Ex Arast - Mobilisation devant le conseil général

Jules Bénard en grève de la faim

  • Publié le 7 janvier 2012 à 10:04

En solidarité avec les anciens salariés de l'Arast, Jules Bénard, journaliste et écrivain, a entamé une grève de la faim ce samedi 7 janvier 2012. Il s'agit de la sixième personne qui cesse de s'alimenter pour réclamer au conseil général le versement d'indemnités de licenciement à environ 700 ex salariés de l'Arast. Ce que la collectivité départementale refuse en rappelant que, conformément aux lois en la matière, ce paiement incombe à l'AGS (caisse de garantie des salaires).

Originaire de Saint-Pierre, ancien journaliste de presse de presse écrite quotidienne et magazine, écrivain, Jules Bénard, a cesse de s'alimenter pour "soutenir" les ex salariés de l'Arast. Il est le sixième à se mettre en grève de la faim pour le même motif.

Le mercredi 21 décembre, Paul Junot, dirigeant de la CFTC - soutien de la première heure des anciens salariés -, et Carmen Allié, conseillère municipale d'opposition de Saint-Denis - et "extérieure au dossier" -, arrêtaient de manger. Cela faisait alors 22 jours (la mobilisation a commencé le mercredi 30 novembre), que des ex salariés de l'Arast campaient devant les grilles du palais de la Source, siège du conseil général, afin d'obtenir une entrevue avec Nassimah Dindar, présidente du Département. C'est la fin de non recevoir à cette demande qui motive le début de la grève de la faim. Les grévistes s'installaient eux aussi devant les grilles fermées du Département.

Le lendemain, jeudi 22 décembre, Jacques Zéphir, membre du parti de gauche et "extérieur au dossier" cessait de s'alimenter. Mimose Libèle, ancienne salariée de l'Arast, se mettait à son tour en grève, peu après. Ce mardi 3 janvier, Patrick Fary, personnalité du monde associatif et "extérieur au dossier" rejoignait le mouvement et arrêtait de manger. Jules Bénard le fait à son tour de samedi 7 janvier. Désormais 6 personnes sont dont en grève de la faim.

Une rencontre entre la CFTC, à a demande de ce syndicat, et Nassimah Dindar est prévue pour la mi janvier. "D'ici là nous serons certainement très affaiblis, mais nous tiendrons le coup" commentait ce samedi Paul Junot. Lui comme les trois autres personnes en grève depuis une quinzaine de jours maintenant, ont perdu "7 à 8 kilos". Des médecins du Samu sont venus les examiner à 4 reprises depuis le début du mouvement et des médecins libéraux bénévoles assurent une surveillance constante.

Je ne peux pas dire que c'est facile, mais il est hors de question pour nous de nous allonger sur des matelas pour susciter la pitié" lance Paul Junot. "Nous sommes actifs, nous continuons à être mobilisés et à revendiquer" dit-il. Hormis l'eau, les grévistes absorbent des petites quantités de sel "pour éviter la déshydrations", de chlorure de magnésium "pour éviter les crampes], de sucre et de jus e citron "pour le tonus, puisque c'est debout que nous menons notre action revendicative" explique de la syndicaliste. "Certains disent que nous ne sommes pas vraiment en grève de la faim puisque nous prenons du jus de citron et du sucre. J'invite ces personnes à venir faire grève avec nous avec le même régime, si c'est si facile" s'emporte presque Paul Junot.

Rappelons que l'Arast, une association spécialisée, notamment dans l'aide à domicile aux personnes âgées, a été liquidée par le tribunal de commerce en décembre 2009. La structure, fortement subventionnée par le conseil général, était lourdement endettée. C'est à la suite du refus de la collectivité départementale de renflouer une nouvelle fois les caisses de l'association que la liquidation était prononcée par le tribunal de commerce. 1 200 salariés se retrouvaient au chômage.

La loi prévoit que dans ce type de situation les indemnités des salariés soient payées par l'AGS. Cette dernière a pourtant refusé de payer en estimant que l'aide à domicile aux personnes âgées étant une compétence du conseil général et que l'Arast ne vivait que par les financements du Département, il revenait à ce dernier soit de réembaucher les salariés, soit de les indemniser. C'était le début d'un imbroglio juridique tout de suite fortement politisé - la campagne pour les élections régionales venait de commencer -, qui n'a toujours pas trouvé son épilogue.

Les décisions rendues par les tribunaux des prud'hommes n'étaient pas de nature à éclairer l'affaire. Les prud'hommes de Saint-Denis condamnaient l'AGS à payer les indemnités de 372 ex salariés. Ceux de Saint-Pierre rendaient la décision inverse et condamnaient le conseil général à verser les indemnités de 128 travailleurs. Ces ex salariés ont été indemnisés, mais près de 700 autres dossiers sont toujours en attente d'examen par les prud'hommes.

C'est pour obtenir le versement de leurs indemnités que le mouvement devant les grilles du conseil général a été lancé le 30 novembre dernier. "Nous proposons que l'AGS avance les indemnités de licenciement dans tous les dossiers qui n'ont pas encore été examinés par les conseils des prud'hommes. Nous proposons aussi que, préalablement à ce paiement, le conseil général s'engage à rembourser la caisse de garantie des salaires pour le cas où la cour de cassation dirait qu'il revient au Département de payer les indemnités" explique Paul Junot.

"Ne pensez-vous pas que vous vous trompez d'adversaire, légalement c'est à l'AGS de payer les salariés licenciés d'une entreprise en faillite ?" avait demandé Imaz Press Réunion au syndicaliste fin décembre. Il avait répondu "je suis conscient que cela peut apparaître comme une contradiction. C'est la cour de cassation qui dira au final qui aurait dû payer". En attendant, l'AGS a opposé une fin de non recevoir à la requête d'avance de paiement des indemnités. Aucune mobilisation des ex salariés de l'Arast et de leurs soutiens devant les portes de cette caisse de garantie des salaires n'est prévue.

Mahdia Benhamla pour
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