Confusion autour des arrêtés préfectoraux

La pêche aux requins n'est (toujours) pas interdite le long des côtes de La Réunion

  • Publié le 18 novembre 2021 à 03:00
  • Actualisé le 18 novembre 2021 à 06:46

C'est le Centre sécurité requin (CSR) qui apporte la précision. Dire que la pêche aux requins est interdite le long des côtes de La Réunion depuis la publication d'un arrêté préfectoral le 5 octobre dernier est une information totalement erronée. Des associations environnementales, Sea Sheperd en tête, avaient saisi le tribunal administratif pour réclamer la suspension d'un arrêté sur la période 2021-2023. S'ils ont obtenu gain de cause, c'est parce que ledit arrêté ne respectait pas les délais réglementaires de consultation publique. Mais l'arrêté de 2019-2021, lui, se poursuit bien jusqu'au 31 décembre et de fait, les prélèvements de squales peuvent continuer (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

C'est une confusion qui a résonné jusque dans les grands titres de presse, à commencer par Imaz Press Réunion. Ainsi la préfecture décidait le 5 octobre 2021, via la publication de l'arrêté numéro 2001, de retirer un autre arrêté, celui du 19 juillet 2021, portant sur "l'autorisation temporaire d'opérations ciblées de prélèvements de requins sur le littoral des communes de Saint-Paul, Trois-Bassins, Saint-Leu et l'Etang-Salé pour la période 2021-2023".

Les associations ont vu ce retrait comme une victoire, alors qu'elles étaient attendu devant le tribunal le lendemain, le 6 octobre.

Lire aussi - Crise requin : dix ans déjà et aucune solution durable en vue

- Deux actes administratifs pour une même période -

Pourtant, il ne s'agit en aucun cas d'un arrêté signant la fin de la pêche aux requins le long des côtes réunionnaises. Willy Cail, directeur du CSR, rappelle que l'arrêté 298, en date du 15 février 2019, est toujours valable. Celui-ci autorise les prélèvements ciblés de squales, sur les mêmes communes précédemment listées, sur la période 2019-2021. Ainsi, jusqu'au 31 décembre 2021, les "prélèvements" et le dispositif de post-observation peuvent se poursuivre et rien ne change.

Dans son édition du 11 octobre, le média Libération rappelait à juste titre que la pêche pouvait malgré tout se poursuivre. Au niveau local, cette confusion n'a pas eu d'écho.

Par ailleurs, aucun correctif n'a été envoyé par la préfecture, suite aux différents articles de presse concernant "la fin de la pêche aux requins". Si la confusion est liée en grande partie à une erreur de lecture des actes administratifs, il est surprenant de voir que cette mauvaise interprétation n'a suscité aucune réaction de la part de la préfecture depuis le 5 octobre.

"Il s'agissait de deux arrêtés concomitants, le premier arrêté se poursuit déjà jusqu'au 31 décembre 2021, et on ne peut pas avoir deux actes pour la même chose", explique Willy Cail. "Le préfet a retiré le dernier arrêté en date, mais ça n'a rien changé au programme de prévention."

- Un problème de délai -

La préfecture a aussi été contrainte de supprimer son arrêté par crainte de non-respect des délais de consultation publique. C'est ce qu'il faut effectivement comprendre dans la partie "considérant" que l'on peut lire dans l'arrêté du 5 octobre. "Les opérations ciblées de prélèvements de requins autorisées (...) sont susceptibles d'avoir une incidence sur l'environnement nécessitant la participation du public en application de l'article L 120-1 du code de l'environnement précité". Or cette participation publique n'a manifestation pas été respectée et un autre arrêté doit donc être préparé et rédigé pour l'après 2021.

L'arrêté du 19 juillet n'a donc pas bénéficié d'un délai de publication suffisant, au regard du code de l'environnement. "Il aurait fallu faire une communication suffisamment en amont, ce qui sera fait pour le renouvellement de l'arrêté en 2022" assure Willy Cail. Pour lui, il n'y aura d'ailleurs aucun problème à le faire reconduire : "il y aura des consultations d'ici là, dans les délais demandés, et donc un nouvel arrêté qui prendra effet le 1er janvier".

Le dispositif n'a aucune raison de ne pas être renouvelé, selon lui. "Tant qu'il existe un risque requin, le dispositif doit continuer pour le moment". Sur deux ans, le CSR a utilisé le dispositif trois fois selon le CSR, et continue de relâcher les "prises accessoires" comme ce fut le cas récemment avec un barracuda, affirme par ailleurs le directeur du CSR.

mm/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

guest
0 Commentaires