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Le mal logement augmente

  • Publié le 29 mai 2008 à 00:00

La Fondation Abbé Pierre présente ce vendredi 30 mai 2008 son rapport sur le mal logement à La Réunion. La délégation régionale a élaboré un certain nombre de propositions afin d'enrayer un phénomène qui va en s'amplifiant.

Le constat est alarmant : actuellement, l'habitat précaire et insalubre toucherait près de 11 % de la population réunionnaise. Au 1er janvier 2008, 29 000 ménages avaient déposé une demande de logement locatif social auprès de bailleurs sociaux. Et les perspectives ne sont guère positives. En effet, nul n'ignore que la population réunionnaise devrait connaître une progression de 30 % d'ici 2030 et atteindre le million d'habitants. D'autre part, la forte pression immobilière et foncière subie par notre territoire entraîne, depuis cinq ans, une hausse importante du prix des logements. Mais les constats les plus graves concernent la politique d'aménagement foncier pour le logement social. Ainsi, la livraison de logements locatifs sociaux, comme le note le rapport de la fondation Abbé Pierre de La Réunion, chute continuellement depuis huit ans (entre 1995 et 1999, 2500 logements étaient livrés chaque année contre 900 en 2007), de même que la dotation budgétaire " LBU " (ligne budgétaire unique) affectée à la production de logements sociaux, pour la Réunion (105 millions dans les années 90 contre 70 millions en 2008).

La fondation réclame plus de moyens

Les sept propositions de la Fondation Abbé Pierre pour tenter d'endiguer la croissance du mal logement sur l'île sont en réalité des requêtes qui peuvent se résumer en une seule : accorder davantage de moyens au logement social - orientés d'une manière plus judicieuse - afin de résorber l'habitat précaire et insalubre sur l'île. Parmi les différentes remarques émises, la délégation régionale souhaite " inscrire dans la loi programme pour l'outre-mer la ligne budgétaire unique (LBU) comme socle de financement du logement social outre-mer ". Elle propose également de " relancer et d'amplifier la production de logements sociaux ". Pour atteindre cet objectif, la fondation préconise de définir une programmation pluri-annuelle des crédits affectés à la LBU (aides à la pierre) et d'accroître le nombre de logements sociaux neufs (locatifs et accession) à hauteur des besoins et conformément aux objectifs de la loi sur le droit au logement opposable (DALO) : 5000 logements par an au lieu des 2000 livrés depuis 3 ans.

" Reconsidérer les paramètres de financement du logement social "

Selon la délégation régionale, il convient également de " reconsidérer les paramètres de financement du logement social en tenant compte de l'évolution des coûts de construction et de l'application des nouvelles normes (protection sismique, accessibilité....) " et de " définir un dispositif de défiscalisation efficace pour le logement social dans la loi programme pour l'outre-mer ". Autre proposition, l'application rigoureuse, dans les communes concernées, de l'article 55 de la loi SRU en matière de production de logements sociaux (au moins 20 % de logements sociaux). La fondation aimerait également que la politique de maîtrise foncière implique " un rôle incitatif accru de l'Etat ", " une implication des intercommunalités " et " un engagement des communes ". Par ailleurs, pour combler les retards importants constatés en matière d'équipements en réseaux (assainissement, eau potable...), la fondation exige une politique d'aménagement foncier ambitieuse, prise en charge par un FRAFU (fonds régional d'aménagement foncier et urbain) et des moyens financiers augmentés. Enfin, elle recommande d'encourager et de diversifier les solutions ou structures d'hébergement d'urgence et d'habitat adapté qui demeurent largement insuffisantes.
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