Le surf réunionnais se relève doucement malgré la crise requins

Patrick Florès : "Ça va redémarrer, j'en suis persuadé"

  • Publié le 21 septembre 2015 à 05:00

Lors des championnats du monde juniors de surf qui auront lieu du 11 au 18 octobre 2015 en Californie, seulement deux Réunionnais feront partie de l'équipe de France : Lisa Girardet et Mathis Crozon. Avec la crise requin, le nombre de sélectionnés venus de l'île a fondu comme neige au soleil. Mais pour Patrick Florès, ce "trou de génération" ne va pas durer bien longtemps. L'entraîneur national - et adjoint à la mairie de Saint-Paul - estime que l'installation de systèmes de protection pourra relancer comme il se doit le surf réunionnais. Et lui redonner la place qui est la sienne.

Vous avez sélectionné uniquement deux Réunionnais pour les championnats du monde juniors qui auront lieu aux Etats-Unis. C'est peu par rapport à avant. Qu'en pensez-vous ?

Il est clair que cela n'a pas été évident ces dernières années pour l'entraînement. Mais au contraire, moi je trouve ça incroyable d'avoir encore deux réunionnais de sélectionnés ! Lisa et Mathis sont issus du programme de "sauvetage du surf réunionnais" et ont bénéficié des dispositifs de la ligue réunionnaise de surf et de la fédération depuis quelques années. Luca Bernard est passé juste à côté de la sélection, il est passé à une ou deux places près. Moi je trouve ça plutôt positif.

Pour quelle raison ?

Ce n'est pas évident pour eux. Les heures d'entraînement ne sont plus les mêmes. Ça n'a plus rien à voir avec avant. A La Réunion, les sportifs doivent s'entraîner avec le Pôle Espoir dans des heures bien définies. A l'époque, ils s'entraînaient au Pôle Espoir, mais en dehors de ça, ils avaient le triple de pratique en "free surf." Je trouve ça exceptionnel d'avoir encore deux réunionnais sélectionnés pour l'instant. En attendant le renouveau du surf.

Quelle était la situation à l'époque ? Il y avait 50 % de Réunionnais en sélection, c'est ça ?

En général, oui, il y avait un gros pourcentage de Réunionnais dans les équipes de France. Ça ne date pas d'hier. Cela a toujours été le cas. Le surf réunionnais, depuis les années 80, a été à la pointe du surf français. A partir du moment où les tahitiens sont devenus indépendants, le surf réunionnais a pris la première place.

Récemment, Jérémy Florès a créé l'exploit en remportant le Billabong Pro Tahiti, alors que Johanne Defay s'était imposée lors de l'US Open. Est-ce que la nouvelle génération de surfeurs réunionnais peut prétendre à remporter de tels titres ?

Pour l'instant, dans la nouvelle génération, on n'a plus la quantité qu'on avait avant. On a accès maintenant sur la qualité. Mathis et Lisa ont beaucoup de chance de réussir leur carrière. Mais il faut savoir que c'est assez sélectif, puisqu'il n'y a que le Pôle espoir. Derrière, nous n'avons pas de jeunes qui peuvent s'entraîner. On n'a plus de gamins de 10 ans qui s'entraînaient tout seul avec leurs parents à Trois-Bassins. Il faut pour l'instant se contenter de ce qu'on a.

C'est-à-dire ?

On a un trou de génération, il ne faut pas se voiler la face. Mais ce n'est pas du fait de la ligue réunionnaise de surf, la crise nous a amené là. Maintenant, tant mieux que le surf réunionnais continue à briller avec des Johanne, des Maxime et des Jérémy qui ont été formés avant la crise requin. Je le répète : je trouve tout de même exceptionnel, malgré cette crise, d'avoir encore des jeunes qui réussissent comme un Jorgann Couzinet qui brille. On s'en sort bien !

Pensez-vous que le surf réunionnais va retrouver son niveau, grâce notamment à l'installation de filets ?

Ca va redémarrer. Je sais. J'en suis persuadé et je l'ai toujours su. Je ne suis pas rentré pour rien. C'est pour ça que je suis revenu. Et quelque part, il ne faut pas oublier qu'on a des jeunes réunionnais qui sont en France en ce moment comme Louis Alamélou. Ils ont fait le choix avec leurs parents de vivre 7 mois de l'année en France. On n'entend pas trop parler de ceux là qui ont 12-13 ans, mais eux surfent 8 mois de l'année. Ça va venir. Ils ont fait partie des présélections de jeunes et on est assez malins dans le milieu du surf réunionnais pour s'en sortir.

D'ailleurs, que pensez-vous des surfeurs réunionnais qui partent s'installer sur la côte Atlantique ?

Il faut à un moment donné qu'un surfeur réunionnais puisse aller sur la côte basque et dans les landes surfer des "beach break" (ndlr : vagues qui s'écrase directement sur le sable), que ce soit la crise ou non. Mais il est quand même plus intéressant pour un surfeur réunionnais de rester sur son île quand c'est l'hiver en France. On est bien d'accord. Ils ont un temps de travail en free surf à La Réunion qui est deux fois plus important que lorsqu'ils sont en hiver en métropole.

Justement, ne faudrait-il pas encourager ce retour à La Réunion ?

Il faut absolument que les Réunionnais puissent rentrer à un moment donné dans leur île pour pouvoir surfer toute l'année. Les vagues de l'île donnent un style qui est propre aux Réunionnais. C'est un style plus fluide. Cela donne une confiance en soi que l'on n'a moins lorsqu'on surf sur du sable où il n'y a pas de danger. C'est pour ça que Jérémy a pu gagner Teahupoo : il n'a pas peur du risque.

www.ipreunion.com

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1 Commentaires
eve rose
eve rose
8 ans

Bien sûr que le surf fera son retour il y a des dizaines d enfants qui en revent.
J y crois .non le surf n est pas mort a l ile de la reunion.