Mayotte - 3ème jour de procès

Affaire Roukia - Ça balance chez les gendarmes

  • Publié le 26 novembre 2015 à 04:49

Ce mercredi 25 novembre 2015, au troisième jour du procès de la mort de la jeune lycéenne par overdose d'héroïne, deux gendarmes à la retraite ont dénoncé des pratiques " limites " du GIR (groupe d'intervention régional) sur fond de politique du chiffre. Mathias Belmer, lui, affirme toujours qu'il pensait avoir consommé avec sa petite amie de la cocaïne et non de l'héroïne, poudre qui aurait transité par les hommes du GIR.

" Il y a des règles déontologiques. Parfois on peut-être border-line (NDLR à la limite en anglais) mais pour la bonne cause, pour arrêter un criminel, pas pour des statistiques ". C’est un gendarme à la retraite qui s’est exprimé ce mercredi au troisième jour du procès Roukia, par visio-conférence.

Pas n’importe lequel puisque le capitaine Duvareilles fut d’abord officier-adjoint du commandant de la gendarmerie de Mayotte avant de devenir le patron de la section de recherche de l’île. Après que le capitaine Gauthier, chef du GIR (groupe d’intervention régional) au moment de la mort de Roukia Soundi d’une overdose d’héroïne (drogue qui aurait transité par un indic, un policier et un gendarme du GIR) qui avait récité devant le tribunal une leçon parfaitement maîtrisée, le retraité a clairement dénoncé les pratiques de la structure à cette époque.

Le capitaine Gauthier, simple témoin assisté dans ce procès avait réfuté tout coup d’achat monté afin de satisfaire aux statistiques. S’il a reconnu que Jérémie Bouclet, un policier de son équipe, lui avait bien parlé d’un échantillon de cocaïne en sa possession en provenance d’Anjouan, il a indiqué, que pour cause d’urgence d’une opération en cours il avait repoussé cette question à plus tard et avait ensuite " oublié " cette fameuse poudre fournie par un indic à l’un de ses hommes.

Une poudre qui lui a ensuite été restituée et qui aurait été celle vendue à Mathias Belmer avant de finir, fatalement, dans le nez de Roukia. Le capitaine Duvareilles a expliqué hier qu’il avait " à plusieurs reprises " mis en garde le capitaine Gauthier ainsi que le commandant de la gendarmerie de Mayotte, le lieutenant –colonel Bourgerie, sur " des principes qui n’étaient pas respecté ". S’il n’a pas parlé de coups d’achat monté par le GIR, l’officier en retraite a toutefois lourdement insisté : " les résultats chiffrés étaient toujours merveilleux pour la plus grande gloire de notre patron et pour le plus grand plaisir de Paris ". Précisant : " Depuis le départ de Gauthier il n’y a jamais eu de grosses prises de drogue, encore moins de cocaïne, malgré 400 kwassas interceptés chaque année ".

Laissant planer un " son éthique m’a toujours parue douteuse ", il a dit également comment le directeur de l’enquête sur la mort de la jeune fille, le capitaine  Alise avait été placardisé par sa hiérarchie. Ce dernier, lui aussi en retraite aujourd’hui a expliqué ce mercredi au tribunal sa surprise lorsque deux individus interpellés dans le cadre de l’enquête sur la mort de la jeune fille avaient déclaré être des indicateurs du GIR : " Ils n’ont jamais été en contact, ne pouvaient se concerter, et nous ont fait cette révélation stupéfiante (sic) ". 

Les inspections de la gendarmerie et de la police vont dès lors intervenir, lui mettra sur écoute, à la suite d'une commission rogatoire du juge d’instruction, des membres du GIR. Par la suite il sera " mis dans un bureau, sans ordinateur, sans téléphone, sans rien et on m’a demandé de ne rien faire. J’y ai passé neuf mois " a-t-il dit. Droit et fier dans son honneur d’officier de gendarmerie, il a asséné ce mercredi : " J’ai fait le travail que je devais faire comme officier de police judiciaire et patron de la section de recherche (…) J’ai agi dans l’intérêt du droit. Il ne faut pas oublier qu’il y a une victime ". 

Après ces passes d’armes militaires, l’après-midi, enfin, est arrivé Mathias Belmer encadré par une escorte pour comparaître à ce procès devant s’achever vendredi. Une fois encore, avec moult approximations ou souvenirs évasifs, il a réitéré sa version : il a acheté ce qu’il croyait être de la cocaïne à un indicateur du GIR, l’a consommé avec Roukia la nuit du 12 au 13 janvier 2011. Le lendemain elle était morte.

Pressé de questions par les avocats de la défense, la partie civile, le procureur de la République ou le président du tribunal, il a été mis à plusieurs reprises devant ses contradictions notamment dans ses explications sur la façon dont il avait tenté de faire disparaître le cadavre. Pour lui il avait agi " dans la panique, je ne savais plus ce que je faisais ", pour le ministère public et la défense le décalage est important entre une parole parfois infantile et des actes mis en œuvre avec détermination, sang-froid et même un certain détachement.

Le procès, qui a commencé ce lundi, se poursuit ce jeudi.

www.ipreunion.com

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2 Commentaires
Gloseur sensE
Gloseur sensE
8 ans

L'homme intègre, M. Michel ALISE ou ALIZE avait, au moment des faits, le grade de capitaine militaire, et non de lieutenant militaire - comme lu dans certains articles de presse.
Ainsi, le capitaine ALISE ou ALIZE était le responsable de la Section de recherche de Mayotte, placé sous les ordres du juge d'instruction, et chargé d'enquêter sur l'affaire ROUKIA.
Ce qui change donc le dégré de hiérarchie du donneur d'ordre illégal dont le capitaine Michel ALISE ou ALIZE a été victime de harcèlements moraux.
Ce qui signifie que le donneur d'ordre illégal ne serait pas un individu ayant le même grade militaire que lui, mais possédait logiquement un grade militaire supérieur à celui de capitaine.
En conclusion, le donneur d'ordre illégal serait donc un militaire, officier supérieur, voire un militaire officier général.

cqfd
cqfd
8 ans

la politique du chiffre et la remuneration au merite que veut generaliser macro.n?