Lettre ouverte au préfet de La Réunion

Ibrahim Patel propose des mesures en faveur de l'apprentissage et de la formation professionnelle

  • Publié le 23 juin 2020 à 11:58
  • Actualisé le 23 juin 2020 à 11:59

L'impact économique auquel est confrontée notre île à la suite de la crise du Covid-19 et l'absence de visibilité sur l'avenir, même proche, se traduisent déjà par une réduction, voir un arrêt des embauches dans nos entreprises.

Comme nous le savons tous de notre expérience des précédentes crises économiques et sociales, l'apprentissage est très sensible à la conjoncture économique.

La reprise d'activité sera également longue et difficile pour de nombreuses entreprises et risque, faute des moyens financiers suffisants d'augmenter le nombre de ruptures de contrats.

Aujourd'hui, nous nourrissons aussi de vives inquiétudes dans à la capacité de certains secteurs fortement impactés par la crise actuelle, tels que le BTP ou l'hôtellerie et la restauration, à recruter les jeunes alternants pour la rentrée prochaine.

Nous pensons que les chefs d'entreprise de ces secteurs ne pourront pas recruter pour des raisons financières, alors que les besoins en renfort existent, ou dans ce contexte particulier de reprise, seront moins enclins à recruter des alternants plutôt que des personnes immédiatement opérationnelles.

Face aux prévisions de baisse du nombre de contrats d'apprentissage qui se situent entre 30 % et 50%, et pour éviter que le recrutement de jeunes de la promotion 2020 ne soit sacrifiée sur l'autel de la récession économique, il est indispensable qu'un plan de soutien de l'apprentissage soit mis en place. Des mesures doivent être prises pour sauver l'apprentissage et l'insertion des jeunes diplômés qui vont entrer sur le marché du travail dans les mois à venir.

Tout comme nous venons de le faire en mettant à disposition de nos entreprises 100 jeunes de notre Ecole de Gestion et de Commerce, nous sommes également convaincus que les apprentis recrutés en cette période peuvent contribuer à la dynamique de relance économique. C'est pourquoi, au-delà des mesures d'urgence, il nous faudra aussi convaincre les entreprises de leur intérêt de continuer à recruter de apprentis ou des jeunes diplômés.

Si les conséquences de cette crise venaient à se traduire par une baisse importante du nombre d'apprentis pour la rentrée prochaine, de nombreux CFA se retrouveraient dans des situations financières délicates alors même qu'ils subissent encore les effets de la réforme de la formation professionnelle et du financement de l'apprentissage.

C'est pourquoi face à cette situation économique inédite, nous vous proposons ci-après une série de mesures portées par notre Chambre de Commerce et d'Industrie et l'ensemble des CCI Françaises visant à encourager les entreprises à miser sur l'apprentissage et la formation professionnelle et ainsi à poursuivre l'intégration des jeunes dans leurs effectifs.

•  Relancer l'apprentissage

Propositions sur la sécurisation des parcours :

- Pour les jeunes qui démarrent leur formation sans contrat : donner un délai jusqu'à 12 mois pour trouver une entreprise et garantir le financement via les OPCO ou des fonds régionaux (pour garantir une indemnisation minimum des apprenants sous statut de stagiaire de la formation professionnelle);

- Pour les apprentis déjà en contrat, en cas de rupture, proposer à l'apprenant de rester au CFA jusqu'à finalisation de son diplôme (financement OPCO) et prévoir son indemnisation en tant que stagiaire de la formation professionnelle.

Les aides à l'entreprise

- Faire bénéficier les entreprises de moins de 10 salariés les plus en difficulté, d'une prise en charge totale de la masse salariale de l'apprenti infra et postbac (Apprenti = coût zéro pour l'entreprise);

- Généraliser l'aide unique aux entreprises (y compris aux plus de 250 salariés et sur les contrats d'apprentissage post-bac);

- Garantir aux entreprises en activité partielle et qui le seront encore à la rentrée, de bénéficier de l'aide unique.

La communication

- Lancer une campagne de communication massive par l'Etat soutenant le développement de l'apprentissage et cela dès que possible, et impliquant tous les acteurs de l'apprentissage : Etat, réseaux consulaires, branches professionnelles et OPCO et les régions à travers notamment les agences régionales d'orientation ou le SPRO.

Le financement des CFA

- Prolonger d'une année, et donc pour la rentrée 2020 le droit d'option permettant au CFA de sécuriser ses financements en choisissant les coûts contrat (NPEC déterminés par les branches) ou les coûts réels des formations (coûts préfecture);

- Solliciter l'Etat et les Régions pour une mobilisation des fonds du PIC (PRIC) pour soutenir l'apprentissage, quel que soit le niveau de formation ;

- Solliciter les Régions, dans des procédures d'urgence pour financer les CFA sur les équipements nécessaires dans ce contexte : équipement informatique des jeunes (fracture numérique) et des formateurs (maintien de la forination à distance), équipements et achats de moyens indispensables pour le respect des mesures de protection sanitaire.

• Relancer la formation professionnelle

Un plan de sauvegarde de la formation professionnelle

- Mettre en place un pacte "plan de sauvegarde de la formation professionnelle " réunissant les branches professionnelles, les conseils régionaux et les réseaux consulaires ; certains organismes de formation continue ont une existence réellement menacée et devront licencier des collaborateurs, voire arrêter l'activité.

L'apprentissage et la formation professionnelle sont des investissements indispensables au développement des entreprises et de notre territoire. A La Réunion et depuis de nombreuses années nous promouvons l'apprentissage comme une voie d'excellence de formation aux métiers et d'intégration dans l'entreprise, mais aussi comme levier incontournable pour réduire le chômage chez nos jeunes.

Le nombre de jeunes qui ont été orientés vers l'apprentissage mais également les investissements en la matière réalisés par nos entreprises ont été croissants ces cinq dernières années. Ces résultats sont le fruit du soutien de la Région Réunion, de l'Etat, des acteurs publics, des consulaires parmi lesquels la Chambre de Commerce et d'Industrie. Il ne faudrait pas que cette crise sanitaire doublée d'une crise économique réduise à néant la somme de tous les efforts que nous avons réalisés.

C'est pourquoi nous espérons que nos propositions seront retenues en complément d'un engagement collectif de tous les acteurs publics.

Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Préfet, l'expression de notre haute considération.

Ibrahim Patel

guest
1 Commentaires
Aie aie
Aie aie
3 ans

En faite patel y demandé l etat sauve ali sauve son pinte de riz ?£?£?£