Grève enseignante ce jeudi 17 septembre

Non à la réforme du collège !

  • Publié le 14 septembre 2015 à 15:26

L'intersyndicale FSU-FO-CGTR-Educ'Action-Saiper-Snalc appelle tous les personnels du premier et du second degré à venir manifester ce jeudi 17 septembre, à partir de 10 heures, devant le rectorat de Saint-Denis et la mairie de Saint-Pierre pour protester face à l'application de la réforme du collège. Les syndicats concernés demandent l'abrogation totale d'un texte qui n'apportera qu'une "baisse qualitative" des enseignements.

Faux arguments pour mettre fin à un "prétendu élitisme", désertion à venir du public au profit du privé, sévère mise en concurrence des professeurs, pénalisation des élèves en grande difficulté… Décidément, cette réforme du collège, prévue pour la rentrée 2016, ne passe pas du tout auprès de l'intersyndicale enseignante FSU-FO-CGTR-Educ'Action-Saiper-Snalc. Au milieu de ce marasme à venir, les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) se retrouvent au centre des débats et subissent un feu nourri. Le but affiché du ministère de l'Education nationale est d'introduire officiellement l'interdisciplinarité dans les emplois du temps, sur le modèle des préconisations de l'Organisme de coopération et de développement économiques (OCDE).  

Sauf que "l'interdisciplinarité a toujours été pratiquée, souffle Santiago Alonso, secrétaire académique du Snes, syndicat national des enseignants du second degré. Là, elle est décrétée par des gens dans des bureaux qui n'ont jamais été confronté aux réalités de l'enseignement. Cette interdisciplinarité va être mise en place sans que l'on donne les crédits pour le faire, pour la mener à bien." L'un des points de crispation est lié au contenu de ces EPI, "très flou, puisqu'actuellement non défini". La réforme du collège propose un cadre sans fournir d'outils ou des pistes pédagogiques : "une coquille vide" selon les enseignants opposés à son application. De ce fait, chaque établissement se retrouve contraint d'organiser les contenus des enseignements localement, à sa sauce. Il y a environ 6 000 collèges en France : potentiellement, 6 000 façons différentes de faire.

Le volume horaire réquisitionné pour les EPI pose également problème car il se fait au détriment des matières traditionnelles "fortes" comme les mathématiques, le français ou l'histoire-géographie. "On est en train de déshabiller certaines disciplines pour en habiller d'autres, mal cadrées, résume Santiago Alonso. C'est un peu fumeux quoi." "Est-ce que l'interdisciplinarité a un sens si les disciplines qui la composent ne sont pas maîtrisées ?", renchérit Jérôme Ethève, secrétaire départemental Force ouvrière. L'intersyndicale pointe du doigt une baisse de cinq heures d'enseignement par semaine dans le cursus collège (de la 6ème à la 3ème). Non pas des heures de présence de l'élève, qui aura toujours un emploi du temps bien rempli, mais des heures dévolues aux disciplines principales précitées. Par exemple, au lieu de 4 heures de français hebdomadaires en 6ème, ce sont 5 heures que la réforme du collège prévoit, dont 2 heures d'EPI ou d'accompagnement personnalisé (AP). Soit au final, une perte d'une heure d'enseignement du français…

"L'enseignement du créole va être mis en difficulté"

Jérôme Ethève n'hésite pas à y voir une éventuelle raison économique et beaucoup plus pernicieuse : "Au moment où il sera question de baisser les horaires, ce ne sera plus des horaires de français, de maths ou autre que l'on supprimera, mais des EPI, et finalement personne ne viendra se plaindre. C'est quelque chose qui a déjà été fait par le passé avec les itinéraires de découvertes (IDD)."

Outre l'interdisciplinarité, la disparition programmée de certaines options (latin, grec, langues régionales…) et de certaines sections, bilingues notamment, au prétexte de gommer un "élitisme déguisé" ne convainc pas. "L'enseignement du créole va être mis en difficulté", analyse Santiago Alonso quand Valérie Vitry,vice-présidente du Syndicat national des lycées et collèges (Snalc), se désole d'une réforme qui "fait perdre la possibilité à des élèves de tout milieu social de disposer d'options différentes en fonction de leurs motivation et capacités". "L'école a toujours été là pour faire progresser l'élève, le tirer vers le haut, enchaîne-t-elle. Dire que l'on ne veut pas d'élite, c'est dire qu'on ne veut pas pousser l'élève au maximum de ses capacités." L'intersyndicale ne demande pas que le texte soit revu : alors que "80 % de la profession y est opposée", elle exige que la réforme du collège soit abrogée, purement et simplement.

www.ipreunion.com

guest
2 Commentaires
Ncko
Ncko
8 ans

incroyable... on reconnaît aux enseignants la capacité de décider eux-même comment faire leur travail et ils s'en plaignent... dans un monde où tant de salariés se plaignent de l'automatisation et des procédures qualité, on voit des gens se plaindre de se voir accordé de la liberté dans leur équipe !

Popol
Popol
8 ans

Qui suis je? J'ai un emploi sur, j'ai la suremuneration, je travaille 18 h par semaine, je me plain tout le temps. ..je suis? Je suis?