Treize associations réunies sous la même bannière

Collectif Elianna : "parler pour les enfants qui ne peuvent pas le faire"

  • Publié le 7 octobre 2020 à 15:37

Un nouveau collectif de défense des droits des enfants voit le jour à La Réunion. Baptisé "Elianna", il rassemble 13 associations dont le but est à la fois de renforcer la sensibilisation sur la maltraitance des enfants, et de porter leur voix face à la justice. Une mobilisation nécessaire alors que les violences sur les enfants ont augmenté de 30% pendant le confinement à La Réunion. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

La petite Elianna, 2 ans, a perdu la vie le 28 mars 2018 à Saint-André après avoir été battue. Un scandale à l'époque, qui raisonne encore dans les esprits des associations de défense des droits des enfants.

En sa mémoire, 13 associations locales s'unissent sous une même bannière portant son nom : le collectif Elianna, pour se faire entendre et surtout "parler pour les enfants qui ne peuvent pas le faire" explique Julien Grondin, porte-parole du collectif et président de l'association "Grins d'Ciel".

"Nous étions 11 associations au moment d'annoncer la création du collectif mais nous en comptons deux supplémentaires : "Art joyeux enfant heureux" et "Premababies" viennent de nous rejoindre" indique-t-il.

- Face à la justice -

Le collectif souhaite avoir un rôle particulièrement actif face à la justice péi : "signaler, dénoncer les faits, déposer plainte si besoin" indique Julien Grondin. L'affaire des Burgers de papa a mis le feu aux poudres. L'une des publicités de l'enseigne véhiculait des messages à caractère "incestueux", ont dénoncé plusieurs associations de La Réunion.

Le collectif Elianna espère également peser davantage dans le cadre de procès. "On pourra suivre les affaires en cours, informer la population, accompagner les victimes" liste le porte-parole. "On veut faire entendre la voix de ces enfants, et faire condamner les responsables."

- Sensibilisation et réparation -

Une dimension judiciaire qui s'ajoute à celle de la sensibilisation, capitale. "On oublie trop souvent les enfants" estime Evelyne Olivieri, présidente de l'association EPA (Ecoute-moi, protège-moi, aide-moi). "Parfois on les place pour les protéger oui, mais il n'y a pas suffisamment d'accompagnement ensuite."

Dans le collectif, chaque association apporte une compétence, "à EPA on travaille sur plusieurs niveaux parmi lesquels la réparation psychologique, y compris avec les parents, on les aide à faire un travail sur eux-mêmes" raconte la thérapeute.

- 30% de violences en plus pendant le confinement -

Sensibiliser les familles s'est avéré plus important encore suite à la hausse des violences intrafamiliales observée pendant le confinement : "on a eu énormément d'appels, des enfants ont fini à la rue… la violence a augmenté de 30% sur les enfants à La Réunion pendant cette période" explique Rolande Cazal, de l'association AFECT, également membre du collectif.

"Je suis moi-même enfant victime de violence et je sais que le traumatisme reste pendant des années. Il faut défendre la cause de ces enfants parce qu'il y a une véritable souffrance" ajoute-t-elle.

Une violence à résorber de toute urgence pour qu'elle ne soit pas reproduite par les victimes elles-mêmes, un phénomène qu'observent beaucoup les associations. "Les blessures peuvent se répercuter quand eux-mêmes deviennent parents. Il faut agir sinon ça construit encore une génération d'adultes dysfonctionnels" observe Evelyne Olivieri.

- Le grand tabou des violences sexuelles -

Au cœur des violences subies par les enfants : les violences sexuelles, extrêmement tabous à La Réunion. "On estime pourtant que 2 à 3 enfants sont concernés dans chaque classe" indique la présidente d'EPA.

"C'est une violence que l'on voit moins parce qu'elle ne se caractérise pas forcément par des bleus. C'est d'autant plus tabou que les violences sexuelles sont majoritairement perpétrées par la famille, dans 70 à 80% des cas à La Réunion."

Une omerta qu'observe également le porte-parole du collectif. "Sur le département comme ailleurs on n'en parle pas". Infirmier aux urgences, il est parfois en première ligne quand il s'agit d'accueillir des enfants victimes de violences, y compris sexuelles. "Ensuite il faut du courage pour lancer des procédures en justice. D'abord, écoutons l'enfant."

- Le harcèlement scolaire en ligne de mire -

Alors qu'à La Réunion, on estime qu'un enfant sur huit est victime de harcèlement scolaire, ce type de violences est également au cœur des actions du collectif Elianna.

De son côté, Rolande Cazal observe bien la réaction des élèves à chaque fois qu'elle réalise une intervention en classe. "Quand on demande qui a déjà été harcelé, tout le monde lève la main" remarque-t-elle.

"On observe comme pour les violences subies dans le cercle familial que l'élève harcelé devient parfois harceleur à son tour, il reproduit ensuite ce qu'il a vécu dans l'environnement scolaire" explique quant à elle Evelyne Olivieri.

Là encore le même leitmotiv revient en boucle : les enfants, on les écoute, mais on ne les entend pas suffisamment. Avec ce collectif novateur et très fédérateur, les associations membres espèrent bien faire bouger les lignes.

mm / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
Mayaqui, depuis son mobile
Mayaqui, depuis son mobile
3 ans

Quelle tristesse ...

maillot, depuis son mobile
maillot, depuis son mobile
3 ans

Bonjour
Pourriez-vous m'indiquer comment contact ce groupe d'association?
Peut-être on t'il besoin de bénévoles
(Bonjour étant donné qu'il s'agit d'un collectif il faudrait pour ça rejoindre l'une des 13 associations présentées dans l'article. Cordialement - WEBMASTER)