Noël est en jeu

Vers un reconfinement : "tout dépend de la population"

  • Publié le 7 novembre 2020 à 20:35
  • Actualisé le 7 novembre 2020 à 21:02

Avec un taux d'incidence passé de 38 (pour 100.000) habitants à 62 en quelques semaines, à l'issue des vacances de La Toussaint, la peur d'un reconfinement guette La Réunion si ce taux devait être de 150. La communauté des professionnels de santé se veut cependant rassurante dans la mesure où tout peut changer d'une semaine à l'autre. A condition que les Réunionnais ne se relâchent pas s'ils souhaitent des fêtes de Noël paisibles. (Photo d'illustration rb/ www.ipreunion.com)

Et si c'était inéluctable ? Alors que la Métropole est en pleine seconde vague, avec un deuxième confinement depuis jeudi 29 octobre 2020, la crainte d'un retour progressif d'une des mesures les plus strictes du protocole sanitaire agite La Réunion. D'autant plus que les épidémiologistes craignaient un pic épidémique fin novembre, voire début décembre, pour l'île.

Le problème avec cette prédiction, c'est "qu'elle n'est plus valable", bat en brèche le vice-président du Conseil de l'Ordre des médecins de La Réunion, Reuben Veerapen. "On a un modèle qui peut plus ou moins bien prédire, mais sur une ou deux semaines", explique-t-il tout en soulignant la vitesse d'évolution du virus. "On peut faire une prédiction, mais seulement si on a un peu de recul sur l'épidémie, ce qu'on n'a pas", complète le docteur François Chièze, directeur de la veille et de la sécurité sanitaire à l'Agence régionale de santé (ARS).

- Une évolution exponentielle -

Difficile donc de prévoir un pic épidémique, mais force est de constater "qu'on en prend le chemin", avance prudemment Reuben Veerapen en évoquant les récentes données. En effet, on avait un "taux d'incidence de 38 (pour 100.000 habitants)-le plus bas de toute la France- qui est passé en quelques semaines à 57 en raison d'un relâchement dû aux vacances de La Toussaint", rapporte François Chièze. "Aujourd'hui nous sommes à 62". 

Une évolution rapide confirmée par les plus récents chiffres de l'ARS. "On avait une moyenne de 80 nouveaux cas journaliers la semaine dernière, nous sommes entre 100 et 110 désormais" continue François Chièze. Côté hospitalisation de patients Covid, la moyenne est passée "d'entre 20 et 30 à 50", confirme Reuben Veerapen. Des chiffres appelant à la prudence : "ça monte tout doucement pour finalement doubler, voire tripler, tous les trois jours", avertit Christine Kowalczyk, présidente de l’Union régionale des médecins libéraux évoquant une situation où le taux d'incidence dépasserait les 150 pour 100.000 habitants.

Lire aussi - Journal de bord d'un réanimateur: "Où va-t-on mettre tous ces patients ?"

- Le spectre du couvre-feu -

Autre donnée plus inquiétante, cette semaine le taux d'incidence des personnes âgées de 65 ans et plus a "passé la barre des 50 pour 100.000 habitants" nous apprend François Chièze. Une des conditions fixées par le préfet de La Réunion, Jacques Billant, pour mettre en place un couvre-feu.

Ce dernier n'a pas encore été déclaré, mais il pourrait l'être si le taux d'incidence global dépassait les 150 pour 100.000 habitants, ou si plus de 25% des lits en réanimation devaient être occupés par des patients Covid. "On a de la marge pour l'instant", rassure François Chièze. "Seuls deux lits en réanimation supplémentaires sont occupés cette semaine (14 en tout, ndlr) et nous pouvons monter jusqu'à 80. Et c'est "sans compter les déprogrammations d'opérations non essentielles". Un choix déjà effectué par de nombreux hôpitaux métropolitains face au manque de contrôle du virus.

Lire aussi - Covid-19 : plus aucune déprogrammation d'opérations "non-essentielles"

L'inquiétude règne aussi autour du dépistage, notamment pour les voyageurs en provenance de l'île aux parfums. "Les tests ne sont pas obligatoires pour les vols inter-dom", explique Reuben Veerapen. "Et très peu sont effectués à Mayotte". Dès la semaine prochaine, des tests antigéniques, capables de délivrer un diagnostic en 30 minutes, devraient être proposés à l'aéroport Roland-Garros. Une mesure sur la base du volontariat, regrette Christine Kowalczyk qui les aurait préféré obligatoires. A Mayotte, "le taux de positivité est de 10%, contre moins de 5% à La Réunion", précise Reuben Veerapen.

Cependant, le retour des motifs impérieux a permis une baisse du nombre de voyageurs à destination de La Réunion, entraînant une baisse significative de cas importés : "le taux de positivité des nouveaux arrivants est passé de 26% à 1,7%", rapporte François Chièze. De bons résultats qui ne doivent pas endormir les Réunionnais. "Depuis la mi-août, nous connaissons notre première vague", rappelait la communauté des professionnels de santé soulignant que le virus était désormais autochtone.

Autre chiffre important : seuls 10% des voyageurs font leur test à J+4 une fois arrivés à La Réunion, selon l'ARS. Un seuil qu'il serait bon de remonter, en comptant sur la responsabilité collective.

Lire aussi - Motif impérieux : sur quels critères peut-on voyager actuellement

- Une piqûre de rappel -

"Il faut une piqûre de rappel aux Réunionnais", estime en conséquence le docteur Veerapen. "J'ai l'impression que la population a baissé sa garde", continue-t-il en citant pelle mêle marchés, magasins, restaurants, stations balnéaires où le masque est peu ou mal porté. "Tout dépend de la population" rappelle-t-il en insistant sur le respect des mesures barrières. Un sentiment partagé par François Chièze et Christine Kowalczyk. Cette dernière estime qu'il "faut faire confiance aux mesures barrières. Et arrêter de penser que porter un masque est liberticide, ça ne l'est pas. Un couvre-feu, si".

D'autant plus que les chiffres donnés sont peut-être un peu en-dessous de la réalité. "1.500 tests sont réalisés chaque jour quand il faudrait qu'ils soient au moins à 1.700", informe Reuben Veerapen. Le taux d'incidence de 150 pourrait être atteint plus tôt qu'on ne le pense si un relâchement de la population devait être observé.

Un respect nécessaire "à la sécurité des citoyens et à la survie de l'économie de l'île", complète François Chièze alors même qu'un couvre-feu pourrait avoir des conséquences graves sur les restaurants et bars, entre autres.  Le remède au mal n'est pas mystique : "un meilleur contrôle des cas importés, un meilleur respect des mesures barrières, et un véritable respect de l'isolement quand on est positif", résume Reuben Veerapen. "Il y a encore trop de personnes qui vont faire leurs courses alors qu'ils doivent rester chez eux. Il faut comprendre, enfin". Des fêtes de Noël, il en dépend.

Lire aussi -Annulation des mariages et des fêtes : l'événementiel meurt à petit feu

vp/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

guest
8 Commentaires
Toto974, depuis son mobile
Toto974, depuis son mobile
3 ans

Avez-vous noté que les augmentations fortes du nombre de cas correspondent à chaque fois aux retours de vacances ? AoÃ"t puis octobre...

Tout le monde avait dit qu'il fallait limiter les déplacements. Les irresponsables sont ceux qui ont milité pour la réouverture d'une part (Serveaux et cie...), et ceux qui ont laissé faire sans aucun contrÃ'le d'autre part (fin de la quatorzaine et des motifs impérieux, refus d'imposer des tests à J+7 ou le télétravail). La Préfecture ne peut pas rendre la population responsable de l'incurie du gouvernement.

Jostech
Jostech
3 ans

Qu'un couvre feu serait nécessaire et plus de précaution car il y a beaucoup de personnes ne respectent pas les gestes barrières.

Aigri 974
Aigri 974
3 ans

Aigri de la situation le préfet ne fait pas son boulot et les avions en provenance de Mayotte continue de rentrer sans contrÃ'le sanitaire Ars autorités une bande d incompétent

sissi974
sissi974
3 ans

ça ne peut plus durer ! les gens s'en moquent, je vois tous les jours le manquement à appliquer les procédures sanitaires, un exemple : Dans les stations services, devant les caisses, certaines mesures ne sont pas appliquées, et bien d'autres lieux où on s'agglutine les uns autour des autres, sans gène, ni respect, etc ...

Euroseptic
Euroseptic
3 ans

Quand je vois les gens avec leur pif en dehors du masque ca me fait marrer c est pas comme ca qu on va stopper les cocovid

Angel
Angel
3 ans

Noel en confinement... mdr l année dernière jai pass Le 24 décembre avec moi même tte seule devant ma télé j avais 50 balais ... soit disant pleins d'amis personne ne m a tendue la main hihihi mon seul enfant etait avec son père... et j ai plus de famille lol suis encore la ... a un moment donné fauda etre un peu EGOISTE regardez autour de vous c est pas Noel qui est important c est la capacité de résilience... que vous n avez vraiment pas ... éveillons-nous, il est important de le faire vos petites vies étriquées vont voler en eclatSigné une battante qui lutte contre l adversité et qui aime toujours l Humanité

Fépwakatwa
Fépwakatwa
3 ans

Noël, sous les flamboyants ? Noël, en plein confinement ?

7AC
7AC
3 ans

Si "tout dépend de la population", eh bien on est cuits. Si, si vous verrez, NoÃ"l c'est confinés qu'on le fêtera, merci à tous les irresponsables !