Emploi-Statistiques

La bataille des chiffres est lancée

  • Publié le 26 mai 2011 à 06:00

Sans emploi, ne signifie pas inscrit au Pôle Emploi. Une distinction importante à l'approche de l'élection présidentielle où la question du chômage sera débattue sans aucun doute. En début de semaine, le directeur national de Pôle Emploi indiquait dans un quotidien économique que 2 000 demandeurs d'emploi étaient sortis des listes chaque mois en France pour avoir refusé deux offres successives. A la Réunion, sur une moyenne de 700 radiations administratives mensuelles en 2010, seules 15 l'étaient pour refus d'emploi.

Au mois de mars 2011, 7,3% des demandeurs d'emploi réunionnais étaient radiés des listes de Pôle Emploi pour des raisons administratives. 840 chômeurs sortis des statistiques qui pourtant, ne sont pas retournés au travail. Absence à une convocation, " refus sans motif légitime " à une offre et d'autres raisons peuvent entrainer une sanction administrative qui se traduit par une suspension des droits aux allocations chômage pouvant aller de deux à six mois.

Mis en place en 2008, ce système de radiation a instauré par ailleurs, le système de l'offre raisonnable d'emploi. Il s'agit d'une offre qui se situe dans un périmètre de 30 kilomètres du domicile de la personne et qui correspond globalement à ses compétences. Refuser deux " offres raisonnables " entraine donc la radiation des listes de Pôle Emploi. En métropole, ils sont 2000 par mois à être radiés pour cette raison. A la Réunion, ils seraient une quinzaine selon Pôle Emploi.

Ces radiations ont un impact sur la perception du public des chiffres du chômage. En clair, elles les font baisser. Et à l'approche de l'élection présidentielle, le débat revient : les statistiques de Pôle Emploi sont accusées de ne pas refléter exactement la situation du chômage. Pourtant, l'organisme s'en défend : " Pôle emploi ne mène pas de politique de radiations. Les conseillers ont pour mission d'accompagner les demandeurs d'emplois, pas de les radier. Pôle emploi n'y aurait aucun intérêt ".

Selon le service communication de Pôle Emploi à la Réunion, " sur le plan financier : les demandeurs d'emplois conservent tous leurs droits acquis. Les allocations sont décalées dans le temps et non pas annulées. Il n'y a donc aucun gain financier ". Par ailleurs, Pôle Emploi indique que " la radiation nécessite l'envoi de courriers, la gestion humaine et administrative d'une éventuelle contestation, une réinscription. Il s'agit d'une procédure lourde. "

Aucun intérêt donc à faire baisser artificiellement les chiffres du marché de l'emploi, selon Pôle Emploi. Pourtant, à chaque élection, le débat revient. A la Réunion, l'INSEE publie chaque année le taux de chômage : il s'établit à 28,9% de la population active selon les dernières statistiques. Ce chiffre constitue " la mesure officielle selon les critères du bureau international du travail ", indique Thomas Patenotte, chargé d'études sur l'emploi à l'INSEE Réunion.

Et c'est cette mesure qui permet de calculer la réalité du chômage. Elle prend en compte des critères comme la disponibilité pour occuper un emploi dans les 15 jours, la recherche active de travail où le fait de ne pas avoir travaillé durant la semaine de référence. " Etre inscrit au Pôle Emploi ne suffit pas ", indique Thomas Patenotte.

C'est pourquoi, alors que l'élection présidentielle approche, la question des radiations administratives revient sur la table. A la Réunion, 11 520 personnes sont sorties des listes de Pôle Emploi au mois de mars 2011. 25% d'entre elles ont repris une activité déclarée (emploi ou stage) et 55% n'ont pas actualisé leur dossier (ce qui peut aussi signifier une reprise d'activité sans en informer le Pôle Emploi).

Mais finalement, connaître les véritables raisons pour une grande part de ces radiations est flou. Régulièrement, des témoignages de personnes victimes de radiations abusives sont rapportés par la presse. Rendus publics jeudi 26 mai, les chiffres de Pôle Emploi font état d'une baisse du nombre de demandeurs d'emploi de 0,1% au mois d'avril par rapport au mois précédent. Mais sur un an, la demande d'emploi a augmenté de 10%. Nul doute que le débat ne fait que commencer.

Marine Veith pour
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