Coupe du monde de football

Les Bleus n'ont plus la cote

  • Publié le 20 juin 2010 à 09:30

Accueillis triomphalement à La Réunion il y a un peu moins de 3 semaines, l'équipe de France semble avoir de moins en moins les faveurs des Réunionnais. La faute à des résultats médiocres durant la coupe du monde en Afrique du Sud, un jeu peu séduisant et une ambiance de plus en plus morose au sein des vestiaires. On peut même penser que les langues vont se délier davantage à l'issue de la coupe du monde. Nombreux sont les Réunionnais qui attendent l'arrivée de Laurent Blanc à la tête de l'équipe de France afin qu'il "impulse une nouvelle dynamique" et qu'il puisse "faire le ménage" au sein de la sélection française.

C'était le 1er juin 2010, l'Airbus de l'équipe de France atterrit sur le tarmac de l'aéroport de Pierrefonds à 7 heures 20. Le rêve de milliers de Réunionnais devient enfin réalité après 6 mois d'attente. Tout au long de leur séjour, l'enthousiasme autour des Bleus ne faiblit pas. A l'aéroport saint-pierrois, ils sont 300 fans à avoir fait lé déplacement, certains depuis 4 heures du matin. Plusieurs dizaines d'amateurs bravent le froid pour voir Thierry Henry et consorts faire du vélo alors qu'ils ne signeront aucun autographe. Lors d'un entraînement public au stade Michel Volnay, le 2 juin, 3 600 marmailles sont présents pour applaudir leurs idoles alors que 200 autres sont bloqués à l'entrée de l'enceinte.

La folie "Bleus" atteint son paroxysme lors du match France - Chine du 4 juin au stade Michel Volnay. 11 000 Réunionnais font le déplacement pour voir jouer les hommes de Raymond Domenech. Plus de 4 000 d'entre eux ont acheté leur ticket à des prix allant de 20 euros à 50 euros. Dans une ambiance surchauffée, saluée par la presse nationale, les supporters encouragent l'équipe de France. En vain, les Bleus ne trouvent pas les chemins des filets, et pire encore, s'inclinent face à la 84ème Nation mondiale 1 à 0. Une défaite "historique". Dans les tribunes, la joie de voir ces stars prend le pas sur la déception. Une centaine de supporters fait même le déplacement jusqu'à l'aéroport de Pierrefonds pour voir une dernière fois les Bleus et leur souhaiter "bonne chance" pour la compétition en Afrique du Sud.

Mais dans la rue, la colère gronde. Certains dénoncent l'attitude des joueurs Français qui se sont isolés du public réunionnais. D'autres pointent du doigt "les piètres performances" des Bleus. Malgré tout, l'espoir de voir l'équipe de France lever le trophée doré le 11 juillet prochain l'emporte, mais pas très longtemps. L'attaque française est une fois de plus muette lors du premier match des Bleus en coupe du monde, face à l'Uruguay (0 - 0) le 11 juin. Dès lors, les premiers échos sur de possibles frictions au sein de l'équipe de France apparaissent. On parle notamment de tensions entre les "cadres" de l'équipe (Ribery, Anelka) et Yoann Gourcuff. Les Réunionnais sont quant à eux très critiques sur les choix du sélectionneur. Ils demandent la sortie de Nicolas Anelka et de Sidney Govou au profit de Thierry Henry ou de Djibril Cissé en pointe ainsi que de Mathieu Valbuena dans le couloir droit.

Le défaite contre le Mexique 2 à 0, le 17 juin dernier, ne fait qu'attiser la colère des supporters qui ne croient plus aux chances des Bleus de se qualifier pour les 8ème de finales. "Imposteurs", titre même un quotidien sportif national. Le désastre sportif de l'équipe de France prend une nouvelle tournure après les révélations du journal "l'Equipe", ce 19 juin. Les journalistes dévoilent un clash entre Raymond Domenech et Nicolas Anelka durant la mi-temps du match France - Mexique. Aux reproches du sélectionneur sur son positionnement offensif, l'attaquant français aurait répondu "va te faire enculer sale fils de pute".

Dès lors, c'est le déchaînement. Les politiques condamnent cette attitude et appellent les Bleus à "la retenue". Les Réunionnais ne cachent pas leur indignation face à de tels propos. Surtout que le quotidien sportif fait état d'autres faits "déplorables" comme un doigt d'honneur de William Gallas à des journalistes ou encore la tension de plus en plus palpable entre Yoann Gourcuff et Nicolas Anelka et Frank Ribery. Le soir même de cette révélation, le couperet tombe. Nicolas Anelka est exclu de l'équipe de France. Il a déjà quitté le camp d'entraînement des Bleus et devrait être rapatrié en métropole ce dimanche 20 juin. Patrice Evra, capitaine des Bleus, parle quant à lui de "traitre au sein de l'équipe" pour qualifier ces révélations faites à presse alors qu'elles devaient rester dans le secret du vestiaire.

Que reste t-il désormais de l'équipe de France ? "Un champ de ruine", "des stars capricieuses et surpayées", "une équipe sans âme" sont des commentaires qui reviennent souvent. Très peu croient au "miracle" d'une qualification des Bleus pour les 8ème de finales. "Ils rentreront en France après le match contre l'Afrique du Sud", commentent des amateurs de foot, désabusés.

La page des 6 années de Raymond Domenech à la tête de la sélection française est en passe d'être tournée. Une page qui, selon certains, aurait dû être tournée il y a deux ans, après le fiasco de l'Euro 2008. Jean-Pierre Escalettes, président de la Fédération française de football, avait décidé de renouveler sa confiance en Raymond Domenech, à la surprise de tous. Les résultats 2 ans après prouvent qu'il s'agissait d'une erreur.

Le responsable de la FFF en assumera t-il la responsabilité ? Au regard de ses déclarations lors de la conférence de presse donnée en Afrique du Sud ce 19 juin, il semble que non. Interrogé par le quotidien l'Equipe sur une possible démission, Jean-Pierre Escalettes a répondu "Non, je n'ai jamais dit ça à personne. Même pas à ma femme. Non, non...".

Les yeux sont désormais tournés vers l'après Domenech. Laurent Blanc sera le nouveau sélectionneur de l'équipe de France à l'issue de la coupe du monde. Nombreux sont ceux qui attendent de celui qui a permis à Bordeaux d'être champion de France en 2009 "beaucoup de changements", qu'il saura apporter une nouvelle dynamique, un nouvel esprit et du sang neuf dans cette équipe en perdition. Gageons que les premiers résultats de l'ère Blanc seront analysés sous toutes les coutures.

Mounice Najafaly pour

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