[VIDÉOS] Regroupement du Club Réunion (actualisé)

Jeux des Îles : les muscles et les esprits s'échauffent

  • Publié le 8 mai 2019 à 12:57
  • Actualisé le 8 mai 2019 à 13:23

Depuis quelques mois, à l'approche des Jeux des Îles, les muscles et les esprits s'échauffent. La Réunion sera évidemment de la partie et ils seront 281 athlètes accompagnés de 112 officiels dans l'avion pour Maurice pour les compétitions qui se dérouleront du 19 au 28 juillet 2019. Malgré une préparation "low-cost," et un manque flagrant de considération de l'Etat, le Club Réunion tentera de tirer son épingle du jeu. Ce mercredi 8 mai a lieu son premier rassemblement, l'occasion de faire le point... (Photo : RB/Imaz Press Réunion)

"Les athlètes sont dans les starting-blocks. La délégation définitive n’est pas encore tout à fait arrêtée et même s’ils n’ont pas été gâtés par leur préparation au niveau financier, ils ont réussi à tous se débrouiller pour être à leur meilleur niveau à la bonne date,"  souligne Monique Cathala, présidente du Cros (Comité régional olympique et sportif).

Et pour se mettre un peu plus dans le bain des jeux, les athlètes recevront ce mercredi 8 mai tous les renseignements dont ils auront besoin pour les compétitions. Réglementation, encadrement, présentation de la tenue, hébergement… "Ils feront également connaissance, ils seront regroupés, c’est important d’avoir l’esprit Club Réunion. L’après-midi sera plus festif avec des jeux et une fresque qui sera dessinée," décrit Monique Cathala. Une grande fête du sport avant le défilé d'ouverture dans l'île soeur.

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Être dans l’avion pour Maurice en juillet prochain n’était pourtant pas gagné. Pendant des mois, les bénévoles, les ligues, les coaches et les amoureux du sport en général ont mené des actions, écrit des lettres aux ministres, lancé des pétitions, pour sauver les Jeux des Îles. Un "parcours du combattant," pour Adolphe Pépin, vice président du Cros. Finalement, en août dernier, l’Etat, le Département et la Région ont réussi à trouver les 600.000 euros nécessaires. Un soulagement.

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"Heureusement que nous avons l’esprit sportif et que nous n’avons pas lâché le morceau ! Au niveau local, nous avons du soutien, celui des maires, des parlementaires, du Préfet. A 10.000 kilomètres, l’Etat ne s’en rend pas compte des problèmes d'ici," souffle Monique Cathala. 

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Une préparation "au rabais"...

Et maintenant que le Club Réunion a sa place dans l’aventure, hors de question de baisser les bras. Le Cros y croit, dur comme fer. "Bien sûr, ce sera dur, mais on y croit !," s’exclame-t-on au Comité. Et ce malgré la préparation "au rabais" des athlètes qui laissent parfois un goût amer aux Ligues sportives.

"Nous sommes dans un fonctionnement low-cost, nous le ressentons si bien que nous ne savons pas ce que va devenir le Pôle Espoir l’année prochaine. Mais nous nous entraînons, nous avons déjà fait un match de préparation pour les garçons contre l’équipe de France qui était sur l’île et quelques Réunionnais évoluent dans les championnats de haut-niveau en métropole. Mais nous n’avons pas les moyens !" martèle Johann Guillou, président de la Ligue réunionnaise de basket, énumérant les athlètes et les financements...

En natation, ce n’est pas la même situation. Les athlètes, souvent jeunes, s’entraînent individuellement dans leur club et de nombreuses rencontres sont organisées. "Nous savions que nous allions avoir une diminution de crédit, nous avons fait en fonction. Mais nous n’avons été au courant de notre réelle participation qu’à la fin de l’année et c’était difficile pour se préparer. Il n’y avait pas l’ambiance et moins de motivation. Résultat : beaucoup de nageurs se sont désistés. C’est une première," explique Franck Schott, Directeur technique régional de natation.

Le handisport rencontre les mêmes difficultés. "Les athlètes se préparent plus ou moins bien et plus ou moins mal. Nous n’avons pas de financement. Nous avons 12 athlètes et seulement 9.000 euros. On nous demande de faire du sport international, il faut arrêter ! Tout s'est dégradé l'année dernière" annonce Annie Amacouty conseillère technique du Comité handisport de La Réunion. Pour les 1.500 mètres en fauteuil, elle ne s'attend ainsi pas à une médaille, la faute surtout au manque d'argent et de temps de préparation. "Nous avons du matériel qui date, adapté à d'anciens athlètes. Un fauteuil coûte dans les 6.000 euros et il faut le commander trois mois à l'avance. L'année est dure. On va à la mort" indique-t-elle.

... et des concurrents sérieux

D’autant plus que la concurrence est de plus en plus dur. D’année en année, le niveau monte, en face de La Réunion, il y a désormais de sérieux concurrents. Pays organisateur, Maurice a déjà bien annoncé les couleurs… La compétition coûtera la modique somme de 6,6 milliards de roupies mauriciennes (soit 168.313.200 euros), du jamais-vu. Avec un tel investissement, les athlètes locaux se donneront à fond. Madagascar également est à craindre, tout comme les Seychelles qui excellent en voile. "Ce n’est pas grave, nous avons le cœur," répond très optimiste Monique Cathala.

Pour la natation par exemple, la discipline traditionnellement la plus pourvoyeuse en médaille, "nous nous en sortons toujours bien mais les nageurs mauriciens sont de sérieux concurrents. Nous ne les avons pas côtoyés depuis deux ans. Impossible de savoir s’ils ont progressé, ce sera la surprise. Nous nous préparons au mieux et s’il y a de l’adversité c’est mieux, non ?" rit Franck Schott qui ne doute pas de la présence des Réunionnais sur les podiums.

Les derniers Jeux des Îles ?

Pour le Cros, si les Jeux des Îles ne sont pas inscrits dès 2020 comme une étape incontournable du sport dans l’Océan Indien, "je pense que nous n’irons plus," déplore Monique Cathala. "Si nous voulons vraiment continuer les Jeux des Îles, il faudra se battre pendant les quatre prochaines années, ne pas attendre les deux dernières années," estime Adolphe Pépin.

Du côté des présidents des ligues sportives, c’est le même discours. "Je suis très pessimiste. Il faut gérer au centime près, nous ne pouvons plus rien faire. Nous sommes contents d’y participer, pour les athlètes. Mais l’Etat français oublie que nous représentons le drapeau bleu blanc rouge dans l’Océan Indien," soupire Johann Guillou.

"Il faudra voir quel est le but des instances : si c’est juste de participer, pour représenter la France, pour la fraternité et le "tout va bien dans le meilleur des mondes," il ne faudra pas nous demander de ramener des médailles !," s’agace Adolphe Pépin.

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