Situation conflictuelle au Port (actualisé à 23h15)

Les camions bloquant la SRPP enlevés

  • Publié le 21 février 2012 à 20:35

A 23 heures ce mardi 21 février 2012, les camions bloquant les accès de la SRPP (société réunionnaise des produits pétroliers) ont été enlevés. Le mouvement des transporteurs leur a complètement échappé en début de soirée. Après une longue réunion de cinq heures avec le préfet Michel Lalande, Jean-Bernard Caroupaye est revenu vers ses troupes annonçant la signature d'un protocole d'accord, avec l'assurance d'une réunion le vendredi 24 février pour discuter de la baisse du prix des carburants. Il demandait de laisser circuler les camions de la SRPP, provoquant la colère des manifestants venus gonfler les rangs des transporteurs au cours de la journée.

A 23 heures, les camions ont finalement commencé à bouger, libérant les accès de la SRPP. Les transporteurs ont levé le camp. Des barricades enflammées ont pris place à plusieurs endroits du Port.

Vers 21 heures, Jean-Bernard Caroupaye a quitté le campement des transporteurs, visiblement éprouvé physiquement, poursuivi par une cinquantaine de manifestants mécontents. Suite à la signature d'un protocole d'accord avec le préfet, il a demandé de laisser circuler librement les camions de la SRPP. Mais les manifestants sur place ont refusé de le faire. "Ou la appel a nou, nou lé la, fais comme ou veu, nou nou bouge pas", a lancé l'un des manifestants au président de la FNTR.

Les esprits se sont vite échauffés au Port, et quelques ralés poussés se sont produits dans la foule. Alors qu'un transporteur se dirigeait vers son camion, les manifestants se sont placés devant lui, le sommant de ne pas bouger son camion.

Joël Mongin, ancien chef de file du mouvement des transporteurs, a pris la parole pour dire à Jean-Bernard Caroupaye : "Je connais le Port, si tu laisses passer les camions, le Port s'enflamme ce soir. Il ne faut pas bouger, moi je ne bougerai pas", lui a t-il signalé, décrédibilisant au passage le président de la FNTR.

A 21 heures, c'est la plus grande confusion qui règne aux abords de la SRPP. La population, appelée à la rescousse dans la matinée par la FNTR, est dans un désaccord total avec l'annonce faite par Jean-Bernard Caroupaye. Les manifestants continuent à demander la tenue d'une réunion avant vendredi, et crient leur colère contre la vie chère.

On peut dire que les transporteurs de la FNTR ne sont plus du tout maîtres de leur mouvement entamé en début de semaine. Après avoir installé dans le calme des barrages aux abords de la SRPP lundi, la situation s'est brusquement tendue dès ce mardi matin, lorsque le préfet a ordonné de libérer les accès au dépôt pétrolier "afin de ne pas pénaliser plus longtemps l'activité économique de l'île et de préserver la liberté de circulation". Tout au long de la journée, c'est un face-à-face tendu qui a eu lieu entre les forces de l'ordre prêtes à charger et les transporteurs qui refusent catégoriquement de bouger.

En après-midi, alors que le dialogue a repris entre le préfet et les représentants de la FNTR au Port, la tension était toujours aussi vive aux abords de la SRPP, où les transporteurs ont été rejoints par des centaines de citoyens venus les supporter. La présence de ces manifestants citoyens fait écho à l'appel lancé un peu plus tôt ce mardi par le président de la FNTR, Jean-Bernard Caroupaye. "On demande le soutien de la population, on fait ça pour tout le monde, n'ayez pas peur de nous rejoindre pour lutter contre la dictature", demandait-il en matinée. Tout au long de la journée, des petits groupes viendront gonfler les rangs des manifestants donnant à ce combat contre le prix des carburants des allures de lutte sociale contre la vie chère.

Les transporteurs ont aussi eu le soutien de Thierry Robert, maire de Saint-Leu, venu plaider en leur faveur. "On est en démocratie, il faut discuter autour d'une table, on ne peut pas charger des manifestants comme ça. Le temps de la colonie à La Réunion est fini", a-t-il commenté. Puis le maire du Port, Jean-Yves Langenier, est venu sur le terrain en milieu de journée, pour tenter d'apaiser les esprits et de trouver une solution face au dialogue de sourds qui s'est installé entre les autorités et les représentants de la FNTR.

A noter qu'en matinée, l'intervention des forces de l'ordre avait permis de libérer partiellement l'accès à la SRPP, et une vingtaine de camions a pu quitté le dépôt pétrolier pour approvisionner l'aéroport et quelques stations-services, provoquant la colère des transporteurs. "Ils nous trahissent, comme d'habitude, on est en train de se faire avoir !", scandaient-ils. En après-midi, tous les accès menant à la SRPP ont été de nouveau bloqués par quatre camions et les manifestants ne sont pas disposés à laisser rentrer les camions citernes au dépôt pétrolier.

Plusieurs stations services de l'île étaient déjà en rupture de carburant ce mardi, notamment celles du Port. La situation pourrait se compliquer un peu plus ce mercredi. La nuit, elle, s'annonce plus que tendue.

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