
Deux versions s’affrontent concernant le déroulé des événements ayant coûté un œil au jeune Steve, dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 février au Port. Du côté des policiers, on affirme que le tir de flash-ball responsable des blessures de l’adolescent était un "tir de dispersion" et qu’aucun fonctionnaire n’a mis le pied à terre. En revanche, plusieurs témoins prétendent avoir vu les policiers descendre de leur véhicule et poursuivre le garçon âgé de 16 ans avant de tirer.
Toujours est-il que le procureur de Saint-Denis va ouvrir une information judiciaire pour des faits présumés de "violences volontaires par dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une infirmité", posant ainsi la question de l’usage des armes par les forces de l’ordre.
"Le flash-ball s’utilise dans des conditions particulières de la légitime défense et notamment dans une manifestation où nos collègues sont assaillis par des manifestants avec des jets de pierres", explique Thierry Flahaut, secrétaire régional de l'Unité SGP Police - Force Ouvrière, interrogé par Radio Festival. "Se trouvant en état de légitime défense, ils ont tout loisir d’utiliser leur arme, notamment le flash-ball. Les autres armes utilisées, comme le cougar (un lance-grenade, ndlr) ou les grenades, ce sera sur ordre de l’autorité, mais le flash-ball, comme notre arme à nous individuelle, ce sera en cas de légitime défense", complète-t-il.
Dans la nuit de ce samedi 1er février, les forces de l’ordre ont fait face à des manifestants munis de galets. Mais le tir de flash-ball mis en cause a-t-il pour autant été effectué dans une situation de légitime défense ? Un "tir de dispersion" entre-t-il dans ce cadre ? L’enquête de l’IGPN devra répondre à ces questions. Car comme le rappelle Maître Laurent Payen, avocat au barreau de Saint-Denis, toujours au micro de Radio Festival, les policiers "sont soumis aux mêmes règles que tout citoyen, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas faire usage de leur arme comme bon leur semble".
"S’ils blessent ou s’ils tuent une personne avec leur arme de service hors des cas qui pourraient le justifier légalement, les policiers ont à répondre de leurs actes", poursuit Maître Payen. "Au niveau judiciaire, ils peuvent très bien se retrouver devant un tribunal correctionnel ou devant une cour d’assises", ajoute-t-il.
Il existe d’ailleurs quelques précédents à La Réunion. Les dockers, mais aussi les Portois, gardent notamment en mémoire l’épisode du 7 mars 1994 où une manifestation avait dégénéré. Devant l'enceinte portuaire du Port-est, le docker Théo Hilarion avait été victime d'un coup de feu tiré par l'un des gendarmes mobiles qui faisaient face aux manifestants et avait définitivement perdu l'usage d’un œil. En juin 2008, après plusieurs procès, le gendarme et l'officier accusé d'avoir couvert les faits avaient toutefois été acquittés par la cour d'assises.
Plus récemment est survenu également le cas de Nassuir Oili, un garçon de 9 ans ayant également perdu un œil suite à un tir de flash-ball lors d’une manifestation contre la vie chère à Mayotte, en octobre 2011. Là encore, le gendarme incriminé invoquait la légitime défense, mais les trois ans d’enquête ont conclu à un crime. Le militaire mis en cause a été renvoyé devant la cour d’assise le 5 décembre dernier.
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8 Commentaire(s)
En outre, depuis l'abolition de la peine de mort en 1981, nul ne peut être tué ni exécuté ni fusillé.
Autrefois aussi, les inspecteurs de la PN s'entraînaient sans doute plus dans les stands de tir et donc maîtrisaient mieux leur arme de service. Car celui qui ne sait pas se servir correctement de son arme de service ni des conditions de son utilisation, constitue un risque élevé pour autrui qui deviendrait sa victime civile.
Peut être donc que l'auteur du tir de Flash-Ball ne maîtrisait pas son arme et ne l'a pas utilisé en visant exclusivement les jambes d'autrui, au lieu de son visage. Là serait par conséquent sa faute grave.
Comptons sur l'impartialité de l'Inspection générale de la police nationale et mille fois d'accord avec Maître Laurent Payen, avocat au barreau de Saint-Denis, les policiers "sont soumis aux mêmes règles que tout citoyen, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas faire usage de leur arme comme bon leur semble".