Filière pêche

Vaccins contre le Covid 19 : les marins veulent être placés sur la liste des métiers prioritaires

  • Publié le 20 avril 2021 à 12:51
  • Actualisé le 20 avril 2021 à 12:59

"Les acteurs de la pêche réunionnaise ont décidé de se regrouper pour faire reconnaitre les marins comme prioritaires à la vaccination au même titre que les professionnels de santé, les enseignants, ou certains agents des services de l'Etat dont les marins de la Marine Nationale" indique le comité régional de pêches maritimes et élevages marins (CRPMEM). "Ces métiers, considérés comme indispensables à l'économie dans 55 pays exigent un éloignement limitant fortement l'accès aux soins en cas de contamination" souligne le CRPMEM dans un communiqué que nous publions ci-dessous (Phito rb/www.ipreunion.com)

"La situation fait écho à l’alerte lancée par l’armement réunionnais SAPMER qui, malgré une procédure sanitaire stricte et éprouvée depuis plus d’un an, a récemment dû déplorer la perte de deux marins victimes de la Covid-19. La réactivité de l’armement des thoniers et la prise en charge rapide par les autorités de santé seychelloises n’ont hélas pas permis de sauver les marins en opération de pêche à trois jours des côtes.

Ce scénario, le Comité Régional des Pêches Maritimes et des Élevages Marins (CRPMEM) de la Réunion veut à tout prix l’éviter. C’est pourquoi, après avoir sollicité sans succès les services de l’État dès la fin février, le CRPMEM décide aujourd’hui de parler d’une voix commune avec le Syndicat des armements
réunionnais palangriers congélateurs (SARPC), le Syndicat des marins pêcheurs de l’Océan Indien (SMPOI), le Syndicat des marins pêcheurs artisans (SYMPA) de l’Union Fédérale Maritime CFDT, la section pêches réunionnaises du Syndicat Transport Équipement de la CFDT Réunion et enfin l’Aumônerie des Gens de Mer afin de réclamer la vaccination des marins de la Réunion dans les meilleurs délais.

Un éloignement qui rend l’accès aux soins difficile

Les marins de la pêche hauturière sont particulièrement exposés au risque. Ils évoluent dans des zones isolées et très éloignées de toute structure de soins, comme par exemple les Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF). Le risque avait déjà été identifié au début de la crise sanitaire : lorsqu’un cas de Covid-19, sous sa forme grave, est diagnostiqué à bord, les chances de survie du marin concerné sont sérieusement amoindries faute de pouvoir rejoindre un hôpital avant plusieurs jours.

C’est d’ailleurs pour cette raison que la Marine Nationale a fait vacciner en février 2021 tout l’équipage du Charles de Gaulle. Le Ministre des Armées expliquait alors au micro de France Bleue que " cette campagne de vaccination était naturelle et évidente car le Charles de Gaulle va naviguer dans des zones où il n’y a pas de possibilité d’évacuation sanitaire. La vaccination ne dispense pas du respect des gestes barrières à bord, c’est une précaution supplémentaire ". Que rajouter de plus ?

L’importance de considérer les marins comme travailleurs essentiels

L’OMI (Organisation Maritime Internationale) éditait fin mars une circulaire commune avec l’OMS demandant aux gouvernements de vacciner prioritairement les gens de la mer. Localement, outre les conséquences sociales d’une éventuelle contamination, c’est aussi tout un pan de l’économie réunionnaise qui est mis en péril. Si un marin est contaminé, c’est le navire et son équipage qui sont mis à l’arrêt pendant parfois plusieurs semaines ainsi que tous les maillons de la filière aval qui en dépendent.

Jusqu’à présent, les armements à la pêche réunionnaise n’ayant pas d’autre choix que de poursuivre leur activité, mais soucieux de préserver la santé de leurs personnels, ont mis en place leurs propres procédures (tests PCR, isolement, etc.). D’où leur incompréhension vis-à-vis de la position de l’Etat qui refuse de leur fournir les outils nécessaires à la préservation des marins et de l’économie réunionnaise.

Enfin, il convient de considérer les enjeux humanitaires de ce dossier. En effet, faute de pouvoir être vaccinés, de nombreux marins étrangers se voient refuser l’accès à leur pays d’origine depuis plusieurs mois. La vaccination permettrait de faciliter les déplacements transfrontaliers et ainsi la gestion des relèves pour des marins dont certains sont contraints de vivre sur leur bateau jusqu’à leur retour chez eux.

Aujourd’hui, à la Réunion, c’est environ 350 marins pour lesquels le CRPMEM, le SARPC, le SMPOI, la CFTD Réunion, l’UFM CFDT ainsi que l’aumônerie des gens de mer réclament auprès de la Préfecture, de l’ARS et de la Direction de la Mer une vaccination urgente. Une goutte d’eau par rapport au nombre
de doses disponibles sur l’ile.

La démarche n’est pas isolée. En effet, au niveau national, les armements, les syndicats et les représentants de la filière négocient sur ce point avec les plus hautes instances depuis des mois. Leurs arguments parviennent à trouver un favorable auprès du Ministère de la Mer mais Matignon semble faire la sourde oreille."

guest
0 Commentaires