Intégration des Mahorais

La Réunion, terre hostile

  • Publié le 20 octobre 2010 à 06:00

La commission "Épanouissement humain" du Conseil économique, social et environnemental régional (CESER) a publié ce lundi 18 octobre 2010 un rapport sur l'intégration de la population mahoraise à La Réunion. Un rapport qui part d'un constat : "les populations originaires de l'archipel des Comores ne suscitent pas toujours l'empathie de la population réunionnaise. Le malaise s'exprime avec plus d'acuité vers les Mahorais, Français depuis 1941". La commission "Épanouissement humain" présente dans ce document un état des lieux sur la situation concrète de cette composante de la société réunionnaise. Elle y fait aussi un certain nombre de préconisations pour faciliter l'intégration de cette population sur l'île.

La population mahoraise à La Réunion représente 5 900 habitants, selon l'étude de l'Insee "Migrations : l'impact démographique et économique" publiée en mai 2010. Cette étude recense les natifs de Mayotte. Pour les représentants de la Fédération des associations mahoraises, il y aurait 60 000 Mahorais qui vivent à La Réunion. Un chiffre qui est "invérifiable", selon le CESER.

C'est une population en pleine mutation en raison des flux migratoires. En effet, "la plupart des migrants mahorais présents en 1999 ont quitté La Réunion, soit pour retourner à Mayotte, soit pour aller en Métropole", peut-on lire dans le rapport.

Parallèlement, une nouvelle population mahoraise arrive à la Réunion. Elle est majoritairement composée de femmes célibataires qui viennent avec plusieurs enfants, ce qui a tendance à rajeunir cette population. Selon une enquête Credoc/ODR réalisée en 2004, les Mahorais interrogés sur leurs motifs à l'immigration évoquaient à 57% "l'espoir de bénéficier à La Réunion d'aides sociales plus importantes" qu'à Mayotte. 62% des personnes interrogées ont aussi "le souhait d'une scolarisation meilleure de leurs enfants".

"Cependant, en arrivant à La Réunion, les Mahorais se heurtent tout de suite à la réalité économique et sociale de l'île" et rencontrent donc des difficultés d'insertion dans la société réunionnaise. Des difficultés qui se traduisent d'abord par un sentiment de rejet de la part des Réunionnais. L'enquête Credoc/ODR montre que 42% des originaires des Comores, de Madagascar et de Mayotte, jugent la population réunionnaise "peu accueillante" et même "hostile" pour 15% d'entre eux. Et 44% des Mahorais qui se sont exprimés se disent victimes de racisme.

La seconde difficulté rencontrée est le mal logement. 60% des Mahorais sont confrontés à ce problème à leur arrivée. Selon l'enquête Credoc/ODR, la moitié des migrants habite un logement défectueux et 25% un logement social.

L'autre problème auquel ils doivent faire face est le fort taux de chômage. Ce taux est de 35% sur l'île. Il avoisine les 40% pour les Mahorais et les 80% pour les Mahoraises. La faute à "un très faible niveau de formation" des Mahorais résidant à La Réunion, "plus faible même que leurs homologues restés à Mayotte", indique le CESER.

Toutes ces difficultés combinées exposent la population mahoraise "aux risques d'exclusion sociale, sans beaucoup de moyens de tenir à l'écart de ce processus les générations les plus jeunes", constate le rapport. "Cette précarité induit un regroupement des familles les plus démunies dans les poches d'insalubrité, ce qui s'apparente à un phénomène de ghettoïsation", peut-on encore lire. Principales victimes de ce phénomène, les enfants qui se retrouvent en "perte de repères identitaire et culturelle". "Dans bien des cas, ces enfants devenus adolescents se retrouvent livrés à eux mêmes, et ils tombent dans la délinquance", signale le rapport.

Le CESER note néanmoins que les municipalités mettent en place des politiques publiques susceptibles d'aider cette population. Ces actions sont orientées vers le logement, l'emploi, l'éducation, et vers des actions socioculturelles et de coopération régionales. "Cependant, les initiatives de ces municipalités ne peuvent être que limitées et partielles, à la hauteur de leurs moyens et de leurs compétences", nuance le rapport.

Le Conseil économique, social et environnemental régional émet donc des préconisations susceptibles de "faciliter l'intégration" des Mahorais à La Réunion. Première recommandation, "développer une politique concertée et globale entre La Réunion et Mayotte". C'est-à-dire mettre en place des actions de coopération et de co-développement durable entre les partenaires locaux (Etat, collectivités, chambres consulaires) et les instances mahoraises.

Cette politique globale doit s'appuyer, d'une part, sur une diffusion auprès de la population de l'île, des outils de connaissance des populations migrantes, "afin de mieux prendre conscience de leur place dans la construction de la société réunionnaise". D'autre part, elle s'appuie sur une meilleure connaissance des flux migratoires et de la motivation des arrivants afin de mieux répondre à leurs préoccupations.

Le CESER se fixe également 4 chantiers prioritaires pour faciliter l'intégration de la population mahoraise, à savoir une politique de logement appropriée, l'acquisition et la maîtrise du français, l'insertion des jeunes dans un parcours professionnels et la prise en compte de l'interculturalité. "La commission tente ainsi d'indiquer la voie de l'apaisement des tensions au sein de l'ensemble de la population réunionnaise, et ainsi de renforcer le tissage des liens qui font La Réunion", termine le rapport.

Mounice Najafaly pour
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1 Commentaires
Milou
Milou
9 ans

Pompéie oui mai on peut pas prédire l'avenir Dieu seul le sait pour arriver malheur serat a la terre entière mais il a dit t'en que l'arc-en-ciel apparaîtra sa n'arrivera pas