Le jeune motard avait percuté une voiture de la BAC

Mort de Miguel dans les rampes de Saint-François : sa famille réclame une nouvelle enquête

  • Publié le 5 septembre 2020 à 15:49
  • Actualisé le 6 septembre 2020 à 08:05

En janvier 2020, Miguel, 18 ans, a perdu la vie suite à un accident de moto dans les rampes de Saint-François, à Saint-Denis. Le jeune homme était entré en collision avec une véhicule de la brigade anti-criminalité (BAC). Gravement blessé, il avait été transféré au CHU de Saint-Pierre, avant de succomber à ses blessures. Aujourd'hui sa mère réclame une nouvelle enquête pour faire toute la lumière sur cette affaire. Elle affirme que sa version des faits ainsi que celle de plusieurs témoins n'est pas la même que celle des policiers, et demande la restitution du dossier médical de son fils. (Photo : Komité Miguel)

L'accident date du 10 janvier 2020. Miguel Kamini, 18 ans, entre en collision avec un véhicule de la BAC dans les rampes de Saint-François, sur la commune de Saint-Denis, alors que les policiers cherchaient à l'interpeller.

Sans casque au moment de l'accident et gravement blessé à la tête, le jeune motard est pris en charge par le SMUR (service mobile d'urgence et de réanimation) et transporté au CHU de Bellepierre avant d'être transféré à celui de Saint-Pierre. Au moment des faits, Miguel est encore conscient selon les pompiers.

Lire aussi : Saint-Denis : un motard gravement blessé suite à une collision dans les rampes de Saint-François

- Collision avec un véhicule de la BAC -

Les blessures du jeune homme étant trop importantes, il est alors plongé en coma artificiel. A ce moment-là, le procureur de la République de Saint-Denis Eric Tuffery indique "que le cerveau peut être menacé (...) on ne parle pas de pronostic engagé mais les hématomes sont importants au niveau du crâne".

Le soir même de l'accident, de vives tensions éclatent dans le quartier des Camélias entre les forces de l'ordre et plusieurs jeunes, donnant lieu notamment à des feux de poubelles et de voitures. La version des policiers, qui affirme alors que c'est la moto qui a percuté leur véhicule et non pas l'inverse, est remise en cause par plusieurs témoins. Plusieurs riverains indiquent que les policiers ont coupé la route au jeune motard.

Une enquête est ouverte par le parquet et dès le lendemain, le procureur de Saint-Denis affirme qu'une vidéo corrobore la version des policiers de la BAC, qui indiquent avoir respecté la procédure.

Lire aussi : Collision moto - véhicule de la BAC : les policiers ont respecté la procédure, selon l'enquête

Le 16 janvier, Miguel succombe à ses blessures. A nouveau, de vives tensions éclatent aux Camélias dont était originaire le jeune homme. Des voitures et des poubelles sont incendiées et des barrages sont érigés dans la nuit, entraînant par la suite l'arrivée des fortes de l'ordre et de brefs heurts entre les jeunes et les policiers.

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- La famille remet en cause la version des policiers -

La vidéo mise en avant par les policers, la mère de Miguel, Dominique Assama, affirme ne jamais avoir pu la visionner. "Il y a tellement de versions qu'on finit par avoir beaucoup de doutes" nous dit-elle. "Un ami à lui me dit qu'il a vu la voiture de la BAC lui foncer dessus" raconte-t-elle, remettant en cause la version des policiers. "Pour moi c'est la voiture qui a foncé, la moto était en train de descendre les rampes et le véhicule lui est rentré dedans."

Dominique Assama demande davantage de preuves pour comprendre ce qu'il s'est passé. "On parle de la vidéo d'une riveraine, mais il y a aussi les vidéos de la centrale EDF à côté qui auraient permis de voir toute la course-poursuite", affirme-t-elle. Les images en question ne seraient plus disponibles désormais.

Au moment de l'enquête, le procureur Eric Tuffery avait contreduit la théorie de la course-poursuite, affirmant qu'il s'agissait d'un véhicule de police "qui s'était mis en situation de faire comprendre à un usager de la route qu'il doit s'arrêter pour le contrôler".

Sous l'emprise de drogues et d'alcool, le jeune homme conduisait une moto volée et sans casque. Des circonstances qui, sa mère en a conscience, ne jouent pas en sa faveur. "Une moto volée, ça je ne le tolère pas, et si mon fils était encore là, il devrait répondre de ses actes." Pour autant, elle persiste à croire que le récit de la collision n'est pas celui indiqué par la BAC. Elle a d'ailleurs porté plainte dès le 16 janvier.

- "Vérité et justice" -

Ce samedi 5 septembre, Dominique Assama organisait une conférence pour "demander vérité et justice". A ses côtés, le Komité Miguel, ou "comité pour la vérité". Ce regroupement d'associations compte maintenant près d'une quarantaine de membres, militants, associatifs, ou encore artistes. Les mouvements Zazalé, Rasine Kaf ou encore l'Academy des Camélias en font partie. Une marche blanche en l'honneur de Miguel devait être organisée ce week-end, elle est pour l'instant reportée en raison de la crise sanitaire.

"Nous voulons connaître les causes réelles de l'accident, nous demandons la restitution du dossier médical de Miguel à sa mère, nous demandons qu'un appel à témoins soit lancé, et nous demandons au procureur de la République de saisir le juge d'instruction pour qu'une nouvelle enquête soit ouverte" énumère Nathaniel Fontaine-Nithra, porte-parole du comité.

Contacté par Imaz Press, le procureur Eric Tuffery a indiqué ne pas souhaiter réagir. Il précise toutefois attendre que l'avocat de Dominique Assama le contacte.

mm / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
Christi
Christi
3 ans

Moto volé , sans casque et en possession de différentes drogue ...

7AC
7AC
3 ans

"Sans casque au moment de l'accident et gravement blessé à la tête"Rode pas plus loin, arrêt fait désordre !