Oublier la maladie

Ces clowns qui font rire les enfants malades dans les hôpitaux

  • Publié le 25 août 2019 à 14:36
  • Actualisé le 27 août 2019 à 19:28

Les clowns, ce n'est pas que pour les cirques. Saviez-vous qu'on peut aussi en trouver dans les hôpitaux ? C'est le cas des comédiens recrutés par l'association Eclats de l'île. Avec leur nez rouge, ils se baladent dans les services pédiatrie des CHU Nord et Sud de l'île pour amuser les enfants malades. Un sacré travail d'improvisation, qui demande une certaine maîtrise des tours de passe-passe... Dans les chambres de ces enfants parfois atteints de maladies incurables, les clowns aident les petits et leurs familles à s'échapper le temps d'un sketch pour oublier la maladie quelques minutes et partir dans de grands éclats de rire. (Photos Olivia Fourets)

Stéphane Thomas a fait du théâtre d'improvisation pendant des années... Habituée aux planches, elle s'est très vite intéressée au monde du cirque. "J'ai toujours aimé le côté bon enfant des clowns, mais je n'avais jamais eu l'occasion d'en faire auparavant." Travailleuse sociale de métier, elle a tout quitté pour devenir intermittante du spectacle à la fin des années 1990. "Le théâtre ça a toujours eu une fonction sociale très importante pour moi, il faut que ça ait un sens."

C'est là qu'elle voit cette passer annonce : l'association Eclats de l'île, spécialisée dans le rire à l'hôpital, recrute. Elle passe donc une audition et s'embarque dans cette nouvelle aventure en 2004. "Nous étions assez nombreux à participer, ça a été un honneur d'être sélectionnée." Le jury a aimé ses idées innovantes, notamment celles de faire systématiquement des spectacles en duo. Sa mission : amuser les enfants malades des CHU Nord et Sud. Pas évident mais Stéphane Thomas s'est sentie d'attaque.

Idem avec Isabelle Delleaux, autre clown. Infirmière et comédienne, elle avait déjà l'habitude de travailler auprès des enfants avant de se lancer dans le métier de clown. "Le métier d'infirmière était très pesant cela dit. J'ai fait un bilan de compétences à Pôle Emploi, et ce qui en est ressorti... c'est que j'étais faite pour être clown !" Elle aussi a postulé à l'association Eclats de l'île, mais en 2011 : "ça me plaisait bien plus de rentrer à l'hôpital avec un nez rouge qu'avec une blouse blanche." Aujourd'hui l'association compte 7 clowns qui tournent dans les deux CHU de l'île.

Un métier à part entière

Être clown, surtout à l'hôpital, c'est bien un métier, reconnu professionnellement parlant. "Il faut être capable de s'adapter... après tout ce sont des enfants que nous avons devant les yeux." Entourés de leurs parents et des personnels soignants, les enfants ne sont pas toujours un public évident : "parfois ça ne marche pas, on ne les fait pas rire, on insiste jamais de toute façon !" Il faut savoir se préparer à tout ça, mais surtout improviser une fois sur place. "On essaie de s'organiser en fonction du partenaire clown avec qui on intervient. On prépare des petits sketchs à deux, des chants, des morceaux... parfois même des petits tours de magie, du jonglage."

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Stéphane, appelée "Ritatoo", joue régulièrement avec Isabelle, "Pernette". "Quand on est toutes les deux on joue sur le côté musical à fond. Je peux aussi être une bonne assistante pour les tours de magie... mais je suis très mauvaise magicienne" raconte Stéphane. Bref, chacun ses spécificités. Chaque clown apporte sa pierre à l'édifice.

Et ça passe par les costumes de ces comédiennes. "Mon costume je l'ai depuis le début" explique Stéphane. "Je l'avais trouvé dans une brocante, un vrai coup de coeur." Depuis, sa robe rose, complétée par une blouse blanche, ne la quitte plus.

Isabelle, elle, a opté pour une grande robe verte à froufrous, avec des chaussons roses. "J'ai caricaturé ma personnalité, un peu extravagante, un peu fofolle. Il faut garder en tête qu'un clown ça reste très chic !"

"Voir le sourire des enfants"

Les clowns devraient passer prochainement sur un rythme deux jours Saint-Denis / deux jours Saint-Pierre par semaine. Soit une journée de plus par CHU que le rythme actuel. "Quand on voit le sourire des enfants, on se dit que ça n'a pas de prix et qu'on est contents d'être là", témoigne Stéphane. "J'ai beau être un clown, je dis souvent que je n'ai jamais rien fait d'aussi censé." Isabelle, elle, explique que son ancien métier d'infirmière l'aide "à mettre de la distance". "Je me dis que de toute façon, je ne peux rien contre la maladie. Mon seul impact peut être sur le rire, le bien être de ces enfants. Notre rôle, c'est justement de ne pas s'apitoyer."

Bien sûr il y a des moments difficiles. "On a des codes entre partenaires pour se prévenir mutuellement si ça ne va pas, si on a besoin de sortir deux minutes." Isabelle a justement le souvenir d'une fillette de 10 ans, atteinte d'un cancer du cerveau inopérable. "Elle aimait bien se déguiser en clown elle aussi quand on venait la voir. Dans ses derniers jours, elle m'a prise dans ses bras et elle m'a dit : 'Tu sais moi je vais bientôt y aller au royaume des clowns'. C'était la plus belle façon de nous dire au revoir."

Dans ces cas-là, impossible de contenir ses larmes. "J'ai un coeur, forcément je suis touchée par ce genre de moments. Mais je transfère tout sur le clown. J'ai trouvé une pirouette en disant que mon personnage était triste et un peu jaloux parce que ça avait l'air super le royaume des clowns..."

Mais loin de ces clowns l'envie de s'attirer toute la gloire : "Ce sont les enfants les héros, pas nous" explique Stéphane. "Ils vivent dans un lieu maussade, difficile. Mais ils arrivent malgré tout à trouver la force de rire, à trouver de la joie, à rester positifs. Ils sont incroyables."

mm/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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