestation des agents titulaires du rectorat visiblement indignés par les méthodes employées. "On ne traite pas les gens comme ça. Ce ne sont pas des voleurs. Ils veulent juste travailler" s'insurge une employée. "Ici c'est le rectorat. Ces personnes sont des employés de l'Éducation nationale, elles sont donc chez elle ici. On ne peut pas les mettre dehors comme des chiens" tempête une autre. "C'est inadmissible. On ne peut pas laisser des collègues se faire traiter de la sorte. On ne peut pas l'accepter" renchérit jacky Chane Alune de l'UNSA. Ce lundi, son syndicat na pas appelé à la manifestation, "mais après ce que nous venons de vivre nous lançons une appel à la grève dès demain (mardi - ndlr) pour tous le personnel du rectorat. Son appel est soutenu par l'A.I. (le syndicat Administration et Intendance).

"Transférés"

C'est une nouvelle fois le risque de plus en plus grand de perte d'emploi pour 558 agents de l'éducation nationale en CEC ou en CES qui sets au c?ur des revendications. Rappelons que ces dispositifs d'emplois aidés seront supprimés par l'État au 31 décembre 2005. Ils sont remplacés par les contrats d'avenir (CAV) et les contrats d'accompagnement à l'emploi (CAE). Le problème est que les CES et CEC actuels ne sont pas du tout certains de pouvoir bénéficier des nouveaux dispositifs.
En effet, réforme de la loi de décentralisation oblige, la gestion des emplois qu'ils occupent est transférée aux collectivités. Au conseil général pour les agents intervenants dans les collèges et au conseil régional pour ceux travaillant dans les lycées. "La loi est la loi. Ces emplois et les budgets nécessaires à leur financement ont été transférés aux collectivités. L'État et donc le rectorat n'ont plus à intervenir. Ils ne peuvent en aucun cas signer des nouveaux contrats à ces personnes" estime Daniel Gilly. Il n'en démordra pas.

"Coups de poings"

Même pas lorsqu'on lui rappelle que les collectivités sont très réticentes à accepter le transfert et qu'en tout état de cause la loi n'oblige pas leur embauche et ne fait que la souhaiter. "En cette veille de Noël, ce sont plus de 500 pères et mères de famille qui vont perdre leur emploi. On ne peut pas laisser faire" martèle Christian Picard. Ni lui ni les autres manifestants ne semblent près à arrêter leurs opérations "coup de poing". Les jours prochains risquent d'être chauds.
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