Aucune faute commise selon le général Poty

Interpellation à Saint-Philippe : la gendarmerie parle d'un "emploi de la force légitime et maîtrisé"

  • Publié le 2 décembre 2020 à 11:22

A Saint-Philippe, l'interpellation d'un homme dimanche 29 novembre 2020 après un grave accident a agité les réseaux sociaux. En cause : une vidéo où l'on voit un gendarme asséner un coup de pied à l'individu mis en cause. Ce mardi 1er décembre, le général Pierre Poty, commandant le groupement de la gendarmerie de La Réunion, a estimé "qu'aucune faute" n'avait été commise par les gendarmes. Un seul coup a été donné, il s'agit selon l'officier supérieur d'un "emploi de la force légitime et maîtrisé". Déjà connu des forces de l'ordre, l'homme interpellé va pour sa part être poursuivi (Photo : rb/www.ipreunion.com)

Une vidéo tournée à Saint-Philippe dimanche 29 novembre fait polémique. Suite à un grave accident de la route qui a coûté la vie à deux personnes, un homme jugé "provoquant" et "insultant" par les gendarmes finit par être interpellé. Sur la vidéo on le voit recevoir un coup de pied porté par l'un des militaires. le geste a entraîné une vague de réactions sur les réseaux sociaux. Ce mardi 1er décembre, le général Pierre Poty a tenu à éclaircir la situation. Au cours d'une conférence de presse, il a donné le déroulé détaillé de l'interpellation.

- Une importante recontextualisation -

Les faits se déroulent à Saint-Philippe, dimanche 29 novembre. Suite à un accident mortel de la circulation survenu aux alentours de 16h sur la Nationale 2, une unité de la brigade de Saint-Philippe se rend sur place afin de délimiter la zone de l'accident. Le but est alors de permettre la médicalisation des blessés par le Samu et les pompiers, puis la constatation du décès de la première victime. La seconde, d'abord en urgence vitale, décédera plus tard à l'hôpital. Cinq gendarmes sont mobilisés au total.

Environ une heure plus tard, un groupe de motards, vraisemblablement "amis" des victimes de l'accident, d'après le général Poty, demandent aux gendarmes d'intervenir car un individu les insulte et les provoque par la parole. Les esprits s'échauffent et les motards veulent alors en découdre avec l'individu.

Les gendarmes interviennent et tentent de raisonner l'homme, bien connu des forces de l'ordre pour des problèmes de violences et d'alcool survenus par le passé. A plusieurs reprises, les militaires sont contraints de stopper leurs constatations pour apaiser la situation. Treize interventions ont lieu au total entre 17h et 18h45. L'homme est même ramené à deux reprises à son domicile, situé à une cinquantaine de mètres des lieux.

A 18h50, alors que les constatations sont quasiment terminées, l'homme revient sur les lieux de l'accident et arrache la rubalise pour entrer dans la zone délimitée par les gendarmes. Le chef de patrouille décide alors de procéder à son interpellation. A cet instant, les gendarmes "mettent en œuvre les schémas classiques" prévus lors de ce type d'interventions, indique le général Poty.

Le dialogue est de vigueur et les gendarmes avertissent l'homme qu'ils vont l'interpeller, ce qu'il n'accepte pas. Les militaires procèdent alors à une "triangulation", afin d'encercler l'individu. Deux gendarmes essayent à ce moment-là de lui faire une clé de bras et de le ceinturer. Visiblement alcoolisé, l'individu ne se laisse pas faire. C'est alors que le troisième gendarme lui assène un "coup d'arrêt" pour le maîtriser. L'homme termine au sol. Là, une partie des personnes présentes sur les lieux, spectatrices de la scène, prennent "fait et cause" pour l'homme interpellé, rapporte le général Poty, ce qui oblige deux gendarmes à s'interposer entre l'individu et le groupe en question. Sous pression, les militaires finissent par relâcher le mis en cause.

- Un seul coup porté "dans une zone verte"-

Le général Poty estime "qu'il n'y avait pas de faute" commise par les forces de l'ordre, et ce "pour plusieurs raisons". Il a rappelé que les gendarmes avaient dans un premier temps ouvert le dialogue avec l'homme interpellé et ce pendant plusieurs heures afin d'apaiser les tensions, ce qui n'a pas fonctionné.

D'après lui, l'interpellation est légitime puisque l'home ne devait pas se trouver à l'intérieur de la zone de l'accident délimitée par les gendarmes, où il aurait gêné l'intervention des secours comme des forces de l'ordre. "Il n'y a rien d'illégal là-dedans", a déclaré l'officier supérieur, en ajoutant : "si nous ne l'avions pas fait, cela nous aurait été reproché".

Il a insisté ensuite sur le fait qu'un seul coup avait été porté sur le haut de la cuisse à l'individu, au niveau d'une "zone verte" ne comportant pas d'organe vitaux. Cet acte est "parfaitement conforme aux textes de l'intervention professionnelle", rappelle le général Pierre Poty. "C'est un emploi de la force légitime, maîtrisé, il n'y a donc pas de manquement à l'éthique et à la déontologie", assure-t-il.

- "Rester mesuré devant de telles vidéos" -

Reste que l''extrait vidéo de l'interpellation a engendré de nombreuses réactions. Le député de La Réunion LFI Jean-Hugues Ratenon a ainsi adressé un courrier au général Poty. Il demande à être reçu ce vendredi 4 décembre pour échanger sur cette affaire. "Il s'agit d'un élu de la République, je vais donc évidemment le recevoir" a indiqué, en substance, le général, Poty ce mardi.

L'officier supérieur admet que la diffusion de la vidéo partielle ait "pu créer un certain émoi, compréhensible dans le contexte actuel", et estime qu'il était nécessaire d'apporter des éléments de contextualisation pour avoir l'ensemble du déroulement des faits, "le reste n'est que littérature".

"Je voudrais qu'on se mette à la place des familles des personnes blessées sur la route. Accepteriez-vous qu'une personne vienne au contact des personnes en train d'effectuer des médicalisations et des constatations alors que vos parents sont en train de mourir ?", interroge-t-il. "Personne ne l'accepterait. La personne a franchi le Rubicon, est allée trop loin, nous l'avons interpellé. Cela s'arrête là."

Déplorant ainsi les mauvais réflexes pouvant être engendrés par de telles vidéos, le général Poty a indiqué qu'aucune plainte n'avait été déposée par l'homme interpellé. Cee dernier sera par contre poursuivi pour "ivresse publique manifeste, outrage à agent public, violation d'une scène" délimitée par les forces de l'ordre. Le parquet devrait ouvrir prochainement une enquête préliminaire concernant ces faits

vl / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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7 Commentaires
john
john
3 ans

Un GAULOIS français défend des GAULOIS français lol Trouver l'erreur??

Mayaqui, depuis son mobile
Mayaqui, depuis son mobile
3 ans

Ce qui est terrible, avec ces histoires , c est que lorsque nous aurons besoins des forces de l'ordre, elle finiront par ne plus se déplacer ....
Ou tarderont ......
nous serons encore le dindon de la farce ...

Bilimbis
Bilimbis
3 ans

@zoizo_yab : tout à fait d'accord avec vous. Il faut arrêter de vouloir défendre l'indéfendable et cesser de reprocher tout et n'importe quoi aux FDO. Certains sont à bannir c'est clair, mais majoritairement ils font le boulot et heureusement qu'ils sont là!Alors quoi, ce n'est pas parce qu'un jour on croise un Réunionnais qui se comporte comme un gros con, qu'on peut en déduire que tous les Réunionnais sont des gros cons. Eh ben, c'est pareil pour les FDO.

Zoizo yab
Zoizo yab
3 ans

Lu la rodé, lu la trouvé.Faut arrêter de défendre l'indéfendable.Quand il y a excès des forces de l'ordre, bien sÃ"r qu'il faut dénoncer, mais quand on vient les provoquer et gêner une scène d'accident, complètement bourré, en jetant de l'huile sur le feu, non, là désolé c'est indéfendable, tout ce que j'espère c'est qu'il prenne au moins des TIG et une obligation de se soigner.

David
David
3 ans

Donc un coup de pied dans les graines c'est légitime et réglementaire venant d'un gendarme ?!Puis après on se demande pourquoi il y'a une haine contre les forces de l'ordre qui s'installe, sachez que nous sommes pas les poupettes car si zot I rode lo reyoné au sang cho zot va goûte à nou !

Joseph, depuis son mobile
Joseph, depuis son mobile
3 ans

Pourquoi une unité de gendarmes pour un accident.
Pour mettre quelques rubans au lieu du matériel de signalisation et concernant l'individu, puisqu'il est connu, il suffisait de le convoquer.
Et puis la vidéo n'est pas très bonne. puisque la caméra se détourne de son objectif!

Joseph
Joseph
3 ans

Quelle histoire pour un coup de latte à un ivrogne récalcitrant !