Contrôles renforcées aux frontières

Covid-19 : La Réunion confinée mais pas tout à fait fermée

  • Publié le 19 mars 2020 à 06:30
  • Actualisé le 19 mars 2020 à 10:35

La ministre des Outre-mer Annick Girardin s'est exprimée en direct ce mercredi 18 mars 2020 dans la soirée. Munie d'une liste de questions souvent posées, la ministre a répondu point par point aux interrogations des ultramarins, rappelant les mesures mises en place par le gouvernement. Elle a ainsi indiqué le bilan des Outre-mer, qui est de 89 cas avérés de coronavirus, et affirmé que toutes les mesures nationales prises actuellement concernent également les Outre-mer et de fait La Réunion. Ainsi l'état d'urgence sanitaire sera également décrété sur l'île intense, au même titre que l'ensemble du territoire national. (Photo rb/www.ipreunion.com)

En début d'allocution, Annick Girardin a tenu à rappeler que si la majorité des cas sont importés, il existe bien "un début de contamination de locaux". La Réunion n'est pas concernée.

Face aux mesures actuelles de confinement, la ministre des Outre-mer en a bien entendu appelé à la responsabilité et la mesure de chacun. Elle a ainsi pointé du doigt les comportements dans les grandes surfaces, "cela a provoqué malheureusement des vols de produits, utiles aux professionnels de santé". Sur le relais des actualités liées au coronavirus également, Annick Girardin a indiqué qu'il était capital "d'éviter les fausses informations".

Si la retransmission de sa vidéo devait au départ être une conférence de presse, la ministre a finalement répondu à une liste de questions préparées, fournies à la fois par les présidents des départements d'Outre-mer mais aussi par des journalistes ou des internautes. En somme, des questions souvent entendues à gauche à droite.

- Un confinement à respecter à la lettre -

A la question du confinement, la ministre des Outre-mer a rappelé l'importance d'appliquer cette mesure dans les territoires ultramarins, pourtant moins touchés que la Métropole, "parce que le virus se répand vite dans les lieux confinés. Il faut aussi anticiper, limiter ou ralentir la propagation du virus pour éviter des pics d'affluence dans nos hôpitaux", a-t-elle déclaré.

Sur le sujet du rapatriement, dans une logique de réduction des trajets aériens, Annick Girardin a souhaité s'adresser en premier lieu "à ceux qui ne vivent pas dans les territoires d'Outre-mer" : "je leur demande de ne pas s'y rendre, ne pas le faire car chacun doit rester chez lui autant que faire se peut".

Pour les étudiants, un recensement est à venir "pour savoir qui est rentré ou non". Et pour la ministre, "si les mesures de logement dans l'Hexagone sont garanties, restez dans l'hexagone. Vous êtes des étudiants qui avez envie de rentrer chez vous, mais vous êtes aussi peut-être des porteurs de la maladie", a-t-elle indiqué.

Concernant les Réunionnaises et les Réunionnais qui sont sur l'île, la ministre a affirmé : "nous allons les aider à rentrer chez eux, des vols commerciaux continuent, mais s'ils ne sont pas maintenus, nous leur permettrons de rentrer chez eux".

Une promesse annoncée ce mercredi soir. Elle a par la suite ajouté que "concernant les pays d'escale, nous assurerons la continuité territoriale s'il devait y avoir une rupture des liaisons commerciales". " L'ensemble des territoires doit faire une évaluation du nombre de personnes concernées" a-t-elle estimé.

- "On ne va pas isoler les territoires d'Outre-mer" -

A la question d'isoler les territoires d'Outre-mer, la ministre s'est montrée formelle. "Non, car chacun sera de toute façon rentré chez lui, et les transports vont devoir s'adapter aux besoins.

Rappelant ensuite les mesures économiques déjà listées par Emmanuel Macron et l'ensemble du gouvernement depuis ce lundi 16 mars, Annick Girardin a estimé qu'il était "important que l'Europe fasse des annonces", attendant une réaction de la part de l'Union européenne.

Face aux questions d'approvisionnement en masques et matériel médical, Annick Girardin a répondu : "nous avons la même attention pour les territoires d'outre-mer que l'Hexagone". En terme de masques, les stocks sont selon elle proportionnels aux besoins.

"Oui", l'état d'urgence sanitaire va être également décrété à La Réunion et dans les autres territoires ultramarins, a confirmé la ministre. "La décision vient d'être prise. Toutefois des spécificités vont être précisées, pour la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie : ces deux territoires particuliers seront traités par amendements."

- 15 cas avérés à La Réunion, 2 en réanimation -

Annick Girardin a rappelé le bilan actuel dans les Outre-mer qui est de 88 contaminés, dont un décès en Martinique. Un bilan auquel il faut ajouter un 15ème cas avéré jeudi 19 mars 2020 à La Réunion, dont 2 sont en réanimation.

Deux nouveaux cas de coronavirus ont été confirmés par l'ARS ce mercredi 18 mars, ainsi qu'un autre ce jeudi, portant le nombre total de cas à 15 dans l'île. Il s'agit à nouveau de cas importés, revenant de métropole, en l'occurrence d'une femme âgée de 71 ans revenue ce mardi, et d'un homme de 45 ans revenu ce mercredi matin.

11 des 15 cas sont hospitalisés, 9 ne montrent aucun signe de gravité, 2 sont en service de réanimation dans un état stable "qui ne nécessite pas de ventilation" a déclaré la directrice de l'ARS Martine Ladoucette.

L'ARS affirme aussi avoir pu joindre 242 personnes contacts en une semaine. Toutes les personnes ont reçu des masques pour pouvoir sortir en cas de besoin urgent.

- Retour de métropole = quarantaine -

Autre précision de taille effectuée ce mercredi : les passagers de retour de métropole doivent remplir un engagement sur l'honneur de se confiner pendant deux semaines sous la forme d'une vraie quarantaine.

La police aux frontières contrôle les arrivées pour distribuer ces formulaires. Dès la sortie de l'avion les voyageurs peuvent échanger avec les infirmiers de l'aéroport. La préfecture rappelle que les voyages d'agrément entre Paris, Marseille, Mayotte et La Réunion sont interdits.

"Le confinement à domicile des passagers aériens et maritimes en provenance de l’Hexagone est la règle" a rappelé pour sa part Annick Girardin durant son allocution.

Il n'y a cependant "pas lieu de couper les liens entre La Réunion et la métropole, et ce serait insupportable pour certains corps de métier" a précisé quant à elle la directrice de cabinet du préfet de La Réunion, Camille Goyet.

- "Etat d'urgence sanitaire" -

Dans la soirée, le premier ministre s'est également exprimé, rejoint ensuite par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, puis Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des Comptes publics. Un bilan à l'issue du conseil des ministres, durant lequel un projet de loi a été discuté.

Il définit un plan d'urgence sanitaire, avec un état d'urgence associé. Soumis à "un cadre juridique clair", il stipule notamment que le second tour devrait être reporté au mois de juin, si la situation épidémique le permet.

Le projet de loi de finances rectificative va permettre par ailleurs de mettre en place les aides annoncées en faveur des entreprises, notamment les 300 milliards de garanties injectées par l'Etat

Le chômage partiel va être déplafonné à hauteur de 8 milliards d'euros sur les deux mois à venir. Le gouvernement va aussi demander au parlement les moyens de mettre en place ces mesures d'aides. Par ailleurs, l'Etat revoit ses prévisions de croissance à -1% en 2020.

Dans la soirée, la Métropole a communiqué son dernier bilan, faisant état de 9.134 cas depuis le début de l'épidémie et de 264 décès, soit 89 de plus en une journée seulement. Dans le même temps, Maurice a annoncé ses trois premiers cas. Jusqu'ici épargnée, l'île sœur rejoint donc la longue liste des pays contaminés.

mm / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
Véronique
Véronique
4 ans

Bonsoir je suis une reunionnaise et je suis franche. Pourquoi confiné hors des personnes qui débarque dans à la Réunion sont contaminé. Nous ont essaient de resté chez nous pour ne pas avoir ce virus et ces voyageurs ramènent sa avec eux, je comprends pas. Pourquoi ne pas fermer l'aéroport pour 15 jours juste le temps, de guérir ces malades. J'ai tellement peur pour ma famille et mes amis. Alors essayé de mettre une Holà à sa pour finir avec tous sa. Merci.

Jacques
Jacques
4 ans

On est sains mais confinés, et on importe encore tous les jours des cas potentiels de coronavirus...Pour preuve, tous les cas locaux sont passés par Gillot.Autant d'illogisme ou de bêtise me révolte !Vous rendrez des comptes aux familles des décédés, promis !