Thaïlande - Sport de combat

Le pays où le muay thaï est roi

  • Publié le 18 août 2012 à 07:02

Avec ses 50 000 pratiquants et ses millions d'adeptes, le muay thaï (boxe thaï) est le sport roi en Thaïlande. Pour beaucoup de jeunes garçons - et depuis quelques temps de jeunes filles -, sa pratique est aussi l'unique espoir d'améliorer sa condition sociale et celle de sa famille. À la fois art martial et sport de combat la boxe thaï n'admet pas de demies mesures. Les coups sont réellement portés et presque tous sont permis. Les meilleurs boxeurs combattent sur les rings de Lumpinee et de Rajadamnoen, deux quartiers populaires de Bangkok, la capitale thaïlandaise. Les combats attirent des milliers de spectateurs, prêts à parier - parfois cher -, sur leurs favoris. Ici le muay thaï est une institution.

Un vendredi soir comme un autre sur Rajadamnern avenue . La circulation est dense. Elle est encore compliquée par les nombreuses voitures et motos s'arrêtant en double ou triple file pour laisser descendre leurs passagers. Le long de la rue, des shorts et des gants de combats sont exposés dans les vitrines des commerces brillamment illuminés. Des marchands ambulants proposent des fruits, des brochettes, des soupes aux centaines de personnes qui attendent d'entrer dans un édifice à peine imposant. Les exclamations que ceux qui sont déjà l'intérieur s'entendent jusque sur le trottoir.

Bienvenue au Rajadamnern stadium, l'un des deux grands "temples" de Bangkok dédiés à la boxe thaïlandaise. Ici les combats se disputent tous les mardis, vendredis et samedis soirs

La salle est comble. Autour du ring quelques rangées de chaises, pompeusement baptisées "carrée VIP" sont occupées par des touristes de différentes nationalités. Le public, le vrai, celui des inconditionnels du muay thaï, a pris place sur des gradins. Tout le monde est debout. Tout le monde crie des encouragements. Beaucoup parient. Parfaitement clairs pour les bookmakers et les joueurs, les codes gestuels de ces paris sont incompréhensibles pour les non initiés.

Sur le ring, les combats ont commencé à 18 heures 30. Ils sont poursuivront jusqu'à 23 heures. De chaque côté de l'aire de combat, un coin est réservé aux entraineurs et soigneurs de chaque école de muay thaï en compétition.

Pour tous les combattants, le rituel est le même. Avant de monter sur le ring, chaque boxeur rend hommage aux esprits en s'agenouillant. Le proche espace autour de l'aire de combat est d'ailleurs sacré. Les femmes n'ont pas le droit d'y entrer. Pas plus qu'elles ne peuvent toucher le ring, "parce qu'elles sont considérées comme impures" explique un peu gêné, un membre du service d'ordre.

Une fois sur l'aire de combat, les deux boxeurs exécutent le rammuay, une danse rituelle d'hommage à leur maître de combat et de recherche de concentration. Tous les combats sont rythme par la musique aigrelette d'un orchestre regroupant une flute traditionnelle, un tambour et des cymbales.

Les plus jeunes boxeurs s'affrontent en début de compétition. Recrutés à partir de 7 ans, les adolescents ont déjà le corps qu'ils se sont sculptés au prix de longs entraînements souvent douloureux. Les coups de poings, de coudes, de pieds, sont à peine retenus. Ces combats là se déroulent en trois rounds de trois minutes. Une éternité pour le combattant subissant la loi de son adversaire. Et c'est parfois le KO d'un protagoniste qui écourte la confrontation.

Le public crie et parie déjà, mais il attend visiblement l'arrivée de combattants plus aguerris. Ceux là font leur entrée en milieu de soirée. Ils sont professionnels et leurs combats comptent cinq reprises de trois minutes. Le premier round est celui de l'observation. Le regard bas, le visage protégé par une garde haute, les deux boxeurs se jaugent, s'évaluent, tentent de s'intimider. La deuxième reprise est celle du réel début du combat et c'est à la troisième que le public commence à parier. L'excitation monte au fil des secondes. Chaque coup porté est ponctué par le cri de milliers de poitrines.

Dans le coin réservé aux staffs des écoles, on mime les coups, on hurle des conseils aux combattants, on demande au public de les encourager. Sur le ring, les coups sont violents. Les bras, le dos, le visage des boxeurs rougissent rapidement sous les impacts. Les corps à corps sont nombreux. Les chutes aussi.

C'est sans doute cela qui en Occident donne au muay thaï la réputation de "sport de voyou". Un jugement de valeur sans véritable sens en Thaïlande. Recrutés très jeunes par les écoles de boxe, les boxeurs s'entrainent à la dure tous les jours. Pendant des heures. Les entrainements sont solidement encadrés. Le respect, voire la dévotion, vis-à-vis de l'entraîneur (les boxeurs thaï disent "le maître") est totale. C'est ce qui fait dire communément aux Thaïlandais : "le muay thaï est une école de la vie, pas de voyou".

Mahdia Benhamla pour www.ipreunion.com


* Le muay-thai est un art martial et un sport de combat créé pour les militaires thaïlandais au 16ème siècle. Il est classé en Occident parmi les boxes pieds-poings (BPP), c'est-à-dire les boxes dites "sportives". Avec la boxe birmane (bama lethwei), la boxe thaï a la réputation d'être la plus violente des cinq disciplines pieds-poings du Sud-Est asiatique. Ses pratiquants estiment au contraire que toute technique peut faire l'objet de contrôle. On lui reproche surtout de répandre l'idée que tous les coups sont permis.
Source http://fr.wikipedia.org/wiki/Muay_thaï

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2 Commentaires
manassas
manassas
11 ans

Ah oui,j'oubliais : magnifiques photos Re P.S : sur une des photos , c'est pas Rungravee ( sassiprapa ) que l'on voit ? Salutations cordiales.

manassas
manassas
11 ans

Excellentes explications,un grand merci a vous , car si des internautes lisent votre post ,ils seront sensibilisés a l'état d'esprit "Muay Thai".Honneur-courage-sacrifice"et autres valeurs ,ainsi que la magie de la Thaîlande .Encore merci-kop khun a vous et les Nak Muay et tous les passionnés se retrouverons dans vos propos.P.S : mon fils a combattu au Raja le 24.03.2013 (victoire s/décision).