LGBTQIA+

Saint-Denis : la Somen Requeer débute à la Cité des Arts

  • Publié le 6 décembre 2021 à 06:00
  • Actualisé le 8 décembre 2021 à 11:15

A partir de ce lundi 6 décembre 2021, la Cité des Arts de Saint-Denis accueille un événement qui clôt en beauté cette année historique pour la communauté LGBTQIA+ de La Réunion. La "somen Requeer", organisée par l'association éponyme, se tiendra de ce lundi à dimanche, proposant workshops à destination des étudiants en art, scènes ouvertes, ateliers, et autres conférences en lien avec les questions liées aux identités de genre et sexuelles

"La Somen Requuer, c'est le carrefour culturel des différentes formes d'arts, une réunion de famille de la communauté LGBTQIA+ de l'île, pour essayer de faire reculer la haine et conscientiser les gens" explique Brandon Gercara, créateur.ice de l'association, aux commandes de l'organisation de l'événement.

De nombreux artistes seront présents tout au long de la semaine. Les premiers jours sont cependant réservés aux étudiants et jeunes diplômés, d'art : des workshops seront proposés sur le thème de "kwirisé" (kwir : queer en créole ; personne dont l'orientation ou l'identité sexuelle ne correspond pas aux modèles dominants – ndlr) la création.  Regardez :

Ugo Woatzi, artiste français basé en Belgique et actuellement en résidence à la Cité des Arts, tiendra ces workshops. "Je vais principalement présenter mon travail "Caméléon", qui est un travail sur la visibilité et les masculinités, commencé en 2018. On va aussi étudier comment essayer de déconstruire des accrochages classiques et les queerisés" détaille-t-il. Ses travaux actuels, réalisés avec Brandon Gercara, seront par ailleurs présentés en janvier, après leur résidence mutuelle.

Le grand public est attendu à partir de vendredi, et sera accueilli avec des restitutions des ateliers de la semaine et une scène ouverte, suivi d'un concert de Maya Kamaty dans la salle Fanal de la Cité des Arts. La soirée se clotûrera avec un DJ set de Virtual Malicia aka Emma Di Orio, Djette et artiste plasticienne réunionnaise.

Samedi, une nouvelle scène ouverte lancera la journée, suivie d'une conférence de Thomas Conchou, commissaire d’exposition, sur la question de la masculinisation de la langue française, et un ron kozé animé par Phoenix Atala, artiste transdisciplinaire sur le thème "Défaillance critique, questions, dispersions, intentions". Un autre ron kozé avec Estelle Coppolani, autrice, sera organisé sur le thème "La santé mentale en communauté : focus sur les lesbiennes racisées". La soirée continuera finalement du côté du Mahé pour une "Déboulonaz party".

Enfin, dimanche, la danse sera au rendez-vous, tout d'abord avec un show d'In motion Crew, puis le premier ball de La Réunion. Un ball, qu'est-ce que c'est ? "Ca vient de toute la famille voguing, une danse fabriquée par la communauté homosexuelle noire et latine en Amérique, qui reprend des poses des mannequins des magazines de l'époque où elles n'étaient pas représentées. L'idée était de créer un espace pour se sentir représentés, se sentir beaux et belles. Le ball, c'est la réunion de toutes les familles du voguing" explique Brandon Gercara. Regardez :

Une danse revendicative et politique qui a trouvé écho à La Réunion, notamment sous l'impulsion de la chorégraphe Luna Ninja, organisatrice du ball. "C'est la fabrication de nouveaux modèles de beauté, la célébration de tous les corps" indique Brandon Gercara.  L'invité d'honneur de la semaine est d'ailleurs le vogueur Snake Ninja. La semaine se terminera avec un drag show de la dragqueen Sheinara Tanjabi, alias Shei Tan.

- Une semaine essentielle -

"Les événements LGBTQIA+ sont nécessaires pour la représentation de notre communauté, c'est ultra-positif que nous puissions organiser cette semaine alors que ce n'aurait pas été possible il y a à peine un an" assure Brandon Gercara. La marche des visibilités, organisée en mai dernier, a en effet l'impulsion qu'il fallait pour voir émerger de nouveaux espaces d'expression. Depuis, le festival Parey pas Parey s'est tenu, un centre LGBTQIA+ s'est ouvert à Saint-Denis, une journée de commémoration pour les personnes transgenres décédées a été pour la première fois organisée. Des événements inédits, mais nécessaires.

Militant.e de longue date, Brandon Gercara admet qu'iel* "ne pensais pas arriver à accomplir tout ce travail, à accueillir autant de gens, tout en se sentant quand même protégé.e". "Nous sommes entrain de fabriquer une famille qui se protège entre elle, et je pense qu'aujourd'hui La Réunion est désormais un exemple" estime-t-iel. Regardez :

Un travail de longue haleine qui commence finalement à porter ses fruits. "C'est hyper beau, hyper touchant d'assister à l'émergence de la communauté réunionnaise. Je viens d'un tout petit village du sud de la France, où la problématique du manque d'espace pour les personnes queer est aussi présente, c'est donc vraiment beau de voir que des espaces se créé ici" confie Ugo Woatzi. "Je pense que c'est le début d'une très belle histoire" conclut-il. On l'espère aussi;

*pronom non-binaire

as/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

guest
0 Commentaires